Nous sommes en l’an de grâce 1992, la PC Engine est à son apogée, aucune concurrente ne lui résiste : la bonne vielle Famicom des familles a pris un sérieux coup de vieux, la Sega Mark III est oubliée et la Megadrive fait pale figure face à la déferlante des consoles « made in Nec & Hudson Soft » : PC Engine, Core Grafx, PC Engine GT, PC Engine LT, CD-Rom, etc.

Alors bien sûr il faut relativiser car nous parlons du contexte japonais. Dans le reste du monde c’est une autre histoire, la gamme PC Engine est quasiment absente et la Mega Drive s’est installée confortablement sur les marchés occidentaux en attendant la Super Nintendo (en 1991 aux USA et en 1992 en Europe). Et c’est bien là le problème pour Hudson Soft et Nec : sortie fin 1990 la Super Famicom est un véritable carton dans l’archipel nippon, le marché de prédilection de la PC Engine.

Avant de poursuivre, il faut rappeler l’historique : si NEC, leader japonais de l’électronique, s’est lancé dans l’aventure des consoles de jeux en fabriquant la console conçue par un modeste éditeur de jeux nommé Hudson Soft, c’est pour une question d’image. En effet, ils veulent habituer les plus jeunes à la marque « NEC » pour qu’une fois devenus des adultes, ils aient le réflexe d’acheter des produits estampillés NEC, que cela soit des PC, des moniteurs ou tout autre chose. Cette image de marque se travaille donc avec des produits « hi tech ».

La première PC Engine était novatrice à sa sortie (1987) et cette petite 8/16 Bits ridiculisait la vieillissante Famicom. Quand est venu le temps du premier CD-Rom pour console (lui même dérivé d’un CD-Rom de PC NEC), là encore NEC jouait la carte de l’innovation et apparaissait aux yeux du monde comme étant à la pointe de la technologie. L’univers et le concept PC Engine prenaient alors toute leur dimension.

Sega en a fait les frais et peu de gamers japonais se sont rués sur la prometteuse Mega Drive (sortie fin 1988). Pour Nintendo c’était une autre affaire. Même si la Famicom était vieillissante et paraissait obsolète face à la PC Engine, son Disk System lui a permis de prolonger son activité et de rester présente en terme d’amélioration technologique. Et puis en qualité d’écrasant leader du marché mondial des consoles, Nintendo pouvait se permettre de prendre un peu de retard pour l’arrivée de sa nouvelle génération de console, de toute façon les fans suivraient, tout comme le grand public.

Pour contrer l’arrivée de la Super Famicom, NEC et Hudson Soft renouvellent complètement leur gamme avec la sortie en décembre 1991 du Super CD-Rom (qui n’est en soi qu’un lecteur un peu plus rapide et disposant d’un peu plus de mémoire), compatible avec toute la gamme (de la PC Engine blanche à la toute nouvelle Core Grafx 2 ou encore la Super Grafx). Avec lui arrive également la PC Engine Duo (en septembre 1991), console tout en un : HuCard et CD-Rom.

Mais le hardware n’est pas une fin en soi, il faut également des jeux pour promouvoir ces supports. Hudson soft va alors redoubler d’efforts pour produire des jeux de qualité, exploitant les capacités améliorées des nouveaux supports. Notre petit Star Parodia fait partie de ce line-up destiné à contrecarrer la déferlante Super Famicom.

Le bémol c’est que la Super Famicom intègre des fonctionnalités nouvelles, notamment son fameux Mode 7 capable en hardware de faire des zooms et autre rotation de sprites, des distorsions de scrolling, etc. Ces fonctionnalités impressionnent les gamers et ces derniers en deviennent friands. Y'a pas faut impressionner les copains !

Hudson Soft demande donc à Inter State/Kaneko, développeur du mythique Super Star Soldier (suite non officielle de Gunhed) et de l’excellent Aero Blasters de plancher sur le sujet et de rendre hommage à quelques belles références de la gamme PC Engine. L’idée de « shoot parodique » est rapidement adoptée afin de ne pas faire des graphismes trop complexes et donc trop lourds, pouvant nuire à la fluidité du jeu. Le jeu devant également intégrer des effets visuels « comme la Super Famicom », il ne faut pas s’embarquer avec un jeu trop ambitieux d’un point de vue graphique… Bref faire un jeu fun, beau et accessible au grand public.

Au départ, Inter State/Kaneko pense à un clone de Parodius, le shoot de référence de Konami, centré autour du Paro Ceaser, le vaisseau de Super Star Soldier. Cette première idée sera la bonne et Hudson soft ira même plus loin en demandant à son développeur d’insérer Bomber Man (PC Kid, autre figure emblématique de la gamme fera l’objet d’un shoot dédié) et, surprise, la console PC Engine.

Dès lors, une fois ces bases farfelues posées, on assiste à une déferlante complètement surréaliste où la PC Engine jouent les premiers rôles… Certains trouveront le jeu inégal mais globalement ça reste l’un des shoot them up les plus surprenants de sa génération.

Au final même si les effets « comme la Super Famicom » ont eu leurs petits effets et ont été remarqués (zoom, distorsion de sprites, effet mosaïque, scrollings différentiels, etc.), ça sera bien évidemment très insuffisant pour lutter sur le long terme contre la redoutable Super Famicom. Pourtant la gamme PC Engine résistera encore quelques temps… jusqu’en 1995 où une autre console, en l’occurence la PlayStation aura définitivement raison d’elle. Mais ça c’est une autre histoire…