Cette année, la Wii aura cinq ans, la Xbox 360 six ans. La PS3 a de son côté soufflé sa quatrième bougie en Europe. C'est donc en toute logique que certains regards se tournent vers la prochaine génération. Certains, car on observe plusieurs groupes bien distincts, qui ne semblent pas tout à fait avancer au même rythme.

Les éditeurs: À les entendre, ils ne sont pas vraiment pressés de basculer sur de nouveaux hardware. Et pour cause, ils ont consenti de lourds investissements pour se mettre au niveau de la nouvelle génération, et intégrer les évolutions du marché (l'industrie japonaise, notamment, n'a que tardivement absorbé le choc de cette transition). Ils récoltent enfin les fruits bien juteux de leurs années de patience, et profitent de parcs installés en augmentation constante. Symbole de cette maturité, la licence Call of Duty, qui d'année en année, génère des revenus croissants, s'appuyant sur un public toujours plus large.

Les studios: Alors que certains se satisfont pleinement des consoles actuelles, d'autres commencent à trouver le temps long, lassés du fossé technique qui se creuse avec les PC. On pense notamment à Avalanche, ou bien à des firmes comme Epic ou Crytek, conceptrices de technologies middleware, et qui piaffent d'impatience à l'idée de travailler sur de nouvelles machines. Ils sont naturellement tributaires de ce que les constructeurs ont l'intention de faire.

Les constructeurs: Là encore, plusieurs sous-groupes apparaissent. Nintendo tout d'abord, qui a su tirer son épingle du jeu en écoulant beaucoup plus de consoles que ses concurrents, sur un laps de temps plus court. Revers de la médaille, le groupe de Satoru Iwata se trouve confronté à une fin de cycle prématurée. Un temps très à la mode, la Wii ne fait plus chavirer les coeurs, pénalisée par la volatilité de son public. Les éditeurs tiers s'en sont détournés, faute d'avoir réussi à rivaliser face aux blockbusters first-party de la marque, et la console n'est plus en phase avec la réalité du marché (HD, stockage, jeu en ligne...). Ce sera donc Nintendo qui devrait le premier dégainer sa nouvelle arme, en 2012.

Microsoft a déjà largement remporté son pari. Faire de la Xbox 360 une console compétitive, capable de tenir la dragée haute à la concurrence. Pour compenser une inévitable perte de vitesse arrivée au seuil fatidique des cinq ans, la firme a sorti de son chapeau Kinect, et fait d'une pierre deux coups; élargir son public, et prolonger la durée de vie de sa console. Fort de cette tendance favorable, elle dispose d'encore un ou deux ans pour renforcer l'implantation de la 360 dans les foyers occidentaux. Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette situation ne durera pas éternellement. 2013 devrait être l'année du changement.

Sony est à bien des égards dans la situation la plus délicate. À cause du lancement catastrophique de la PS3, consécutif à de lourdes erreurs stratégiques, le géant japonais doit encore éponger un déficit abyssal, et ne saurait se satisfaire, contrairement à Microsoft, de 50 millions de PS3 vendues dans le monde, dont une bonne partie le furent à perte. Jack Tretton l'a suffisamment répété, la Rolls des consoles de nouvelle génération est placée sur les rails d'un cycle de dix ans, principalement pour des impératifs de rentabilité. Cependant, on voit mal Sony rester les bras croisés lorsqu'une éventuelle Xbox 720 fera son apparition sur les étals. La NGP devrait monopoliser le gros des ressources de l'entreprise l'an prochain, comme Nintendo cette année avec la 3DS. 2013/14 semble une période propice pour l'apparition d'un nouveau hardware du côté de l'ex-leader du secteur.