Après un Mirrored magistral, paru en 2009, redéfinissant  les contours d'un math-rock qui commençait un brin à se mordre le bout de la queue, Battles est de retour en 2011 sous forme de trio (John Stanier derrière les fûts, Ian Williams à la six cordes et aux claviers, Dave Konopka à la basse), sans Tyondai Braxton donc, qui a décidé de suivre son propre chemin musical. L'absence de Braxton, considéré par certains comme étant le leader naturel du groupe (certainement parce qu'il chantait) ne modifie en rien la trajectoire prise par le premier disque.

Avec ce Gloss Drop, arborant un artwork un tantinet vomitif mais esthétiquement intéressant (faisant apparaître une matière étrange ni liquide, ni solide), les trois musiciens au talent qui n'est plus à démontrer livrent ici une recette instrumentale basée sur les mêmes ingrédients que précédemment, c'est-à-dire un soupçon de math-rock, un zeste d'afrobeat, le tout saupoudré d'electro déviante, comme on pourrait le dire dans le jargon cuisinier.
En entrée, nous avons un délicieux morceau d'afrobeat avec Africastle, aux textures froides et chaudes, éléments electro contrastés regorgeant de détails. Suivi du single aux allures de dessert puisqu'il s'agit d'Ice Cream, un vrai bonbon pour le coup, incluant le joli brin de  voix de Matias Aguayo. S'ensuit Futura, rythmique reggae accélérée et parfois triturée, agrémentée de clavier métallique et sautillant.
La suite coule de source avec un Inchworm qui revient sur de l'afrobeat  teinté de chaleur et hypnotique, un Wall Street qui pousse davantage vers la transe avec ses claviers tour à tour hyperactifs et psychédéliques, ainsi que sa rythmique tribale à souhait, ou encore un My Machines chanté par Gary Numan fricotant avec l'indus. Puissant.
Pour le dessert donc, Dominican Fade, comme son nom l'indique, nous emmène dans les caraïbes, histoire de nous dépayser et pour mieux enchaîner sur le troisième morceau chanté de l'album, Sweetie and Shag par la voix fiévreuse de Kazu Makino dans un délire un brin cartoonesque.
Après un interlude un peu cheap (Toddler), vient la cacophonie guillerette de Rolls Bayce et White Electric, morceau progressif, dissonant et entraînant, rappelant vaguement Don Caballero.
En guise de digestif, on s'enfilera un Sundome mystique aux accents orientaux et vidéo-ludiques chanté par la voix complètement hallucinée de Yamantaka Eye.

Addition : On a là un Battles reconnaissable dans la continuité de Mirrored mais renouvelé et enrichi d'ingrédients électroniques (et autres effets) bien intégrés. L'absence de Tyondai Braxton n'entache pas les ambitions créatives des trois restants, on pourrait presque dire qu'elle les renforce...

Battles est définitivement armé pour l'avenir. 

Tracklist :

  1. Africastle 
  2. Ice Cream (feat. Matias Aguayo)
  3. Futura
  4. Inchworm
  5. Wall Street
  6. My Machines (feat. Gary Numan)
  7. Dominican Fade
  8. Sweetie And Shag (feat. Kazu Makino)
  9. Toddler
  10. Rolls Bayce
  11. White Electric
  12. Sundome (feat. Yamatanka Eye)

 

Clip de My Machines :

Battles - My Machines (featuring Gary Numan) par TheCreatorsProject

Et le réjouissant clip de Ice Cream :

Battles Ice Cream Featuring Matias Aguayo par le-pere-de-colombe