Le site Gamesindustry s'est rendu dans les locaux d'EA Sports à Vancouver pour tenter de comprendre de l'intérieur les raisons du succès du célèbre studio. Intéressant.

Il y a d'abord le cadre de vie sur lequel on passera vite, celui qui fait que tout homme normal préfèrerait être éboueur à Vancouver que cadre sup' à Melun - no offense pour vous les Picards*. Un argument évidemment décisif pour un jeune talent au moment de faire un choix de carrière. C'est justement l'autre atout d'EA Canada : savoir dénicher et convaincre les futurs cracks de l'industrie : Ils recrutent beaucoup dans les universités et des diplômés de la Vancouver Film School »analyse Nick Malaperiman, Managing Director pour la digital agency Chunky Pig. De bons jeunes, mais pas que. Ils ont aussi racheté la crème des développeurs locaux »renchérit Malaperiman, qui connait d'autant mieux la maison EA Canada qu'il en est un ancien haut responsable. Un savant mélange de jeunesse et d'expérience qui fonctionne à merveille : Ils ont trouvé la bonne formule pour bâtir leur studio, le bon nombre d'employés, ils essaient toujours d'avoir un temps d'avance, de s'entourer des meilleurs jeunes, de les former et de faire de la promotion interne aussi souvent que possible »
 
Andrew Wilson, le vice-président exécutif d'EA Sports acquiesce : Nous avons les meilleurs collaborateurs et aucune autre ville ici au Canada ou même de par le monde n'a une équipe aussi multiculturelle et talentueuse que [la notre] »
 
Avec au catalogue des franchises millions sellers comme FIFA, NHL, Fight Night, SSX et bientôt UFC, difficile de lui donner tort - quand bien même on peut pester contre le rythme de sortie annuel de ces licences, longtemps perçu, à juste titre, comme du foutage de gueule.

Là où EA ne s'est pas moqué du monde par contre, c'est bien au niveau des installations. Cinéma, bibliothèque, université, salle d'arcade, cafétariat, tables de billard et de massage... tout est mis en œuvre pour que les 2.000 employés** venus des quatre coins du monde (20 nationalités sont représentées) se sentent comme chez eux. Dans son numéro 257, le magazine Joystick évoque même un service de doggy-sitting. Le QG, situé à Burnaby dans la banlieue de Vancouver, renferme également un terrain de foot, un autre de basket, un de beach-volley ainsi qu'une salle de muscu... on est chez EA Sports après tout. L'enceinte ultra moderne dispose en outre du plus grand studio de motion-capture au monde ; on comprend bien pourquoi. Ils ont les structures adéquates »résume Nick Malaperiman. Andrew Wilson, le big boss, parle lui : d'un environnement propice à la création. Où que vous regardiez ça transpire la créativité. [...] C'est un endroit formidable pour travailler [...] Il y a une alchimie très spéciale qui émane de ce studio. Je rappelle souvent que j'ai développé des jeux avant d'arriver dans ce building, que j'en ai fait après l'avoir quitté mais qu'au cours de ma carrière j'ai plus appris ici entre ces murs que partout ailleurs »

Ailleurs. Les employés d'EA ont aussi l'occasion d'aller voir ce qui s'y passe puisque le géant américain dispose de filiales sur tout le globe. Une opportunité pour apprendre des autres tout en leurs apportant son savoir comme le dit Nick Channon, producer sur FIFA 13 :Nous avons la chance d'avoir des studios à l'étranger. J'ai eu l'opportunité d'y travailler à plusieurs reprises et je pense que ce partage des connaissances est bon à la fois pour notre société et pour nos produits »
 
Une analyse que ne démentira pas Andrew Wilson, l'executif VP d'EA Sports : J'ai dirigé la branche asiatique d'EA et j'ai appris une chose là-bas [...] que le service est aussi important que le produit. Les deux vont de paire. C'est l'un des piliers de notre stratégie, quelque chose qui devrait définir tout ce que nous construisons »
Traduction : à l'avenir, FIFA devrait passer du statut de "boitier avec un jeu de foot dedans" à celui de "service de jeu de football en ligne par abonnement". Un bizness model évidemment applicable à tous le titres labélisés EA Sports. La marque créatrice de la plateforme de distribution en ligne Origin se dit convaincue que le support physique n'a pas d'avenir et que la clé de son succès futur passe par la dématérialisation, ce phénomène très rentable que va accélérer l'arrivée de la nouvelle génération de consoles. Une next-gen qu'EA attend sereinement, sans pour autant trop se focaliser dessus car ce qui se passe 'off console' devient tout aussi important que se qui se passe 'on console' » dixit Matt Bilbey, développeur sur FIFA 13. Référence évidente à l'explosion du jeu sur mobile, tablette et autres réseaux sociaux, des plateformes sur lesquelles EA Sports est évidemment présent. Car c'est là l'autre pilier sur lequel la boite fonde son succès : l'innovation.Vous pouvez venir avec l'idée la plus invraisemblable du monde, il y aura toujours quelqu'un pour vous répondre que ce n'est pas possible aujourd'hui, mais que l'an prochain peut-être. Collectivement, nous sommes toujours curieux de voir jusqu'où on peut aller, et la boite est à fond derrière nous »
s'enthousiasme Bilbey. EA est à fond derrière ses employés et l'Etat du British Columbia est à fond derrière EA - comprenez abattements fiscaux. Un cercle vertueux qui fait que, du online au mobile en passant par le social gaming et la next-gen, EA Sports a su anticiper la mutation du paysage vidéoludique pour mieux l'accompagner et rester ce qu'il a toujours été au fond : un sacré winner.

 

* humour
** chiffre variable en fonction des projets en cours

Via