Test de Ninokuni : Shikkoku no Madoushi

 

On pouvait en rêver, c'est aujourd'hui réalisé : les studios Ghibli, renommés pour leur style graphique atypique, viennent de contribuer à la création d'un RPG sur console. Les fans d'un certain voisin qui voyage à bord d'un chat à douze pattes ne peuvent donc que se réjouir.
A travers un voyage épique qui se déroulera entre le monde réel et une contrée parallèle pleine de caractère, laissons place à la magie, aux rencontres peu communes, mais aussi à l'inconnue et ses grands dangers...


OLIVER ET CIE

 

Nous sera contée l'histoire d'Oliver : un jeune garçon plein de fougue. Lorsque son ami lui propose de découvrir son projet secret, il ne s'attend pas à découvrir une superbe mini-voiture à moteur. Un bien bel engin pour gamin insouciant, Oliver ne sait pas encore que son destin va alors basculer très vite.
A la nuit tombée, les deux amis se retrouvent pour faire les essais. Malheureusement, l'expérience tourne court : Oliver à bord, une roue se détache de la voiture lancée à pleine vitesse, et le jeune garçon fait une embardée dans l'eau glaciale du fleuve.
La mère du jeune Oliver, réveillée par un mauvais pressentiment, sait que son garçon est en grand danger. Affolée et guidée par son instinct, elle rejoint le lieu de l'accident, et plonge sans hésiter afin de sauver Oliver. Une fois de retour sur la terre ferme, la mère d'Oliver, malade, succombe à une attaque (cash) devant les yeux impuissants de son fils.
Les jours passants, la mélancolie d'Oliver s'accroit. C'est alors que fondant en larmes sur la peluche que sa mère lui offrit lorsqu'il était plus petit, la magie opère : la peluche se transforme en Shizuku, un lutin magique venu tout droit du Ninokuni. Tous les espoirs deviennent alors permis : il paraîtrait que le monde d'Oliver soit parallèle avec le Ninokuni, un monde fantastique. La mère d'Oliver y serait vivante sous sa forme parallèle, et il existerait un moyen de la faire revivre dans le monde du jeune garçon. Le deal? Utiliser les immenses pouvoirs d'un grimoire magique, notamment pour se défaire d'un démon terrifiant qui corrompt les âmes : Jabo, le maître des ténèbres.

 

     

 

Après cette longue introduction, Oliver va pouvoir s'essayer aux joies du grimoire magique. Ninokuni Shikkoku no Madoushi est un titre présenté dans un package particulier : livré avec un superbe grimoire plutôt épais - le magic-book. Le bouquin contient d'un côté les différentes runes magiques que le joueur dessinera au stylet directement dans l'aventure afin de progresser, mais aussi des indications primordiales pour aider le joueur. On y trouvera aussi quelques récits pour s'immerger encore plus dans l'univers de Ninokuni. Le jeu présenté sous cette forme semble difficilement jouable dans un bus, puisqu'il faut constamment se référer au grimoire. En contrepartie, l'immersion est d'autant plus intense. Il ne faudra donc pas espérer avancer dans le jeu sans cet ouvrage : rien de ce qu'il contient n'est indiqué dans la partie.


SLIDERS

 

Ninokuni Shikkoku no Madoushi est un jeu de type RPG. Oliver devra voyager entre les 2 univers, et réussir diverses quêtes qui lui permettront de progresser jusqu'à son but ultime. Si le monde réel ressemble beaucoup au nôtre, l'univers du Ninokuni est typique Ghibli : parmi les humains traditionnels, Oliver et Shizuku croiseront de grands monarques en détresse comme un gros chat, une énorme femme-vache, etc. Dans sa quête, ils traverseront de vastes contrées (forêts, déserts, villages, même un mini Las Vegas (si si!)), et prendront aussi la voie des mers.
Les ennemis ont la particularité d'être visibles sur la carte, et les affrontements se déroulent au tour par tour. Plutôt classiques, les phases de combat proposent attaque, magie, fuite et utilisation d'objets. Côté stratégique, vous pourrez déplacer vos alliés sur l'aire de combat comme sur un damier (3×3) : toute la subtilité réside en la possibilité d'éviter certaines attaques ennemies qui ne touchent que certaines zones de l'écran. On pourra aussi placer ses personnages pour mieux les protéger : plus les héros sont à l'avant, plus ils frappent fort, mais leur défense est d'autant plus affaiblie. On pourra déclencher des attaques ultimes après avoir atteint un certain quota d'esquives, ou en découvrant les points faibles du bestiaire. Et on pourra aussi se ramasser de vieilles altérations d'état conçues pour décimer les groupes, comme l'empoisonnement. Comme d'habitude, chaque affrontement réussi donne des points d'expérience qui serviront à améliorer les héros. Et bien entendu, le leveling est parfois recommandé, même si le niveau de difficulté de Ninokuni n'est pas des plus terrible. A ce sujet, il est bon de préciser que la quête de Ninokuni se révèle volontairement dirigiste : le joueur est constamment guidé par une flèche sur la carte qui lui indique la marche à suivre. Le jeu y gagne plusieurs choses : d'un côté, le scénario y conserve un rythme constant, les joueurs non-japonais peuvent globalement s'aider de ce système pour progresser, et les plus jeunes ne buteront pas sur l'aventure. La contrepartie est évidente : comme tout est quasi prémâché, la recherche est tronquée, et on perd un peu en plaisir de jeu.


S'ils ne sont que 2 au départ, Oliver et Shizuku vont vite être rejoints par divers alliés issus du Ninokuni. Chaque allié possède ses particularités, comme la jeune fille qui permet de capturer les ennemis. A l'instar de FF-X, le jeu permet de remplacer ses attaquants durant le combat : en cas d'urgence vitale, on remplace les combattants à l'agonie par les alliés tout neufs, et c'est reparti!
Ninokuni aborde un aspect simple à la Pokemon : capturer des ennemis pour en faire des combattants alliés. Nombreux, chaque monstre possède ses propres caractéristiques plus ou moins adaptées à telle situation. Cependant, la capture n'est pas une priorité pour gagner plus facilement, mais augmente la durée de vie du titre grâce à une vaste quête annexe. Cependant, cette dernière hache un peu la progression. Sachant aussi que le monstre allié de départ est plutôt costaud, et bien suffisant, cette quête ne constitue en rien une obligation pour avancer dans l'aventure.

 

     

 

S'il y a des combats, il faudra aussi explorer. Il sera indispensable de discuter avec les différents PNJ pour glaner de précieuses infos. On aura aussi la possibilité de remplir diverses missions qui consistent souvent à trouver et chasser des monstres, par exemple. Parfois nécessaires, parfois facultatives, elles permettront néanmoins de gagner un peu d'expérience.
Le jeu se déroule globalement entre la carte 3D qui relie les différentes contrées du Ninokuni, mais aussi à travers des écrans 2D pour les villages et niveaux divers. Chaque décor possède un caractère particulier : entre villages du désert, portuaire, mais aussi forêt et temple volcanique, le dépaysement est garanti. Côté exploration, il faudra également venir en aide aux habitants du Ninokuni et du monde réel : et ce grâce aux différentes magies qu'on apprendra via les rencontres et le grimoire au fur et à mesure de la progression. Par exemple, le plus courant sera de partager des sortes de "volontés" que possèdent ou non les PNJ : si un personnage est léthargique, par exemple, il faudra lui donner l'excédant d'énergie d'un autre personnage pour le faire réagir. Une quête souvent indispensable pour avancer dans l'aventure. Côté élément repris des Dragon Quest (nouveaux épisodes également développés par Level-5), "l'alchi-marmite" prend ici la forme d'une sorte de "marmite du génie" qui se chargera de créer des objets en combinant certaines de vos possessions : pour obtenir d'autres objets, armements... Le restant est plus classique : votre inventaire vous permet d'utiliser les objets, modifier l'équipement, vérifier les stats, sauvegarder, interchanger les membres de l'équipe, etc.


GRANDES QUALITÉS, PETITS DÉFAUTS

 

La réalisation du titre est, dans sa généralité, exemplaire pour une DS. Mais on n'en attendait pas moins d'un titre issu de Level-5 à qui nous devons les incroyables Professeur Layton, mais aussi les fantastiques Dragon Quest. La collaboration Ghibli ne pouvait donc que magnifier la qualité de réalisation du titre. Que ce soit en 2D ou 3D (typée cell-shading), la finesse du graphisme est au rendez-vous, et les environnements sont colorés à merveille. Les différentes phases cinématiques sont de toute beauté, et l'esprit Ghibli fait mouche constamment. De plus, les personnages sont vraiment charismatiques et attachants. On peut également compter sur une grande fluidité d'ensemble, et une animation digne d'un anime. Une ambiance particulière qui est appuyée par de superbes graphismes, mais aussi par des musiques symphoniques d'une qualité rarement vue sur DS : chaque mélodie, en plus d'être longues et pleines de caractères, sont de véritables perles qui contribuent à l'immersion dans l'aventure. Et elles trotteront un paquet de temps dans nos têtes. De leur côté, les nombreux doublages sont très convaincants, même s'il subsiste pas mal de dialogues non-doublés.
Non, s'il fallait trouver des points négatifs à Ninokuni, ce serait peut-être au niveau de son gameplay finalement très classique et moins développé qu'il n'y paraît, des phases de jeu assez répétitives, mais en aucun cas sa réalisation qui prouve qu'une cartouche DS bien exploitée peut contenir de bien belles choses. Nous ne parlerons même pas de la jouabilité... Si, juste un peu : au stylet, ou aux commandes traditionnelles, tout est bien pensé et réactif. Que demande le peuple?


On l'attendait au tournant : Ninokuni : Shikkoku no Madoushi se dévoile comme une excellente surprise. Bien que proposant un gameplay aussi classique qu'original, et malgré une progression très dirigiste, l'univers de Ninokuni déploie une grande force issue de l'association des studios Level-5 et Ghibli. Un univers vaste qui nous fera faire des rencontres atypiques, touchantes, et dont on se souviendra longtemps.
Doté d'une réalisation maîtrisée, Ninokuni propose une grande aventure rythmée qui mettra à l'honneur magie et énigmes diverses notamment basées sur l'observation et la recherche. Finalement, le titre de Level-5n'aura qu'un seul gros défaut : celui de ne pas être encore localisé en dehors du Japon afin que tout le monde puisse en profiter pleinement. Malgré tout, on pourra sans trop de problèmes ressentir et partager l'aura si particulière qui se dégage de ce titre très attachant. Il resterait tant de choses à dire sur cette cartouche, mais s'y plonger suffira pour découvrir très vite toute la quintessence de Ninokuni et son univers.


Les +

Rythmé.
Addictif.
Musiques typées Ghibli sublimes, et de qualité symphonique.
Graphismes et univers attachants, fabuleux.
Histoire émouvante.
Packaging de grande qualité.
Superbes cinématiques.


Les -

Ambitions du gameplay trop timides.
Très dirigiste.
それは日本だ (tout en japonais...)

 

Test de Maxou. Rédacteur chez Gaminfo