Depuis la Seconde Guerre Mondiale, le Japon est occupé par les forces américaines, excepté l'île d'Hokkaïdo, toujours aux mains de l'Union. Une immense tour, visible depuis la zone américaine, s'élève sur l'île encore indépendante. Trois amis se font la promesse de l'atteindre un jour, grâce à l'avion qu'ils construisent. Trois ans plus tard, Sayuri, la seule fille de ce trio, a disparu, pendant que ses deux amis continuent de vivre leur vie séparément. Le premier, Hiroki, a perdu tout goût pour la vie ; tandis que l'autre, Takuya, est devenu chercheur, et travaille sur l'existence de mondes parallèles, rêves de notre planète, qui imaginerait les différentes orientations qu'aurait pu prendre l'histoire.

Si La tour au-dela des nuages mérite un qualificatif, c'est celui d'onirique. Onirique tout d'abord grâce à son image : le film est d'une beauté esthétique parfaite, jouant sur des décors détaillés et des jeux de lumière particulièrement réussis : à la fois réalistes et palpables, jouant sur le flou de distance et des contrastes entre ombre et lumière. Enfin, si l'action en elle-même est très posée, tout est constamment en mouvement, et le dynamisme de la mise en scène, qui laisse pourtant indemne une ambiance générale calme et reposante, donne une certaine profondeur à chaque scène, nous faisant apprécier chaque précieux instant de celle-ci.

C'est beau ...

L'animation est vraiment magnifique d'un bout à l'autre. Même quand une fille choisit un livre, c'est beau.

Onirique aussi dans son scénario. Vous aurez compris dès mon introduction que le film fait le choix d'une uchronie, mais au lieu de développer celle-ci, Makoto Shinkai se contente de nous y conter l'histoire de ses 3 héros. Il en oublie les différences que l'occupation du Japon aurait pu entraîner au niveau économique, politique, culturel, etc. tant et si bien que l'on n'a pas l'impression d'une réalité alternative, simplement d'un chez-nous où s'élèverait une immense tour jusqu'au-delà des nuages.

La tour

Sisi, on n'a pas l'impression d'être dans un autre monde. Forcément, si vous prenez toujours L'EXEMPLE ...

Le scénario, où rêve et réalité se confondent parfois, est pourtant assez simple à suivre, car le film ne tombe pas dans le symbolisme excessif où l'on ne distingue plus les deux. Le thème des mondes parallèles a beau être un grand classique, on sent que ce n'est pas le point central du film. Le point central du film, c'est ses personnages, et sur l'histoire d'amour entre la jeune Sayuri et le timide Hiroki.

Toi, moi et un train

On voit souvent des trains dans le film (et chez Shinkai en général). Je ne saurais vous dire pourquoi.

Justement, en parlant des personnages. Un film japonais, centré sur l'amour, avec un jeune garçon timide qui tombe amoureux, c'est niais. Et bien non. Justement. Les dialogues sont d'une simplicité déconcertante face à ce qu'ils peuvent éveiller en nous, et rappellent que les films japonais, c'est d'abord une grande simplicité au profit d'une grandeur tragique, ici renouvelée constamment par les successions rapides des plans (d'où le dynamisme de la mise en scène).

Le choix scénaristique d'oublier contexte et histoire permet de se focaliser sur la relation entre les personnages. Et on reconnaît bien là l'une des grandes forces de Makoto Shinkai : il sait peindre l'innocence de l'amour sans tomber dans la niaiserie. C'est ici que tous les éléments du film se mettent en place : ambiance onirique qui ne peut que nous évoquer la naissance d'une passion (d'où l'esthétique) ; calme ambiant mais qui ne traduit pas le dynamisme et la fougue de la passion (d'où le dynamisme) ; face à laquelle plus rien ne compte (d'où le scénario très axé sur ses personnages). Ce qui fait que, quand notre duo (Sayuri ayant disparu) est face au choix final, entre l'amour et le reste du monde, on en ferait presque le mauvais choix. Une oeuvre d'une telle simplicité d'un bout à l'autre pourtant qu'elle ne pourra pas atteindre le stade de grand classique, malheureusement.