Séquence nostalgie : en avril 1994, j'ouvrais mon commerce de jeux vidéo à Arras. Vingt ans plus tard, une bande de jeunes et talentueux podcasteurs m'invitent dans leur émission pour témoigner sur la difficulté d'être revendeur de jeux vidéo en 2014.
Ils n'ont pas eu de mal à me retrouver, la plupart étaient clients de ma boutique en 1994... Ils avaient juste 12-15 ans et des yeux comme des billes devant les pixels des tubes cathodiques.

A l'époque, aux yeux des gamins qui venaient squatter sa boutique, le revendeur c'était quelqu'un ma p'tite dame, une sorte de Maître Sega mais local. Non seulement il avait un métier super cool - "Hé, tu te rends compte, il gagne sa vie dans le monde merveilleux des jeux vidéo, il peut jouer à toutes les consoles, tous les jeux et en plus il a un salaire de millionnaire" - mais en plus il avait le statut d'expert, c'était celui qui savait te dire avec une précision chirurgicale quand sortait le prochain Zelda, c'était le type qui te parlait de consoles dont on avait jamais entendu parler... Il faut dire qu'à l'époque, c'était encore l'âge d'or des jeux vidéo, les consoles tombaient par dizaine : Megadrive, Super Nintendo et Game Boy tenaient encore le haut du pavé mais derrière, c'était un véritable carnaval : Amstrad GX4000, Bandai Pippin, Atari Jaguar, Commodore CD 32, Panasonic 3DO, Nec PC Engine (et sa ribambelle : Super Grafx, PC Engine Duo, GT, LT), SNK Neo Geo, sans oublier les mémés qui résistaient encore (Sega Master System et NES), les expérimentations comme le Sega 32X ou le Nintendo Virtual Boy et enfin l'arrivée d'une nouvelle génération de consoles avec la Sony PlayStation et la Sega Saturn. Hé ouais, on s'ennuyait pas et le revendeur - outre le fait de faire du business - avait vraiment un rôle à jouer auprès des gamers.

Aujourd'hui, avec la profusion d'informations, l'avalanche de pixels et le déferlement de vidéos que l'on peut trouver sur le web (et même à la télévision avec Nolife et Game One), il faut vraiment être un gamer triple buse ou être le maître absolu de l'indécision pour se rendre en magasin et demander "M'sieur, il est bien GTA 5, j'hésite encore ?" - Inutile de préciser qu'entre 1994 et 2013, le métier n'est plus le même et qu'il faut avoir un moral d'acier pour être revendeur de jeux vidéo de nos jours.

Le 15 novembre dernier, j'ai eu le plaisir de participer à l'émission n°68 de Gamerside, un podcast de gamers pour les gamers tel qu'ils le définissent eux-mêmes. Le thème abordé ne pouvait que me plaire : les revendeurs de jeux vidéo. Avec l'autre invité, Thierry Bolet de Game Cash Arras, nous avons évoqué les difficultés liées à ce métier et constaté que les problématiques que je rencontrais dans les années 90 sont malheureusement  toujours d'actualité, empirées par d'autres comme la dématérialisation des supports, la concurrence des e-marchands ou encore la volonté de la part des éditeurs/constructeurs de tuer le marché de l'occasion.

Fort heureusement, même si le sujet peut vous sembler pessimiste, ce podcast respire la bonne humeur et les blagues potaches. Téléchargez donc ce podcast d'anthologie, directement sur iTunes ou sur leur sympathique site web : Podcast de Gamerside