La PlayStation 4 écrase les charts, et les bases de son succès solidement ancrées, la tendance devrait encore s'accentuer. Développeurs, éditeurs, joueurs (quasiment) à ses pieds, l'hégémonie du début des années 2000 est à portée de main pour Sony, qui n'a plus qu'à confirmer. Pourtant, sa dernière-née est-elle la meilleure, propose-t-elle les meilleurs jeux  ? Ça ne saute pas vraiment aux yeux. Le constructeur japonais a simplement joué la sécurité, pendant que ses deux concurrents se tiraient une balle dans le pied.

Nintendo d’une part, en misant sur une fausse bonne idée (la mablette), en choisissant une nouvelle fois un hardware dépassé rendant les portages next-gen impossibles, et en se reposant, comme un moine s’enfermerait dans son monastère, sur son vivier de licence-maison, dont les fans eux-mêmes ont commencé à se détourner. Dans un précédent article, je vous expliquais que Mario Kart 8 ne sauverait en rien la Wii U. Aussi bon soit-il, il n’a effectivement pas fait de miracles, la console est vite redescendue de son petit nuage, et les Hyrule Warriors et autres Smash Bros produiront les mêmes effets. Un sursaut, avant la plongée. À ce rythme-là, la Wii U fera moins bien que la Game Cube, et Nintendo n’aura que ses yeux pour pleurer.

Microsoft d’autre part, qui avait creusé sa tombe avant-même la sortie de sa console, là encore en pariant plus que de raison sur une fausse bonne idée (Kinect), en multipliant les bourdes de communication et de stratégie (TV TV TV, DRM, console 100% connectée, Kinect obligatoire, prix de lancement, etc etc…), et en perdant de vue ce qui avait fait sa force au début de l’ère 360 : le jeu, les gamers, pour draguer avec sa technologie gimmick le grand public que Nintendo avait su (provisoirement) attirer dans ses filets. Un grand écart maladroit, et qui fait que Microsoft est aujourd’hui déboussolé, perdu entre sa vision de départ un peu perchée, et son virage violent à 180°.  

Quand la concurrence se saborde, la partie est déjà à moitié gagnée, mais encore faut-il la jouer fine. Ecouter son coeur de cible et ce que veulent les joueurs : une console sans fioritures, puissante mais accessible, des services utiles et dans l’air du temps. Tout en adoptant un ton rassurant et une communication de proximité, qui plaisent aux leaders d’opinion, à la presse, à l’industrie. Nintendo et Microsoft gesticulent, innovent pour innover, se complaisent dans leur orgueil de géants désarçonnés. Sony de son côté n’apporte pas grand chose de nouveau, mais fait en sorte que les joueurs se sentent comme à la maison.

Le marché des consoles de salon évolue, mais il n’en reste pas moins traditionnaliste. Les générations se succèdent, mais certaines habitudes perdurent. Les consoleux veulent du neuf avec du vieux : des expériences vidéoludiques innovantes et ennivrantes, mais sur des disques, avec une manette, sur un canapé, devant leur TV. En attendant que la réalité virtuelle et la dématérialisation forcée ne viennent peut-être bousculer ce schéma d’un autre temps, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Par le respect de ce simple adage, Sony est bien parti pour se mettre une nouvelle génération dans la poche. 

(ce billet reposant avant tout sur ma seule opinion, merci de rester calme et courtois dans vos éventuelles interventions)