Test de Gaminfo : Bulletstorm

Dans l'offre pléthorique de FPS sur consoles depuis quelques temps (Killzone 3, Battlefield Bad Company 2, Crysis 2, Medal of Honor, pour ne citer qu'eux) il y a deux sortes de productions: celles qui se contentent de mimer les éléments qui marchent (scripts, spectacle, rythme...) avec plus ou moins de succès, et celles qui essaient de proposer une expérience différente. En proposant notamment leur propre ambiance, en y ajoutant leurs subtilités de gameplay, du contenu différent.  Bulletstorm appartient à la deuxième catégorie. Les gars de People Can Fly chamboulent tout simplement le petit monde du jeu de shoot puisque Bulletstorm propose un gameplay qui prend totalement à contrepied  ce qui se fait actuellement en matière de FPS. Un gameplay non pas basé sur la planque et la survie, mais le rentre dedans et le scoring. L'alternatif aux CoD-like?

La vengeance dans la peau

On joue Gray, le chef de Dead Echo, l'élite des assassins, qui obéit gentiment aux ordres du général Sarrano jusqu'au jour où, au détour d'une mission, les gars découvrent que leur patron leur ordonnait de tuer des civils innocents qui représentaient une menace pour son pouvoir (alors qu'ils croyaient dessouder des dictateurs, des terroristes...). Pris de remords, nos gros bras aux cœurs tendres décident de lâcher leur général mais sont immédiatement considérés comme des renégats et se retrouvent avec des primes sur leurs têtes. Point de départ d'un jeu du chat et de la souris qui va amener Gray et le général à se crasher sur la même planète. On évolue donc sur cet astre inconnu  à travers les 7 actes que compte le soft jusqu'à ce cher Sarrano pour mettre en oeuvre notre vengeance. En prenant soin bien sûr d'annihiler les hordes d'autochtones à tronches de cake qui pullulent.

Skiller Instinct

Les commandes ne diffèrent que légèrement des autres FPS, ce qui rend la prise en main simple et rapide: les gâchettes servant à tirer et viser, les sticks à avancer et à observer, une touche pour recharger... Tout ça s'enchaine sans problème. Trois mouvements inédits font cependant leur entrée: Gray peut utiliser un lasso pour attirer à lui les ennemis ou interagir avec certains éléments du décor, il peut donner des coups de pied, et il peut effectuer des glissades (qui n'est pas sans rappeler Vanquish), pratique pour s'extraire d'une vague d'ennemis ou rusher. Trois mouvements intégrés pour servir le gameplay de Bulletstorm reposant sur le système de skillshots. Il ne suffit donc pas de tuer, mais de tuer avec la manière. Et Bulletstorm compte 131 skillshots différents, c'est à dire 131 façons différentes de tuer. Pour ce faire, Gray dispose de 6 armes, chacune possédant une attaque chargée et donnant donc lieu à des skillshots supplémentaires. Ajoutons à cet arsenal un lasso qui permet d'attirer les ennemis ou de les propulser dans les airs avec un superbe bullet time, nous laissant tout le loisir de les ajuster, ainsi que les glissades et coups de pied, qui permettent d'envoyer valdinguer les adversaires dans la direction voulue (dans le vide par exemple) avec le même effet de ralenti. Le gameplay élaboré par People Can Fly propose tout simplement d'assouvir nos fantasmes de violence en nous proposant des mises à mort diversifiées, de la plus banale à la plus vicieuse. Et c'est vrai qu'émasculer un ennemi avant de lui arracher la tête d'un bon coup de botte est particulièrement jouissif. Bulletstorm peut cependant paraitre répétitif car on aura toujours tendance, finalement, à réaliser nos skillshots favoris ou les plus efficaces, c'est à dire ceux rapportant le plus de points.

 

Serial Skiller

Car ces skillshots rapportent des skillpoints, en quantité plus ou moins élevée selon la difficulté du frag ou le nombre d'ennemis abattus en même temps. Ces frags sont d'ailleurs divisés en code de couleurs: vert, orange et rouge, les skillshots rouges donnant le plus de points, mais étant également les plus ardus à réaliser. Il faudra aussi apprendre à ne pas compter uniquement sur nos armes et à composer avec les éléments du décor: balancer nos ennemis dans des précipices, les envoyer bruler dans un feu ou griller dans des câbles électriques, utiliser des barils explosifs... Ne comptez donc pas tuer les ennemis uniquement avec vos armes car c'est ce qui rapporte le moins de points. A part frimer dans les classements, les skillpoints jouent surtout le rôle de monnaie dans Bulletstorm. Il faudra donc dépenser des points pour débloquer les nouvelles armes, débloquer les attaques chargées, acheter des munitions ou augmenter la capacité des chargeurs. Des points précieux donc qu'il est possible de collecter autrement comme en détruisant certains objectifs ou en réussissante les QTE (complètement accessoires) qui ponctuent le jeu. Appuyer L1 au bon moment pour observer un évènement ou tapoter L2 et R2 pour avancer suspendu à une corde seront le genre d'actions contextuelles qui offrent des points bonus. Pour le reste, Bulletstorm sait suffisamment varier les situations pour nous tenir en haleine et éviter l'ennui: rail-shooting, fuite d'une zone en temps limitée...

Gore et grand spectacle

Comme beaucoup de shoot aujourd'hui, Bulletstorm sacrifie l'ouverture et la liberté de mouvement au profit de scripts bien placés qui assurent le spectacle. Attendez-vous donc à arpenter un couloir, sans itinéraire bis. Et ne vous étonnez pas non plus de vous heurtez à un mur invisible vous empêchant d'avoir accès à une partie du niveau. En contrepartie, les gars de People Can Fly ont fait du bon boulot en ce qui concerne l'immersion avec des scripts des plus spectaculaires dans tous les coins. Et tous ces scripts se déclenchent généralement dans un déluge d'effets spéciaux et sonores des plus réussis, ponctué de "fuck" ou de "asshole". Car Bulletstorm met surtout en scène une équipe de barjos, bourrins et vulgaires à souhait. Notre héros Gray a tout du parfait beauf, même s'il fait quand même référence à Darwin et sa théorie de l'évolution, cherchez l'erreur. Pour aller au bout du concept bourrin et rentre dedans qu'est Bulletstorm, les développeurs ont été généreux niveau hémoglobine: les têtes explosent, les membres volent et le sang gicle. Un massacre que n'aurait pas renié Kratos. Cependant, même s'il place des scripts aussi bien que dans un Call of DutyBulletstorm présente le même syndrome de la campagne solo courte, qui se boucle en 7 à 8 heures en allant tout droit, même si trouver et appliquer les 131 skillshots et débusquer les quelques secrets rallongeront l'expérience.

Un jeu au "character" bien trempé

Graphiquement, Bulletstorm est beau, mais inégal. Les environnements extérieurs offrent une belle profondeur de champ et surtout des couleurs vives et chatoyantes, qui valorisent la flore locale, ainsi que des effets de lumière du plus bel effet. Les intérieurs, eux, sont maculés de sang, on y trouve des restes humains, des ossements, l'ambiance y est crade. Dans les deux cas, on observe un aliasing relativement prononcé et les textures qui semblent moins fines dans les environnements intérieurs. On notera également des temps de chargement un peu longs entre les missions. La bande son propose quant à elle quelques morceaux de bravoure bien sentis et des bruitages et explosions dans tous les sens qui feront leur petit effet en 5.1. Le doublage français est convaincant, sans plus. C'est pourquoi on vous conseille de mettre votre console en langue anglaise pour profiter du doublage original, beaucoup plus prenant. Des répliques souvent rigolotes qui rendent les personnages amusants et attachants, malgré leur faible épaisseur psychologique, et qui sont pour beaucoup dans l'ambiance particulière du soft.

L'écho des savanes

Outre la campagne solo, les développeurs ont prévu un mode Echo qui propose de rejouer les niveaux en étant chronométré et de réaliser le meilleur score selon les skillshots et le temps pris pour parcourir le niveau. On nage ici en plein culte du high score  puisque chaque niveau du mode Echo donne lieu à un classement, entre ses amis et global. Du challenge quoi! Bulletstorm est également doté d'un mode online très justement baptisé Anarchie, puisque c'est du grand n'importe quoi! Jouable à quatre, le mode Anarchie consiste à éliminer des vagues d'ennemis avec un objectif de points à atteindre. La subtilité est qu'on engrange plus de points avec les skillshots d'équipe et qu'il est donc inutile de se faire ses frags en solo. L'idée est bonne, mais les parties deviennent souvent illisibles tant chacun essaie d'attirer l'ennemi vers lui ou y va de son coup de pied. Pas sûr qu'on y revienne à moins d'organiser ses parties entres potes avec un casque micro. A la clé de ces joutes en ligne, comptez sur des points d'expériences qui aideront à améliorer votre soldat et à le customiser. Notez également que ceux qui ont opté pour l'édition limitée ont droit à du contenu additionnel pour le mode Anarchie, comme le lasso doré, 25 000 points d'exp. bonus... ou encore 6 maps exclusives pour le mode Echo.

 



Violent et gore, Bulletstorm assouvit tous nos fantasmes refoulés par ce foutu "surmoi" et se place comme une alternative de choix aux FPS classiques. Le gameplay basé sur les skillshots est génial et jouissif, malgré une campagne solo trop courte, qui est à peine sauvée par les modes annexes Echo et Anarchie.  Bourrin à souhait, Bulletstorm s'assume sans problème comme tel et arrive à procurer une sacré dose de fun. Un titre qui s'adresse avant tout à ceux qui recherchent autre chose que le headshot.


Les +:

Les skillshots et les skillpoints

Gore, violent et jouissif

Les persos et l'ambiance

Du grand spectacle


Les -:

Beau, mais inégal et présence d'aliasing

Linéaire

Durée de vie courte de la campagne solo

Peut être répétitif

Test de Mikado, rédacteur chez Gaminfo