Voilà dix-huit piges que les américains écument les caves et les festivals du monde entier tout en cultivant une certaine modestie vis-à-vis de leur musique. Certes, Coalesce connaît un excellent succès d'estime mais les nombreux problèmes passés du groupe ont compromis l'idée d'en vivre pour ses membres, d'autant plus dans le registre des musiques gueulardes et complexes. Cela n'a pas empêché les quatre furieux de nous surprendre après la mort annoncée du groupe en 2005, d'abord avec la sortie de Salt And Passage en 2007, un 7" qui confirmera brillamment le retour du combo et précédera une autre surprise d'envergure en forme d'album complet paru en 2009, Ox - qui sera suivi du OxEP cinq mois plus tard - auquel ces lignes vont rendre honneur.

On savait déjà que le son de Coalesce était unique, avec Ox on en a le plus bel exemple. La réédition du fantastique album de reprises du Zeppelin (There Is Nothing New Under The Sun) a peut-être influencé certaines parties de ce dernier bébé mêlant toujours hardcore incisif, metal lourd et concassage rythmique puissant (The Plot Against My Love), mais pas que.
Coalesce a décidé de se poser un peu, de réfléchir davantage aux arrangements et à l'intégration de quelques respirations bienvenues, placées entre deux assauts de brutalité portés par la voix d'un Sean Ingram plus en forme que jamais. Des phases et interludes bluesy cradingues, acoustiques, folk filmique viennent donc s'incruster ici et là (Wild Ox Moan, Where Satires Sour, We Have Lost Our Will). Malgré tous ces éléments détendus du slip, la bile se déverse continuellement sur le reste des compositions. Le meilleur de Coalesce y est retranscrit, augmenté d'un son encore plus gras mais aussi d'une vive subtilité dans les nombreuses cassures et autres effets de Satan, comme sur l'épique The Purveyor Of Novelty And Nonsense ou l'intense et crispé In My Wake, For My Own.
La suite nous plonge encore plus loin dans les abîmes d'un groove malsain et jouissif, flamboyant et surprenant, à l'image des deux morceaux de clôture : Dead Is Dead et son passage à la Ennio Morricone précédant There Is A Word Hidden In The Ground et ses chœurs pouvant évoquer The Chariot.

Les quatorze titres de Ox démontrent avec classe le caractère essentiel et inédit de la musique de Coalesce, une créature qui ne dort jamais, qui se renouvèle constamment tout en prenant soin de conserver une intégrité certaine. Un putain de gros disque en téflon armé dont l'écoute doit se faire d'un bloc et multiple pour être bien assimilé. Indispensable évidemment.


Tracklist :

  1. The Plot Against My Love
  2. The Comedian In Question
  3. Wild Ox Moan
  4. Designed To Break A Man
  5. Where Satires Sour
  6. The Villain We Won't Deny
  7. The Purveyor Of Novelty And Nonsense
  8. In My Wake, For My Own
  9. New Voids In One's Resolve
  10. We Have Lost Our Will
  11. Questions To Root Out Fools
  12. By What We Refuse
  13. Dead Is Dead
  14. There Is A Word Hidden In the Ground


En écoute sur le bandcamp du groupe.