Si je vous dis celluloïd, contes pour enfants, souris la plus célèbre du monde, lapin pas si chanceux que ça, plus gros plagiat impuni et magie de noël vous me répondez ? Walt Disney. Maintenant si je vous dis RPG japonais, mélodrame, quête politique et succès mondial vous me rétorquerez certainement que je passe du coq à l'âne, de l'âne au moulin, et du moulin à la ville. Il va sans dire qu'excepté l'aspect initiatique de leurs récits, les univers de Disney et de Squaresoft (aujourd'hui Square Enix) n'avaient rien pour s'entendre ! C'est pourtant par un beau jour de 2001, en plein E3 (prononcez « i-quioube » pour avoir l'air branché), que l'annonce tombe : les deux sociétés font un RPG dans la veine Disney sur PS2 ; avec Tetsuya Nomura au character design s'il vous plaît ! Face à cette annonce, de nombreuses personnes adepte des deux univers restent cois... En effet comment mettre côte à côte deux licences aussi différentes sans qu'elles en perdent leurs saveurs respectives ? Si chacun apporte sa propre réponse à cette question, je donnerais dans cette rétrospective mon opinion propre en tant qu'adepte de la série Kingdom Hearts, mais aussi en tant que gameurZ (level 7). Que la magie commence !

Autant commencer par ce qui tâche : le scénario de Kingdom Hearts n'est clairement pas son atout. S'il ne manque pas de temps fort et propose une narration maitrisé, c'est malheureusement (à mon sens) de Disney que vient l'inspiration et elle reste trop souvent simpliste, voire niaise. Jugez-en par vous-même : Sora est un jeune garçon qui vit avec ses deux amis, Riku et Kairi, sur une petite île appelée l'île du destin. Riku, avide d'espaces et de découvertes, décide d'embarquer ses deux amis dans son entreprise : construire un radeau et quitter cette île, devenue trop petite pour eux.
Mais la nuit précédant leur départ, l'île est attaquée par d'étranges et sombres créatures, les sans-cœurs... Riku disparaît dans un torrent de ténèbres sous les yeux de Sora, alors que Kairi se volatilise mystérieusement.
Dans un autre monde, au château Disney, le magicien de la cour, Donald, découvre qu'au même moment, le roi Mickey a disparu. Avec une lettre pour seul message, il explique que les étoiles disparaissaient une à une dans le ciel, signe d'un très mauvais présage. Alors que le roi est sur le terrain pour sauver le monde de ses huit doigts, Donald et Dingo se voient confier une tâche des plus importantes : retrouver le porteur de la clé. Cette clé, appelée "Keyblade", serait le seul moyen de faire revenir la paix dans les mondes et d'éloigner les ténèbres qui les submergent.
Après cette terrible nuit Sora se réveille, seul, dans un monde inconnu qui répond au nom de la ville de Traverse. Dans sa main se trouve une arme étrange, une épée en forme de clé...

Le ton est donné : au travers de cette petite fable Sora sera, vous serez, amené à traverser différents monde basés sur les univers de Disney et rencontrer aussi bien leurs habitants que des personnages issu de Final Fantasy ou des hordes de sans-cœurs. Vous l'aurez compris, si le mélange de ces deux séries est très osé, cette dernière est diluée dans une grande dose de l'univers du géant de l'animation. La présence des protagonistes de Squaresoft est donc quasi anecdotique, même s'ils sauront briller de par leur prestance (contrasté avec les autres compères) et ravir leurs idoles (Clouuuuuuud !!!).
Premier opus d'une série qui allait devenir l'une des plus plébiscité de Square Enix, ce Kingdom Hearts a donc subi de nombreuses critiques quand à l'aspect enfantin qui se dégage à première vue de ce titre. Mais si l'on passe outre cet aspect et que l'on prend le temps de rentrer dans cet univers, c'est une facette bien plus intéressante qui s'offre à nous. Le titre a séduit de nombreux joueurs grâce à son système de combat novateur, sa musique et ses doublages significatifs (la galeries de personnages Disney a droit à ses doubleurs officiels) et la marge de progression qu'il accorde au gameurZ. Action-RPG de par son genre, le jeu est très rock dans l'âme. Je vous arrête tout de suite, Mickey n'a pas troqué sa belle paire de gants blancs pour des bracelets à pique et une veste en cuir ! Pour autant le rythme du jeu est effréné et on réussit même à se laisser porter par les gentillets rebondissements entre deux bastons réglées à coup de clé sur la tête.

Si le jeu n'est pas exempt de défauts, aussi bien techniquement que dans son gameplay pas toujours si bien huilé, c'est un titre prometteur, mais pas incontournable. C'est donc sur une touche d'optimisme et le sourire aux lèvres que l'on ressort de cette aventure. Si vous êtes hermétique à Disney ou aux histoires mièvres mieux vaut passer votre chemin : ce n'est pas avec les épisodes suivants que vous trouverez votre bonheur. Ce serait pourtant dommage de passer à côté de la suite...

Neufs mois après ce premier jet Squaresoft sort une version « plus-mieux » du jeu, uniquement sur le territoire japonais, intitulée Kingdom Hearts : Final Mix. Cette version est enrichie du contenu dont la galette européenne profite déjà ainsi que de nouvelles attaques, des graphismes légèrement remaniés, une fin plus longue, et surtout, un magnifique combat contre un « unknown », ou plutôt un simili comme nous l'apprendrons chez nous par la suite. Ce jeu inaugure également la manie des remakes, dont le Japon profitera pour les futurs épisodes.

Pour surfer sur la vague du succès de la Game Boy Advance, console portable qui écrase toutes ses concurrentes - ah non pardon, on me fait signe qu'elle n'en avait pas - et pour faire patienter les gameurZ enragées avides de cœurs avant la sortie de Kingdom Hearts II, Square Enix leur donne à manger un épisode quelque peu différent de son ainé : Kingdom Hearts: Chain of Memories.
Celui-ci nous raconte comment Sora, Donald et Dingo, pris au piège dans le manoir Oblivion, vont tenter de s'en échapper. Mais leur ascension vers la sortie est semée d'embûches : une organisation mystérieuse, l'Organisation XIII, va tout faire pour les arrêter. Au fur et à mesure de son périple Sora perd peu à peu la mémoire jusque ne plus se rappeler que d'une personne : Naminé, la jeune fille aux cheveux blonds.

Aucun lien avec la trame de Kingdom Hearts à priori. C'est pourtant cet épisode qui pose les bases d'une grande partie de la mythologie de la série, du complot de la fameuse Organisation XIII et des personnages phares qui dessineront l'histoire du prochain jeu sur PS2. Alors que Kingdom Hearts nous abandonnait, séparé de nos amis, au sein d'une vaste plaine vierge de tout indice, l'annonce d'une suite laissait espérer une continuité à cette mystérieuse scène. Chain Of Memories vous conte l'envers du décor et, malgré les apparences, se situe chronologiquement juste après le dénouement du premier jeu.

Le développement sur GBA induisant des limitations techniques il est impossible pour Jupiter, le studio en charge du projet, de garder le gameplay du grand frère. Le jeu est en vue isométrique et un nouveau système de combat a donc été trouvé pour l'occasion, un système à base de cartes de jeu. Concrètement, vous programmez vos attaques via un deck de cartes préalablement constitué pour les effectuer en temps réel. S'il est souvent considéré comme un simple épisode additionnel de par son opportunisme et son gameplay sensiblement différent de celui de la série, Kingdom Hearts: Chain of Memories reste un titre bien ficelé et d'une profondeur inespéré.

Kingdom Hearts II est donc un titre attendu au tournant, celui qui scellera l'avenir de la série : le premier posait de bonnes bases, celui-là se devait de corriger de ses défauts. Le pari est totalement réussi puisque Kingdom Hearts II, non content de pouvoir se targuer d'être le jeu le plus réussi de la licence, est également l'un des meilleurs jeux de la Playstation 2 tous genres confondus ! L'histoire bénéficie d'une nouvelle dimension grâce aux déboires de l'Organisation et se veut plus sombre et plus profonde.
Roxas, que l'on dirige au début de cette aventure, est un jeune garçon ordinaire, qui profite de la fin des ses vacances avec ses amis pour s'atteler à ses devoir scolaire : faire un exposé sur les récents phénomènes étranges de la ville. Mais Roxas va rapidement se rendre compte que les phénomènes étranges sur lesquels il enquête lui sont tous liés, ou plutôt, liés à des souvenirs qui ne semblent pas lui appartenir... Jusqu'au jour où il va pénétrer dans un manoir de sa ville, censé être abandonné, le manoir Oblivion. Il y rencontre un garçon endormi dans un étrange incubateur, sur lequel est écrit "Sora". Soudain, tout s'éclaire : ses souvenirs ne sont autres que ceux de ce jeune homme hirsute, et Roxas n'a fait que les conserver pour lui. Plus intimement lié à Sora que jamais, il découvre la vérité sur ce qu'il pensait être sa propre mémoire, sa propre histoire, et disparaît.
Quelques instants après, Sora se réveille, émergeant d'un repos de plusieurs années. A ses côtés, dans deux autres incubateurs, il retrouve ses compagnons Donald et Dingo. A nouveau ensemble, ces derniers lui expliquent qu'ils ont choisi d'être endormi à ses côtés par cette Naminé pour ne pas perdre leur ami et porteur de la Keyblade.
L'Organisation XIII refait rapidement surface, mais Sora n'en a aucun souvenir. Ils ont profité de l'absence de la Keyblade pour assouvir les ténèbres et s'allier à de nombreux ennemis, dans un but précis : reformer le Kingdom Hearts, sanctuaire des cœurs remplis de lumière et d'espoir, afin de devenir des êtres entiers. Une longue bataille s'annonce pour Sora et ses compagnons, qui au fil des mondes vont retrouver d'anciens amis prêt à tout pour arrêter les sans-cœurs et ceux qui semblent les contrôler: les Similis.

Le titre est à nouveau assorti d'une palette musicale maîtrisée et diversifiée, rendant l'expérience des plus immersives. Quand aux doublages, c'est toujours un sans-faute, ce qui est assez rare pour être souligné ! Kingdom Hearts II propose un système de contrôle de la caméra repensé, de somptueux graphismes, et plus généralement, laisse place à une fluidité accrue. Graphismes remaniés, musiques justes et phases de combats poussées à l'extrême, grâce aux nouvelles techniques personnalisables, font de ce jeu un titre moteur de la PS2. Plus de diversités dans les environnements parcourus, plus de quêtes annexes, plus de profondeur, plus de défi, plus de fun, cet épisode joue la carte de la surenchère, et on en redemande !

Voilà qui tombe bien, car comme nous le verrons dans la deuxième partie de cette rétrospective, Square Enix n'a en effet pas fini de nous faire rêver grâce aux titres Kingdom Hearts...

 

 

Tétris
Un grand merci à Sora pour sa participation à la rédaction de ce DmuG.