Pas besoin de boule de cristal pour prédire un avenir sombre, très sombre à la Wii U. L'arrivée d'un Mario Kart ou d'un Smash Bros. ne changera rien à l'affaire, la console de salon est condamnée. Boudée jusque par les fans de Nintendo eux-mêmes, délaissée par les éditeurs tiers, elle n'a pratiquement aucune chance de redresser la barre, surtout face à une concurrence qui fourbit ses armes pour faire pleuvoir les hits à l'horizon 2015. Ce n'est pas une opinion pessimiste, simplement une analyse froide et objective de la situation, du marché, des forces et faiblesses de la console.

Quelles issues possibles dès lors ? La firme de Satoru Iwata pourrait s'acharner, baisser le prix, sortir un énième Zelda, croire au miracle d'un décollage à la 3DS (or la situation de la portable était différente en tous points). Mais cela n'a que peu de chances d'arriver, et Nintendo ne ferait que se débattre dans un sable mouvant, et gaspiller ses ressources pour écoper l'eau d'un Titanic aux flancs éventrés. 

Le salut de Nintendo réside dans une rupture, et ce n'est que d'une nouvelle console de salon qu'elle peut venir. En premier lieu, et c'est le point le plus important, une console de salon dont le hardware serait pensé pour rivaliser avec celui de la One et de la PS4. Pas pour rentrer dans une logique de course à la puissance, ni de standardisation. Simplement pour permettre à la console de bénéficier de toutes les grosses licences qui font le bonheur des joueurs du monde entier. Pour sortir la firme de son isolement, et lui donner les armes pour lutter. Les fans de Nintendo aussi ont le droit à du Final Fantasy, du Elder Scrolls ou du GTA. Les fans de Nintendo aussi méritent les derniers bijoux indé. Depuis trop longtemps, Nintendo n'écoute plus ce que veulent les joueurs, et n'en fait qu'à sa tête en tentant des expérimentations hardware plus ou moins hasardeuses. 

 

Mario Kart sauveur de la Wii U ? Non, plutôt son principal problème. 

 

Certes, l'innovation demeure l'ADN de la marque. Mais elle s'est lourdement trompée en pariant sur un pad tactile et sur du gameplay asymétrique, qui n'intéressent absolument personne. Dès lors, il faut chercher ailleurs, envisager d'autres solutions, faire table rase. La réalité virtuelle ? Sony a emboîté le pas à l'Oculus, pourquoi ne pas également s'engouffrer dans ce qui s'annonce comme la prochaine grosse révolution du jeu vidéo ? Pourquoi ne pas se retrousser les manches et proposer, enfin, une plateforme de jeu en ligne digne de ce nom ? Pourquoi ne pas oser la création de nouvelles licences, pour surprendre son public comme autrefois ?

Nintendo doit s'aligner sur les standards de son époque, plutôt que de réfléchir seul dans son coin à comment divertir le petit Victor, tata Louise ou pépé Denis. La compagnie japonaise doit se replacer au coeur de l'industrie et des débats, réintégrer l'E3, changer son mode de communication. Assez du politiquement correct et de ces Nintendo Direct cheapos qui ne parlent qu'aux fans les plus absolus de la marque. C'est toute une stratégie planplan et éculée que la firme de Kyoto doit redéfinir pour retrouver un élan salvateur. Car pendant que le monde et les joueurs avancent, Nintendo reste dans sa bulle à plancher sur le nouveau Mario Kart. Et on sait tous que cela ne peut plus continuer ainsi.