1987, c'est la révolution, on ne parle que de lui : Robocop ! Paul Verhoeven, en réalisant pour le cinéma un de ses films phares, ne se doutait peut être pas du succès qu'il en obtiendrait ! Ce sera pourtant bien le cas et nombreux seront les produits dérivés à voir le jour à sa suite dont plusieurs jeux vidéos. Celui dont nous allons parler se joue sur NES et date de 1990 en version Europe et de 1989 pour la version Japonaise/Américaine, il met en scène le Robocop le plus faible en batterie de l'histoire !

Scénario : celui du film en beaucoup plus simple, pas de note

Mettre en avant le scénario va être aisé puisqu'il reprend dans les (très) grandes lignes celui du film originel ! Robocop va chasser les criminels en parcourant la ville de Detroit et en éliminant la racaille qui se cache derrière la direction de l'OCP (l'Omni Cartel des Produits), une entreprise tentaculaire ayant la mainmise sur tout un ensemble de marchés de haute technologie et dirigeant plus ou moins officiellement la police de Detroit.

Gameplay : 11/20

Robocop est un jeu simple ! Tout comme dans le film éponyme, notre Cyborg pourra donner des coups de poings et se servir de son arme de service. Le gameplay consistera essentiellement à déambuler dans les différents niveaux proposés en se débarrassant des ennemis qui se précipiteront sur nous, comme les bergers allemands, les motocyclistes ou encore les loubards. Le grand nettoyage se fera la plupart du temps par les poings, mais à certains moments chacun des stages permettra de se servir du fameux pistolet intégré à la jambe droite du flic métallique. De base les munitions seront illimitées et nous pourrons tirer aussi bien de droite à gauche que verticalement ou en diagonale vers le haut. Il sera possible également de récupérer périodiquement (toujours aux mêmes endroits et donc jamais de façon aléatoire) une mitraillette ou un fusil cobra. Pour ces deux armes les munitions seront très limitées. La mitraillette permettant, on s'en doute, d'avoir une cadence de tir bien plus élevée qu'avec le pistolet automatique et le Cobra de dégager une puissance de feu énorme prenant la forme d'une grosse boule blanche. Une arme radicale permettant même de se débarrasser de certains boss ou ennemis nécessitant pourtant normalement d'être défaits à la force des bras ! Son efficacité aura un coût puisqu'elle ne dispose que de trois cartouches ! 

Voila à peu près tout ce qu'il faut savoir pour jouer correctement à cette adaptation vidéoludique de Robocop ! Ajoutons simplement que chaque lieu proposera son boss et ses petites embûches. Nous devrons par exemple nous déplacer sur un tapis roulant tout en évitant des tirs d'hélicoptère, éviter des lance flammes « planqués » derrière les fenêtres d'immeubles abandonnés, ou parcourir un immeuble en prenant garde de ne pas se faire toucher par des drones de sécurité. Le tout n'est pas chronométré mais fait tout de même intervenir le temps sous la forme des batteries dont dispose Robocop. En bas à gauche de l'écran, une jauge d'énergie diminue pour chaque groupe de secondes qui défile. Ne plus avoir d'énergie avant de terminer un niveau en le débarrassant de son gardien final est synonyme de game over ! Tout comme pour les armes, certains lieux, toujours les mêmes là aussi, disposeront d'une petite batterie de secours qu'il conviendra de ramasser (en s'accroupissant simplement dessus via une pression sur le bas de la manette comme pour descendre un escalier). Autant dire que ne pas ramasser ces batteries, c'est être certain de ne pas pouvoir terminer un niveau ! Dans le même genre certains adversaires laisseront tomber des réserves de vie parfois bien utiles dans les environnements avancés du jeu.

Le jeu étant assez simple et rudimentaire, il n'en faudra pas plus pour s'y retrouver, pourtant quelques subtilités de mises en scène furent implémentées mais personnellement j'assimile plus cela à la rubrique Réalisation qu'à celle du Gameplay. Voyage vers le paragraphe suivant donc !

Réalisation :11/20

Il est assez étonnant de constater que ce jeu fut développé par une équipe Japonaise, on aurait pu croire que les acteurs américains du jeu vidéo de l'époque s'y seraient attelés ! Au lieu de cela c'est bien Data East qui s'y est collé même si la version Européenne est estampillée Ocean. Toujours est-il que la réalisation, sans être une merveille de développement, n'en est pas moins honnête. Voyons cela de plus prêt !

Je vous le disais quelques lignes au dessus, certaines subtilités furent introduites dans le gameplay. Si je préfère en parler ici, c'est tout simplement parce qu'elles sont si anodines qu'elles semblent plutôt conférer un petit « plus » d'ambiance au final. Dans la partie basse droite de l'écran, le joueur aura ainsi accès en permanence à un « hub » permettant d'obtenir quelques informations sur l'environnement immédiat de Robocop, informations qu'on pourrait assimiler aux fonctions de scanner par exemple qu'avait Murphy dans le film. La première d'entre elles, figurée sous la forme du visage de Robocop, est le senseur de faux murs/parois destructibles. Que notre robot s'approche d'une paroi pouvant être détruite, et ce capteur s'activera ainsi qu'une visée sur le mur en question. La seconde information, prenant la forme d'un poing, est celle nous disant si oui ou non un ennemi peut être vaincu par arme à feu. Si le poing clignote, c'est que le poing est la seule force capable de venir à bout de l'adversaire d'en face. Avant dernière information : la cible ! Un ennemi est proche ? Alors cette cible s'affichera. Enfin, un E se mettra à clignoter dans le quatrième quart du « hub » si notre vie ou notre batterie atteint un niveau « à surveiller ».

Vous devez vous dire que tout ceci fait bien partie du Gameplay ! Pourtant j'affirme que ça ne sert à rien. Mis à part l'indicateur de murs destructibles (et encore ceux-ci sont si rares qu'on ne s'en sert pour ainsi dire jamais), la totalité des informations est inutile ! Les ennemis arrivent de manière régulière, nul besoin de nous en informer, les jauges sont à surveiller quoi qu'il arrive, nul besoin d'afficher à droite un signal sur ce qui se passe à gauche et enfin pas plus besoin de nous dire si un ennemi peut subir des dégâts par coup de feu puisque de toute façon, seul un ennemi y est insensible dans le jeu et que lui tirer dessus fait tinter son armure d'un son métallique...

Je confirme donc que tout ceci n'est là que pour combler le vide de l'écran dans cette zone. D'un autre côté il en ressort une plus grande assimilation à l'univers de Robocop en disposant de manière subtile ces « sens-gadget » à cet endroit. C'est bien de respecter des idées du film dont il s'agit, et donc de réalisation pour plaire aux fans.

Hormis ces petits détails qu'en est-il de la réalisation à proprement parler ? On le voit avec ce fameux « encart » des quatre sens de Robocop, les développeurs ont tenu à mettre en avant ce qui faisait l'intérêt du film et cela passe aussi par un respect plus ou moins grand envers l'œuvre de Verhoeven au niveau scénaristique et graphique. Nous retrouverons donc les environnements du film (à l'échelle des capacités de la console et de la place mémoire disponible dans les cartouches bien évidemment). Ainsi au long de l'aventure très manichéenne qui nous attend déambulerons nous tout d'abord dans les rues de Detroit pour accéder ensuite à la mairie dans laquelle le maire retenu en otage sera à libérer. Nous enchainerons vers un entrepôt de stockage, zone de transit de drogue ou le fameux protagoniste Clarence Boddicker devra être éliminé, puis sur les locaux même de l'OCP avec pour objectif cette fois l'arrestation de Dick Jones pour meurtre sur officier de police (c'est lui qui est responsable de l'actuel robocop !). Le jeu se terminera par une ultime visite d'une usine de production d'acier dans laquelle le « pire-ennemi » de Robocop (le ED-209 , un robot qu'on peut considérer comme défectueux) devra de nouveau être « désassemblé » avant d'en finir une bonne fois pour toute avec l'OCP et son QG. 

Entre les apparitions des personnages clés du film, celle des ED-209 et les environnements traversés, force est de constater qu'un effort a été fait pour que le fan de l'œuvre cinématographique s'y retrouve et prenne plaisir à jouer. Entre chaque niveau, les créateurs ont d'ailleurs inséré une petite scène, certes répétitive, dans laquelle Robocop passe en mode arrestation avec affichage de ses objectifs et recharge de son pistolet. C'est un détail, tout comme l'ajout ça et là d'une ou deux scènes dans laquelle nous entrevoyons les principaux malfrats de l'histoire ou ces deux occurrences d'un stage bonus dans lequel Robocop doit démontrer son habileté au tir de précision sur cible mouvante, mais ce sont ces détails qui éloignent une production de ce type de la traditionnelle « adaptation-bouse » de licence filmique. Il faut avouer cependant que les détails ne font pas tout et les graphismes sont certainement loin de ce qui s'est fait de mieux sur la petite reine de Nintendo. C'est loin d'être laid mais ça reste fade et répétitif. Avouons quand même que l'esprit sombre et sans grande couleur du film n'aidait pas à développer un jeu rayonnant. A ce titre, on peut alors considérer que Robocop le jeu suit la représentation de Robocop le film !

Je dirais en conclusion de cette rubrique que le jeu ne laisse pas de trace indélébile question réalisation, ni pour sa perfection, ni pour sa nullité.

Bande Son :10/20

Passe-partout, oubliée dès qu'on éteint la console. Pas désagréable pendant le jeu. Les bruitages suivent bien l'action sans être perturbants ou trop peu présents. La bande son est typiquement une bande son « alimentaire » qui joue son rôle en s'en contentant.

Durée De Vie :12/20

Voila bien un jeu qui ne doit se jouer que sur console ! Jouez-le sur émulateur et vous perdrez tout son intérêt ! Les niveaux sont courts et peuvent se traverser en une ou deux minutes...en théorie ! En réalité, sans utiliser d'artifice il sera bien difficile de le terminer sans le connaître par cœur, c'est un soft de cette époque bénie des titres qui demandaient de l'investissement. Attention, ce n'est pas un jeu difficile à outrance en soi mais la nécessité de trouver des batteries demande à elle seule une bonne connaissance des niveaux. Et encore, bien souvent le temps manquera en fin de parcours pour vaincre un boss, pas ultra résistant mais suffisamment présent pour grappiller plus de secondes qu'il ne nous en reste. Le nombre de « continue » limité associé à la lenteur de Robocop et à sa seule vie pour l'ensemble du jeu (terminer à 100% les stages bonus en octroie une supplémentaire) conduisent également le titre vers les sentiers de la difficulté. Difficulté qui je le répète n'a rien d'insurmontable et fait simplement partie de ces critères indissociables des jeux des années 80-90.

Conclusion :11/20

Jeu critiqué, mais jeu joué récemment ou à l'époque ? Et par console ou via émulateur ? Car là est toute la différence ! Jouer Robocop dans les conditions prévues (c'est-à-dire patiemment, en recommençant et en « apprenant » le jeu) ne peut conduire à laisser penser que ce titre est mauvais ! Il n'est certes pas un représentant de ce qui se fait de mieux dans le jeu vidéo mais il remplit son office de licence agréable et passe-temps ! J'en gardais un souvenir flou mais sympathique, y rejouer pour ce test me confirme mes impressions vieilles de plus d'une décennie ! Preuve que Robocop peut laisser sa petite, et j'insiste sur « petite », trace dans la mémoire.