Sortie le vendredi 22 novembre et achetée le même jour, la Xbox One de Microsoft est arrivée à bon port et trône désormais fièrement à côté de ma petite Wii-U, mise pour l’occasion en position verticale afin de faire de la place à sa copine américaine, un tantinet plus imposante que sa grande soeur.

Après quelques semaines passées en sa compagnie, je peux me permettre de vous livrer humblement mes premières impressions de joueur. Alors nous ne reviendrons pas sur les spécificités techniques de la bête, ni sur le duel annoncé avec la Playstation 4, il y a suffisamment d’articles sur le web pour vous abreuver de ce genre d’informations. Les comparatifs pleuvent par milliers et honnêtement je ne vois pas l’intérêt de s’exciter sur la fréquence de la bande passante.

Ce qui fait l’âme d’une machine c’est avant tout ses jeux et les plus anciens se souviennent qu’il y a fort longtemps, une petite console 8 Bit tenait la dragée haute aux mastodontes du marché, Sega et Nintendo. Je pense bien évidemment à la PC Engine qui se riait des torses bombés des Megadrive et des Super Nintendo sur lesquels elles arboraient fièrement leur processeur 16 Bit. Elle était suffisamment bien conçue pour permettre l’arrivée de jeux novateurs et amusants. C’est finalement tout ce que l’on demande à une console de jeux.

La Xbox One remplit-elle ce simple objectif ? Pour y répondre, je me focaliserai donc sur la machine et les trois jeux en ma possession, tous exclusifs Xbox One : Ryse, Forza 5 et Dead Rising 3.

Premier sentiment au déballage de la machine, l’ensemble est massif, on n’est pas très loin de la Xbox première du nom. Autant les Japonais, culturellement, aiment la miniaturisation (mais aussi, comme vous vous en doutez, parce que l’espace de vie y est aussi beaucoup plus réduit que chez nous), autant les américains aiment voir les choses en grand, souvent comme un signe de puissance. « La taille fait la différence » est d’ailleurs un slogan souvent usité chez l’oncle Sam, comme par exemple  le célèbre « bigger, badder, better » dont les nostalgiques de la Neo Geo se souviennent, la main sur le c½ur. Même si ses traits sont relativement épurés et nettement moins agressifs que la dernière mouture Xbox 360, la Xbox One en impose et ne dénaturera en aucune façon votre intérieur. Et tant que j’y suis, vas-y que je te remets un bon gros transformateur externe et un p’tit Kinect pour la route. Forcément tout ça prend de la place et il faut prévoir l’espace en conséquence.

Seconde impression, c’est un aimant à poussière. Ca aussi il faut le savoir, le noir laqué du capot devra souvent être astiqué si vous ne voulez pas passer pour un crapé (expression typique du Nord-Pas-de-Calais qui signifie malpropre – Hé oui, bienvenue dans la séquence diversité des territoires et jeux vidéo). En deux jours de temps, j’ai bien du la nettoyer trois fois. Mais bon d’un autre côté, je fais toujours ça avec mes consoles neuves. Je vous rassure ça dure pas longtemps, c’est juste un vieux réflexe du temps où je vénérais mes machines sur l’autel du Dieu Pixel.

Après cette analyse rapide de l’aspect extérieur qui ne passionnera guère les foules, enchainons, si vous le voulez bien, directement avec un bon petit coup de gueule, histoire de plomber l’ambiance "coupe de Champagne et cotillons" sortis pour fêter le premier million d’exemplaires vendus.

Mais avant cela, plaçons-nous dans le contexte. J'ai fait une infidélité à mon magasin arrageois préféré, j’ai acheté ma console lors d’un déplacement à Marseille. Tous les magasins de jeux vidéo étaient en rupture de stock sauf une enseigne généraliste qui en avait trois en stock. Comme le disait Oscar Wilde : "je peux résister à tout sauf à la tentation" et me voila délesté d'une coquette somme. Je n’étais donc pas chez moi mais dans un hôtel. Qui dit hôtel, dit généralement connexion Wi-Fi. Donc sur le papier, je me disais "pas de problème, je sais qu’il y a une mise à jour prévue au démarrage, je l’ai lue sur Gameblog, mais no soucy, avec le wi-fi, ça devrait le faire".

Oui mais contrairement à Hannibal Smith qui aime qu'un plan se déroule sans accroc, comme toujours chez moi ça ne s’est pas passé comme prévu. Déjà il faut préciser que la connexion en question dépassait rarement les 2 megabits (soit du 256 Ko/secondes en théorie). Ensuite il y avait une déconnexion automatique toutes les quatre heures. Deux paramètres qui auront leur importance pour la suite.

Là où le bât blesse, c’est que vous devez vous coltiner une mise à jour de 500 Mo d’entrée de jeu. Avec du 2 Mb, ça calme. En théorie ces 500 Mo auraient dû être téléchargés en un peu plus de 30 minutes. Sauf que j’ai l’impression que les débits tournaient plutôt aux alentours des 1 Mb. Résultat : une heure passée à regarder une belle boîte noir laqué. Ceci dit pendant ce temps là, j’ai eu la possibilité de charger la batterie de la manette (vendue en option une vingtaine d’euros, sinon vous avez quand même deux piles offertes). Une fois la mise à jour terminée, je frétillais d’impatience à l’idée d’en découdre avec les ennemis de la république de Rome et de faire crisser mes pneus sur la route des Alpes (et accessoirement, entre les deux, exploser quelques crânes de zombies avec une clé à molettes).

Et là, c’est le drame. Tout sourire ma console m’annonce que je dois mettre à jour mes jeux si je veux y jouer. Mais attention pas une mise à jour d’un pack de textures de 50 Mo, nan nan, de la bonne grosse mise à jour de routier international : un peu plus d’un giga pour Ryse et carrément 6 Go pour Forza 5. D’ailleurs pour ce dernier, vu la taille de l’update, c’est à se demander ce qu’il y avait sur le disque. Juste l’écran titre, peut-être ?

Alors je vous laisse imaginer le calvaire pour installer tout ça avec une connexion de misère et une déconnexion automatique toutes les quatre heures.

" Toi t’es fatigué, t’as passé la nuit à jouer ! 
- Ben nan, encore plus fun, à télécharger des mises à jour..."

Messieurs les constructeurs et messieurs les éditeurs, solennellement, je vous le demande, pensez à ces millions de gamers français qui n’ont pas encore la rutilante fibre optique chez eux et qui doivent se contenter d’une vulgaire et poussive box ADSL qui crache ses kilo-octets par paquet de huit (et en plus de façon asymétrique).
La France reconnaissante.

Et une fois que tout ça est dûment téléchargé, il faut ensuite que ça s’installe sur le disque dur de la console. Bah oui, sinon ça ne serait pas du jeu.

Forza prend plus de 30 Go et les deux autres jeux, une bonne vingtaine de gigas à eux deux. Ce qui signifie que le disque dur de la Xbox One (500 Go au compteur), est déjà occupé à 10% de sa capacité avec seulement trois jeux. Bon apparemment l’optimisation ce n’est pas leur fort. On a de la place, allez hop, allons-y gaiement.

Et là je verse ma petite larme en repensant à mon Amiga 500 et ses jeux qui tenaient sur une simple disquette 880 Ko, à ma Master System et ses cartouches qui se chargeaient instantanément après l’apparition du logo Sega ou mieux encore, à ma petite PC Engine, qui se passait même de tout écran titre pour charger directement le jeu. Rassurez-vous, je ne vais pas vous sortir le couplet « c’était mieux avant » car non ce n’est pas le cas et cette Xbox One, je l’ai voulue en parfaite connaissance de cause mais je ne peux m’empêcher de pester contre cette tendance générale qui consiste à imposer impérativement une connexion au web pour jouer à un jeu. Qui plus est l’installation systématique d’une bonne partie du jeu est pénible car elle n’est pas intégrale. Si l'on pouvait se passer du disque, une fois l’installation faite, ça serait pratique mais là il faut encore insérer le disque pour jouer. A quoi ça sert de contrôler la provenance des jeux de ses clients et de mettre à jour automatiquement leurs jeux, si derrière on ne leur donne pas la possibilité de s’affranchir du support physique ?

Autre défaut constaté : le marché semble famélique comparé à celui de la Xbox 360. Alors bien évidemment il y a les disponibilités Xbox One et quelques jeux indépendants mais mon plus grand plaisir aurait été de retrouver mes achats XBLA. Techniquement c'est possible mais les petits gars du marketing doivent se dire qu'il ne faut pas s'emballer et réfléchir au meilleur moyen de nous soutirer quelques deniers au passage. Déjà que la pilule "absence de rétrocompatibilité" était difficile à avaler, là je trouve qu'ils abusent.

Pour terminer sur le côté obscur de la console, signalons tout de même un Kinect énervant avec sa détection des personnes. Ayant des enfants, je ne vous raconte pas la galère quand l'un d'entre eux me demande de lui choisir "Venom" dans Lego Marvel ou de lui passer une étape difficile... Le fait de prendre la manette perturbe la console qui me demande de m'identifier. Pénible.

Passons et concentrons-nous sur l’essence même d’une console de jeux : ses jeux. Dit comme ça, cela peut paraître bête mais objectivement quand on voit tout ce que fait la Xbox One, on peut penser que les jeux vidéo ne sont qu’un simple élément comme un autre de l’univers Xbox, au même titre que les réseaux sociaux, la vidéo, la musique, etc.

Heureusement il n’en est rien, la Xbox One est bel et bien une console de gamers. Une vraie de vraie. Pas une console pour les joueurs occasionnels qui s’extasient devant un alignement de bonbons, non une console pour ceux qui aiment les déferlements de pixels, les déluges d’effets spéciaux et les raz-de-marée de sonorités numériques. Une console pour ceux qui aiment le jeu à l’état brut, jouissif et bestial, une console où les reflexes instinctifs et l’analyse rapide d’une situation donnée priment sur tout le reste. Bon ok je m'emballe un peu mais tout ça je l’ai retrouvé sur la Xbox One, et en day one s'il vous plait.

Alors n’allez pas croire que je méprise les jeux de stratégie et de réflexion, loin de là. Mais pour moi une console de salon doit apporter d’autres contenus que ceux que l’on trouve sur des tablettes et des smartphones. Les trois jeux « exclusifs » en ma possession, Ryse, Forza 5 et Dead Rising 3, répondent à cette attente. Même s’ils sont perfectibles, même s’ils souffrent de lacunes (et notamment Dead Rising 3 qui aurait aussi bien pu sortir sur PS3 ou Xbox 360, avec peut-être un peu moins de zombies en simultané), ils font le job : celui de nous divertir et de nous en mettre plein la vue.

Je ne m’attarderais pas sur Forza 5 et Dead Rising 3, mon avis diffère peu des tests que j'ai pu lire ici et là. Par contre mon coup de c½ur personnel va à Ryse. Tout d’abord parce qu’il est décrié et souvent réduit à une simple démonstration technique, et rien que ça, ça me motive à le défendre. Ensuite parce que c’est une nouvelle licence. Entre Dead Rising 3 et Forza 5 (sans oublier les autres suites présentes sur la console : Call of Duty, Assassin’s Creed, Fifa, etc.), il est tout simplement rafraichissant de voir qu’un éditeur et un constructeur s’aventurent en terre inconnue et proposent autre chose qu'une énième suite !

Effectivement ce n’est qu’un simple beat them all. Oui et alors ? Les personnes qui le critiquent attendaient quoi au juste ? Un GTA like à la sauce romaine ? C’était impossible à développer en si peu de temps. Un jeu de rôle ? Non, le cahier des charges était très explicite : Ryse avait comme objectif de démontrer les capacités techniques de la machine. Microsoft a fait appel à Crytek, spécialiste des exploits techniques (à l’origine du premier FarCry et des Crysis, faut-il le rappeler) pour s’en occuper. Et cette mission est pleinement réussie, la Xbox One fait chauffer ses processeurs pour montrer ce qu’elle a dans le ventre.

Il y a quelques semaines, j’ai pris un énorme plaisir à jouer à Dragon’s Crown sur PS Vita, un beat them all « old school » en 2D à l’action parfois confuse mais très agréable à jouer. Et depuis je n’avais plus grand-chose à me mettre sous la dent. Ryse arrive donc à point nommé et son univers n’est pas pour me déplaire. Adepte de la série Spartacus et de ses combats complètement surréalistes, j’ai eu l’impression d’être plongé au c½ur de l’un de ses épisodes. Epique et spectaculaire sont les impressions qui se dégagent de ce titre. Rajoutez là-dessus des fonctions amusantes comme les ordres donnés à vos troupes via Kinect et vous obtenez un jeu tout simplement excellent.

Bien évidemment il sera court et un tantinet répétitif mais il dispose à mon avis d’une excellente re-jouabilité. Vous y reviendrez assez souvent, ne serait-ce que pour narguer vos camarades pro-Sony.

Que voulez-vous, si des personnes aiment ce type de jeux, pourquoi devrions-nous en être privés au motif qu’ils ne sont pas assez fins, intellectuellement parlant. C’est de l’arcade pure et dure au sens noble du terme, ça bourrine dans tous les sens, avec juste un soupçon de tactique pour l’expérience et les compétences à répartir. C’est le genre de jeux qui permet de décompresser après une dure journée et de ne pas se prendre la tête en paramètres inutiles. Tu sors ton glaive, tu fonces dans le tas et tu réfléchis juste un peu entre deux changements de niveau pour savoir s'il vaut mieux augmenter ses capacités "Santé" ou "Rage". Si j’ironisais un peu, je dirai un « jeu jouable », quoi.

En définitive, cette console remplit parfaitement son rôle et répond aux attentes que je lui portais. Alors je bougonne sur le téléchargement excessif des mises à jour mais ce n’est rien comparé au plaisir qu’elle vous procure à travers ses premiers jeux. Même les fonctions d’enregistrement « in game » sont réussies et intuitives, c’est un véritable plaisir que de jouer les apprentis « Youtubeurs ».

Microsoft avait complètement loupé son plan de communication lors de l’E3 mais depuis nos gaillards se sont bien rattrapés. Comme le dit si bien, Jim Carrey à son acolyte Jeff Daniels dans Dumb et Dumber, (qui a échangé un mini-scooter contre leur van) : « tu t’es entièrement racheté à mes yeux ».

Et c’est un peu le message que j’ai envie de faire passer à Microsoft, ils se sont bien rachetés depuis l'E3 où ils avaient quand même réussi à se mettre une bonne partie des joueurs sur le dos, moi en premier, mécontent de voir qu'ils confondaient joueurs et vaches à lait ! Ils doivent juste maintenant penser à optimiser leurs jeux (ou tout simplement les sortir pleinement finis), penser aussi aux fidèles qui ont déboursé des fortunes sur le marché de Xbox 360 et si possible ne plus nous imposer de telles mises à jour avant la généralisation du très haut débit sur l'ensemble de notre territoire, c'est à dire, pas avant 2020.