Oh crap...
Coincé. Me voilà coincé en plein milieu de la Jungle de Bornéo. Suspendu au dessus d'un marécage rempli de Caïmans. J'aurais du mieux choisir mes alliés... Si j'avais su ça trois mois de cela, peut-être ne me serais-je jamais engagé dans cette histoire, dans ce satané musée d'Istanbul ! Parti découvrir le secret de Shambala, me voila maintenant face à la dure cruauté de la chaine alimentaire. Et tout ça ne serait jamais arrivé sans eux. Jam Software, plus communément appelé Naughty Dog depuis la mort de leur chienne Morgan...

Ooh la la
Tout a commencé en 1985 dans un garage d'adolescent boutonneux avec Math Jam. Un jeu créé par Jason Rubin et Andy Gavin sur Apple II. A peine un an plus tard ils me contraignaient à participer au prestigieux tournoi international de ski du Kilimandjaro dans Ski Crazed et son fameux challenge Ooh La La. En 1988 j'étais pris dans les méandres cauchemardesques de Dream Zone et ses complications bureaucratiques. Et dire qu'en 1989 déjà ces compères se voyaient récompensés de leur acharnement à torturer mon corps et titiller ma fibre de GameurZ en faisant de Keef the Thief leur premier jeu produit par un éditeur reconnu, Electronic Arts. Cet action-RPG parodique m'a fait augmenter mes talents de kleptomane et de manipulateur ; fin roublard que je suis j'ai enfin pu me remettre de mes émotions pour cette dernière aventure de Naughty Dog sur ordinateur personnel. Une pause qui continuera deux ans après avec Rings of Power, premier gros jeu développé sous la bannière de Naughty Dog et toujours produit par Electronic Arts. Une fois de plus, les deux amis s'attaquent au RPG et me permettent d'incarner un sorcier afin de collecter les 11 anneaux de pouvoir et les utiliser pour détruire la menace démoniaque que représentait Void. Excellent jeu que j'ai malheureusement revendu pour acheter ma dose, et comme celui-ci est rapidement tombé en rupture de stock et qu'il n'a jamais été réédité, il a obtenu un statut de jeu cultissime. Dès fois, j'ai l'impression que le destin s'acharne sur moi.

They will be back !
Après 3 ans d'absence durant lesquelles Andy & Jason ont terminé leur cursus universitaire et ont laissé Naughty Dog en stand by, ils se reforment à Boston pour travailler sur un projet auto financé du nom de Way of the Warrior. Dans ce jeu de combat ultra sanguinolent entièrement digitalisé et sans grand intérêt je m'en suis quand même pris plein la tronche. Mais il faut dire que ce nouveau départ n'était pas des plus fameux tant du point de vue ludique que de celui du choix de sa plate-forme d'accueil, la 3DO. Ce titre leurs aura tout de même permis de signer un accord pour trois jeux (+1 par la suite) édités chez Universal Interactive. Suite à ce contrat Naughty Dog emménage en Californie dans de vrais locaux qui sentent pas l'huile de moteur et embauche du beau monde. Deux années pleines durant lesquelles le studio va travailler d'arrache-pied pour développer leur premier jeu en 3D, celui-là même qui m'empêchera de dormir...

« Hi hi Ha ha ! »
Crash Bandicoot est LE jeu qui a permis à Naughty Dog d'asseoir sa réputation. Figure et mascotte officieuse de la Playstation, le bandicoot le plus déjanté des jeux de plate-forme sort dans les bacs en 1996 après Jésus-Christ. Après quelques années de répit, mes développeurs chéris reviennent à la charge pour m'en faire baver. Le machiavélique docteur Neo Cortex travaille en Australie avec Brio (le docteur) sur des animaux afin de créer des bêtes surpuissantes lorsque, n'écoutant pas son ami et acolyte, il transforme un brave bandicoot en bestiau anthropomorphique et s'en débarrasse aussitôt après l'avoir jugé défectueux. Bien déterminé à retrouver la bandicoot dénommée Tawna enfermée dans le château du grand méchant loup, Crash décide d'aller dire ses quatre vérités à son créateur. A travers la jungle, au milieu des tribus locales, à dos de cochon sauvage et jusque dans de grandes forteresses, j'ai pris une grande claque et beaucoup d'autres au cours du jeu.

Me botter le cul c'est ce que Naughty Dog fait le mieux. Aussi un an plus tard avec la sortie de Crash Bandicoot 2 : Cortex strikes back me revoilà avec un bandicoot encore plus fougueux avec la charge d'empêcher les nouveaux plans de destruction planétaire du docteur Cortex. De nouveau poursuivit par d'immenses roches dans de célèbres niveaux Indiana-Jonesque, chevauchant un ours polaire ou encore jet-pack au dos dans l'espace, le maitre-mot de cet opus est la diversité. J'ai même eu la possibilité de choisir les niveaux que je souhaitais accomplir via le hub dans lequel Cortex m'avait enfermé, c'est dire !

Une diversité que me ressert d'ailleurs le vilain chien dès l'année qui suit, en 1998. Dans Crash Bandicoot 3 : Warped, suite directe de son prédécesseur, sous les conseils du bon vieil Aku-Aku j'ai du voyager à travers les époques accompagné de ma sœur Coco pour contrecarrer de nouveau les plans de Cortex. Ou plus exactement les plans d'Uka-Uka, la tête pensante derrière tous ces terrifiques projets et le frère de son anagramme masqué. J'y ai découvert de nouveaux pouvoirs (ces vicelards de Naughty Dog m'ont même fait m'écraser la face au sol pour m'ouvrir de nouveaux horizons), de nouvelles époques (moyen-âge, préhistoire, époque des pyramides, futur, etc.), de nouveaux lieux et même nouveaux personnages jouables. Cet épisode marque la fin de la trilogie du Bandicoot et pour fêter ça dignement un dernier épisode sort en 99 dans un genre nouveau pour notre studio.

Crash Team Racing est un Mario kart-like qui propose au travers de 15 personnages jouables de montrer à ce satané Nitros Oxyde, un alien auto-invité sur Terre et autoproclamé meilleur pilote de kart de la galaxie, qu'il n'en est rien. Evidemment l'intrigue est un prétexte pour me permettre des courses endiablées dans de nombreuses arènes bien assis sur mon kart. Enfin bien assis mais pas pour longtemps, ce serais oublier la malice des développeurs ! Car comme dans Mario-kart le jeu propose pléthore d'armes à envoyer dans les roues de vos adversaires pour leur faire mordre la poussière. Et il n'y a pas qu'eux qui ont morflés... CTR s'est montré moins inspiré que ses prédécesseurs mais il ne manque pas pour autant d'intérêt ludique et c'est le moins qu'il faudra pour attendre patiemment la prochaine sortie de Naughty Dog.

Du précurseur dans l'air
Deux ans. C'est le temps qu'il aura fallut aux vils canins pour peaufiner leur nouveau né. Entre leur rachat par Sony et le passage sur une nouvelle plate-forme, la Playstation 2, ces deux années n'auront pas été de tout repos. Cette nouvelle aventure ne le sera pas plus pour moi puisque ce qui m'a été concocté est un petit bijou de plate-forme. Au risque de me faire friser la skyzophrénie c'est maintenant avec un autre compère que je me balade : le dénommé Daxter m'accompagne tout au long de l'aventure de Jak and Daxter : The precursor legacy, et pour cause, le but de mon voyage est de soigner mon ami malencontreusement transformé en beloutre (un savant mélange de belette et de loutre) ! Pour ce faire il m'a fallut braver des canyons de feu en selle d'hoverbike, défaire des robots, protéger le monde d'un déluge d'écho noir, et autre joyeusetés. Imaginez ma satisfaction une fois toutes ces épreuves passées !

Sauf qu'il n'était pas dit que mes péripéties devaient prendre fin. Ce n'est du moins pas ce qu'a décidé Naughty Dog puisqu'en 2003, et toujours sur PS2, me voila réembarqué dans une folle aventure beaucoup plus sombre que la précédente ; tout comme mon cœur. Le jeune candide que j'étais en aura pâtit deux années durant sous la torture du baron Praxis, une des joyeuses rencontres que j'ai pu faire suite à mon passage dans un mystérieux portail, et me voila bien déterminé à lui faire payer ! Au revoir conte enfantin et prairies verdoyantes et bonjour noble vengeance et grises contrées polluées, Jak II : Hors-la-loi change la donne mais pas forcément pour le mieux. L'avancée technologique n'aura cette fois pas rimée avec progression ludique et si j'ai toujours autant souffert dans ce jeu ce n'était cette fois-ci pas toujours pour le meilleur.

Le meilleur, Naughty Dog me l'a peut-être réservé pour clore sa trilogie ? C'est donc avec avidité que je me suis jeté sur Jak III en 2004, même si un goût sableux n'a pas tardé à envahir mon palais. Au sens propre bien sur, puisque après avoir été banni d'Abriville je me retrouve jeté dans le désert où, laissé pour mort, je ferais la rencontre du roi de la cité des exilés, Spargus. Une fois ma vraie valeur prouvée me voilà donc aux côtés des renégats, prêt à combattre pour le bien de la cité. Jak III est beaucoup plus diversifié que son ainé pour mon plus grand plaisir. Les pouvoirs que j'ai obtenus dans l'opus précèdent sont plus développés, la zone de jeu plus variées et les véhicules à ma disposition plus nombreux et surtout, plus armés. Les Metal Heads n'ont qu'à bien se tenir : j'en ai ma claque de m'en prendre et me voilà fin prêt à découvrir le secret des précurseurs ! Ce jeu clos donc en beauté cette série, même si je ne peux m'empêcher de regretter le tournant qu'elle a pris lors de sa deuxième itération... Enfin, ce serais sans compter sur les bonnes vieilles habitudes de nos talentueux développeurs à sortir un spin-off pour célébrer sa fin.

Un Spin-off qui porte le nom de Jak X et me fait jouer de nouveau dans la catégorie de la course automobile sportive. Ca tombe bien puisque je n'ai perdu ni mes reflexes ni mes gants en cuirs noir, et me voilà aussitôt positionné sur la ligne de départ. Avec un scénario secondaire toujours prétexte à faire vrombir les moteurs et crisser les pneus et un gameplay soigné aussi bien en mode un joueur qu'en escapade à plusieurs, Jak X fait figure d'un bel au revoir au monolithe noir.

Quand Naughty Dog passe à la vitesse supérieure
Une page s'est tournée suite à la saga des Jak & Daxter. Entre 2004 et 2005, les deux amis fondateurs de cette société ont quitté la direction du studio. L'américain Evan Wells et le français Christophe Balestra les ont vite remplacés au poste de président. Amy Henning a rejoint l'équipe en tant que directeur créatif. Et deux ans après leur dernière création, ils sont une fois de plus revenus sur la Playstation, 3e génération cette ci. Cette nouvelle console en avait dans le ventre et pour la maîtriser, il n'y avait qu'un chien capable de cet exploit, et ce n'était pas Rintintin. De plus, Naughty Dog a commencé à travailler sur des outils de développement pour la PS3 pour les studios internes de Sony avec l'aide de la ICE Team, un des groupes technologiques de SCE Worldwide Studios.

La douleur et la passion sont souvent des sentiments similaires et quand en 2007, la société créa une nouvelle série à l'univers plus réaliste, je n'ai pas résisté à l'envie de me faire du mal. Et j'ai été agréablement surpris que la douleur puisse également être source de plaisir. Uncharted: Drake's Fortune fut donc le premier jeu de cette nouvelle génération de consoles. Chasseur de trésor et archéologue, je suis parti à la recherche d'un des plus grands mystères des conquistadors espagnols: le trésor perdu d'El-Dorado. Mais évidemment de nombreux obstacles se sont dressés sur mon chemin, et n'écoutant que mon courage, j'ai bravé tous les dangers. Fusillades ultra dynamiques, escalades, énigmes, graphismes en avance sur son temps, plus j'avançais et plus leur jeu me semblait incroyablement bon, malgré son scénario ressemblant un peu trop à un Indiana Jones. Étaient-ce les mêmes développeurs qu'il y a 2 ans ? Je n'y croyais pas. J'avais beau chercher les défauts, le jeu me procurait tant de bonheur. Un bonheur que je pouvais d'ailleurs ressentir pleinement, qui semblait si simple, si facile d'accès. Et puis lorsque l'aventure fut terminée, j'ai pleuré sur mon sort! C'en était fini de mon histoire avec Uncharted! J'avais beau recommencer le jeu, la magie n'opérait plus de la même manière. Il n'y avait plus le même effet de surprise que lors de ma première partie...

Naughty Dog a du entendre mon cri de désespoir car 2 ans après, c'est qu'ils sont productifs les bougres, est arrivé dans ma console la suite de mon jeu d'aventure préféré. Uncharted 2: Among Thieves est donc passé entre mes mains expertes et après des recherches dans un musée à Istanbul, ma route vers Shambala fut toute tracée....enfin presque, je n'avais pas prévu de passer par Bornéo récupérer un objet que l'on m'avait dérobé et de tomber dans ce piège si bête. Et me voilà où j'en suis. Coincé! Toujours coincé au dessus de ce foutu marécage. Les caïmans me regardant affamés.... ho les belles canines ! Heureusement que Naughty Dog m'a appris à me débrouiller au fil des années, m'a enseigné comment me sortir de n'importe quelle situations. Mieux qu'un entrainement de GI. Je vais leur montrer moi.

Même si le jeu a bousculé les critiques, et a reçu nombre de prix pour la perfection actuelle atteinte par le studio, ce vilain chien continue à m'embêter et à me rendre la vie plus compliquée. Émerveillement, frustration, joie, tristesse, bonheur, mes sentiments sont variés mais tout aussi forts quand je vois leur dernier bébé. Preuve qu'ils ont réussi à atteindre mon cœur de GameurZ grâce à la narration, devenue plus maîtrisée et mature, une réalisation quasi cinématographique et une immersion incroyable ressentie. Manette en main, et cette fois avec Nathan Drake aux commandes, j'avais l'impression d'être devant un film d'aventure, dont j'étais le héros avec un Indiana Jones plus jeune, plus sexy et assez malchanceux, jusqu'à mon petit incident dans cette jungle périlleuse.

Naughty Dog c'est donc une histoire d'amour vieille de plus de 20 ans, avec ses moments de plaisir intenses et ses prises de têtes, comme dans tout couple en quelque sorte. Certes, je ne me suis pas toujours senti en accord avec eux et leurs jeux mais ils ont toujours su innover afin de sans cesse relancer mon plaisir face à leurs jeux. Je n'attends plus qu'une seule chose, une suite, que ce soit un Uncharted ou une nouvelle licence. Montrez-moi que malgré le temps, votre potentiel créatif n'a pas encore atteint son paroxysme et que vous ferez toujours mieux, ou en tout cas toujours de votre mieux. Votre chien sera encore vilain pour de nombreuses années à venir, j'en suis certain. C'est mon flair qui me le dit ! 

 

 

Tétris / K.W