World War Z / long-métrage américain, réalisé par Marc Forster / avec Brad Pitt, Mireille Enos, Elyes Gabel / d'après le roman de Max Brooks / genre : action, science-fiction / durée : 1h56

          World War Z c'est le film que j'avais pas envie de voir aussi bien deux mois avant sa sortie que cinq secondes avant le début de la projection. Cette appréhension à l'égard du long-métrage était due au fait que le type qui l'a mis en scène est Marc Forster, responsable de Quantum of Solace, et surtout parce que le film est classé PG-13 aux States... Je me préparais donc à un film de zombies fait pour les mioches aussi violent qu'un Hunger Games. Mais bon, après tout, je me suis dit « tant qu'il y a de l'action, du suspens, et que c'est au final divertissant, ça passera le temps... En plus, j'aime bien Brad Pitt donc Why not... ». malheureusement pour moi j'ai un peu trop surestimé ce film... Je vais tenter de vous expliquer pourquoi ce film n'est pas juste un mauvais film, mais bien une véritable catastrophe. Je tiens à préciser que je n'ai pas lu le bouquin, donc aucune comparaison entre le film et son matériel d'origine.

Attention quelques petits spoilers !

          Bon alors, l'histoire vite fait. Gerry (Brad Pitt), ex-enquêteur des Nations Unies, se retrouve coincé avec sa femme et ses deux filles dans un embouteillage plutôt important, et là il y a des policiers en panique qui sortent de partout, des explosions (ce qui est assez what the fuck sur les bords), des gens qui crient, et d'autres qui se mettent à refaire L'Exorciste en poussant des espèces de cris ridicules, et en essayant de bouffer (enfin juste de mordre ici) le premier type qui leur passe sous la main. Bradou parvient à extraire sa famille du chaos de la ville. Pour la protéger, il va devoir aller devoir aller au quatre coins de la planète, bla bla bla...

          Comme ce serait trop chiant de faire une zolie critique bien structurée, je vais balancer point par point tout ce qui cloche avec cette chose :

- après un générique moisi, il se passe même pas deux minutes (on ne pose pas la vie de la famille, leur quotidien, etc...) qu'on se prend l'invasion d'infectés en plein dans la tronche, et après c'est parti pour vingt minutes de course à pied chiante où on te laisse même pas le temps de te poser. C'est l'effet Man of Steel, l'action dure trop longtemps et on perd le spectateur. Ensuite Brad Pitt se barre je-sais-plus-où, mais de toute façon, dès qu'il arrive quelque part dans le film, cinq minutes plus tard, c'est la merde et y a des zombies partout. Sinon n'espérez même pas connaître l'origine du virus, on vous la donnera pas.

- PG-13 oblige, pas de membres arrachés, ni de têtes explosées... On a donc ici des infectés qui ne font que foutre les gens à terre. A un moment, la caméra nous fait même l'affront de nous montrer d'assez loin un mec qui se fait mettre au sol par un zomblard qui semble le dévorer, avant de nous montrer la pauvre victime de plus près : juste une petite morsure au bras ! Et c'est bien là que le film s'écroule... De quoi on a peur lors d'une invasion de zombies ? De se faire déchiqueter ? De se faire arracher les entrailles ? De voir ses proches se faire bouffer ? L'équipe du film ne l'a visiblement pas compris. Comment foutre les boules au gens si le danger n'existe pas ? En plus les zombies en eux-mêmes n'aident pas vraiment : ici un zombie = le visage ridé + la peau verte/jaune + une performance sportive digne de Usain Bolt + des dents jaunes ! Ajoutez à ça des claquements de dents pas effrayant pour un sou et des cris tout moisis, et vous obtenez le zombie (le plus effrayant, c'est pour dire) du film. Ne vous attendez donc pas à ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit dans le film face à un danger qui nous paraît aussi nul... D'ailleurs, ne vous attendez pas à ressentir quoi que ce soit tout court : la tension est tout simplement nulle, le suspens inexistant, et les jumpscares sont (très largement) prévisibles au moins dix secondes à l'avance. Le comble pour un film de zombies.

- mais il faut bien dire que ces pauvres morts-vivants ne sont pas aidés par les effets spéciaux. 99% des zombies sont des CGI... et ça se voit... beaucoup... Les zombies courent à une vitesse complètement abusée (ce qui est juste débile puisque le principe d'un infecté, c'est qu'il garde les capacités physiques de son vivant, pas qu'elle triple !), on ne voit rien du tout des zombies en dehors de la toute dernière partie du film, on les survole juste la plupart du temps. Mais à la limite si les CGI étaient corrects, ça pourrait passer... Et bah non ! On a juste l'impression d'observer un grosse masse de on ne sait pas quoi, avec par moment des zombies mal animés qui se mettent à accélérer à la Benny Hill.

- ne cherchez pas non plus des qualités du côté de la mise en scène. Ce film nous confirme l'inaptitude de Marc Foster (Quantum of Solace Brrrrrrrrrr) à filmer correctement des scènes d'action. Et vas-y que la caméra est bouge dans tous les sens, et vas-y que t'y vois que dalle ! Le seul véritable infecté dans tout ce bordel, c'est le caméraman...

- mais là où World War Z atteint des sommets c'est dans la connerie qui hante la salle de cinéma pendant ces deux heures. Autant vous le dire tout de suite, si vous pensiez au moins que certaines scènes du film seraient intelligentes, vous ne pouviez pas plus vous tromper. Ceux qui disent que Prometheus est un film débile, j'aimerai bien voir leur tronche quand il regarderont cette horreur. Ici, c'est simple, le film enchaîne connerie sur connerie de la première à la dernière seconde. Les incohérences sont tellement énormes qu'il vaut mieux ne pas y faire attention, sous peine de perdre les derniers neurones que le film ne vous aura pas enlever : Brad Pitt qui réussi à se barrer de la ville en camping-car au début alors qu'un embouteillage monstre empêchait toute circulation, avion qui se crash pile-poil à côté du bâtiment à atteindre, des zombies capables d'escalader un mur géant mais incapables de défoncer une porte coincée par deux pauvres chaises, portable qui sonne lors d'une infiltration dans une zone censée être dangereuse, rassurez-vous tout y passe. Mais au-delà de tout cela, certains passages sont carrément ridicules. Après la séance, je me suis empressé d'aller voir les avis sur internet, pour apprendre que certaines salles étaient mortes de rires à certains moments du film. Ce n'était pas le cas de la mienne, mais cela ne me surprend guère que  certains spectateurs aient éclatés de rire. On est en effet plus du côté de Shaun of the Dead que de L'Armée des Morts. Entre Brad Pitt qui balance une grenade à l'intérieur d'un avion en plein vol, et le virologue représentant le dernier espoir de l'humanité qui crève deux minutes après son introduction en se vautrant comme une merde, il y a de quoi faire. Mais si vous deviez éventuellement voir le film pour une seule scène, ce serait pour cette course-poursuite magnifique entre des militaires sur des bicyclettes et des zombies. Sérieux quoi, à elle seule, cette scène dynamite toute la filmo de Steven Seagal réunie dans le domaine de la connerie inter-galactique. Avec cette séquence on touche au sublime, et on se dit que l'équipe du film ne recule devant rien pour pourrir encore plus leur film. Enfin, on achève le film sur un des placements de produit les plus violents de toute l'histoire du cinéma. Après avoir sauver le monde, quoi de mieux qu'un bon Pepsi ?! Cette petite pub absolument pas dissimulée, résume assez bien le film : le réalisateur nous envoie des séquences abbérentes dans la gueule, et semble n'avoir vraiment, mais vraiment rien à battre du spectateur.

- ah ! Et oui au fait... Si vous aussi vous espéreriez que le qualité de cette daube remonterait grâce à la présence de Brad Pitt, vous aviez tort d'espérer. Brad a produit ce film, où il représente le héros américain vaillant, courageux et bon père de famille près à tout pour sacrifier celle-ci. La séquence où il traverse un couloir dangereux à la fin du film, en marchant au ralentie en mode Channel, vaut, elle aussi, son pesant de cacahuètes. Espérons que ce ne soit qu'un faux pas pour lui...

          Bref, tout cela pour dire que ce film est un doigt d'honneur à tout les fans de Romero et de Fulci, un (faux) film de zombies, fait pour les enfants, mal foutu, moche, ridicule et complètement débile. Une machine à fric qui tentent de tirer un maximum de blé de la mode des morts-vivants. Si vous aimez ces derniers (les vrais, c'est à dire ceux qui bouffent le premier quidam venu), alors ne vous approchez surtout pas de ce film, de près ou de loin. Ceci dit, vu que le film regorge à ras-bord de conneries en tout genre, et il doit être tout à fait possible d'envisager ce film sous un aspect nanard avec des potes et quelques bières. Il aura fallu à peu près 650,000 dollars à George Romero pour réaliser son Zombie, et il en aura fallu 170 millions à Marc Foster pour faire cette chose. Preuve que l'argent c'est bien beau, mais sans le talent pas de bon film.