15h21 : Retour au travail...


15h27 : Encore un abcès du kyste du canal de la glande de Bartholin (ouf !). Sauf que cette fois, pas de chance, il ne s'évacue pas de lui-même sous ma puissance mentale.
On met de côté la patiente, pour qu'elle fasse son choix entre un traitement médicamenteux ou un passage au bloc pour percer l'abcès.
Elle préférera la première option.

16h09 : Une cicatrice de césarienne mal refermée que je dois désinfecter.

16h51 : L'instant spéléo : une femme croit avoir perdu son tampon au fond de son vagin. Un coup de spéculum qui ne montre rien. Dehors !

17h20 : Une patiente à 5 SA qui saigne. A l'écho, je ne vois rien, mais Claire voit un utérus vide. On demande un taux de β-hCG pour exclure la GEU.

17h46 : Une dame à 5 mois de grossesse qui a des douleurs pelviennes. L'examen ne révélera rien. Des antalgique et hop !

18h15 : Pause clope avec les filles (bien que je ne fume pas). Il faut bien se plier aux rites d'un groupe...

18h44 : Une patiente qui a développé une atélectasie pulmonaire après une hystérectomie. Je serai bien incapable de vous expliquer, je n'ai rien compris.

19h00 : Je me pose cinq minutes dans ma chambre. Depuis que j'ai terminé de manger, ça n'arrête pas. Je vais voir ce qui se trame à l'étage des naissances pour changer d'air.

19h30 : Me voilà avec les sages-femmes, pendues à leurs tocoélectrocardiogrammes telles des traders qui suivent le cours de leurs actions.
Apparemment, je tombe bien : une patiente est au plein milieu de son travail et risque d'accoucher ce soir. Qui sait, je pourrais peut-être la suivre si je m'y prends bien !
Enfin, c'était avant de la voir s'embrouiller avec le supposé père. Tant pis.

20h30 : Mon devoir m'est finalement rappelé aux urgences. Je dois voir une jeune de 22 ans, grosse de 6 SA, qui souffre de vomissements répétés, asthénie et perte de poids. L'embryon n'avait aucun souci.
Là, elle a été mise sous Primpéran, un antiémétique, et les symptômes avaient quasiment disparus.
Je lui demande si elle est suivie pour sa grossesse ; elle me répond par la négative, arguant que, d'après une amie, ce n'était pas utile avant trois mois.
J'ai oublié la grande expertise médicale qu'ont les amis... -_-
Après lui avoir remonté les bretelles sur le fait qu'une grossesse doit être suivie dès le départ par un gynécologue, je laisse Claire lui prescrire quelques antalgiques, qui la met dehors avec les mêmes consignes.

21h43 : Une femme d'âge moyen qui rentrait de Thaïlande et qui avait autant mal que si « elle avait des orties dans le vagin ». Mon premier herpès !
Vulve de la taille d'un sexe d'éléphante, boutons blancs luisants de pus sur toute la surface extérieure, boutons indurés sur toute la paroi intérieure, des leucorrhées couleur jaune...
J'ai dû me laver trois ou quatre fois les mains tellement ça m'a impressionné.
Vu que l'herpès est un virus qui peut rester asymptomatique chez l'homme, c'est sans doute un cadeau que son mari lui a transmis, sans le vouloir (j'ose le croire).
De la crème, des antiviraux, des antalgiques, et bonne soirée !

21h53 : Je remonte en salle de naissance : la relève des sages-femmes est arrivée, et on m'a piqué la patiente que je convoitais depuis tout à l'heure.
Cette nuit, pour assister au miracle de la naissance, ça semble râpé.

21h59 : Je vais me consoler en allant diner, tiens. Sauf que, à peine l'entrée dégustée, l'anesthésiste appelle Amandine pour signifier que l'intervention peut commencer.
En effet, une patiente d'Henri Mondor a été transférée chez nous pour une douleur en fosse iliaque et en fosse lombaire, qui s'est révélée être un hémopéritoine.
Amandine veut donc faire une cœlioscopie pour déterminer l'origine du saignement.

22h21 : Après m'être piteusement perdu dans les couloirs mon camembert à la main, j'assiste à l'opération.
A cause d'un utérus myomateux, l'exploration est difficile, mais des caillots ont été aspirés et le lavage abdominal donnait une eau claire à la fin de l'observation. Plus de saignement, donc.

00h24 : Enfin le plat de résistance ! Pour me le gâcher, Amandine & Claire commencent à me poser plein de questions d'obstétrique, auxquelles je réponds à moitié.
Elles se plaignent que je ne m'investis pas assez ; je leur réponds du tac au tac qu'avec mes révisions, j'ai un peu d'autres chats à fouetter pour le moment.
Gros blanc. Je crois que je les ai vexées. Elles reprennent la discussion entre elles pendant que j'écris des bêtises sur Twitter.

00h54 : Retour aux urgences. Dur. Très dur.

01h13 : Patiente avec des règles douloureuses. Je ne vois rien de particulier.

01h25 : Claire, elle, arrive à détecter une rupture de kyste ovarien.

01h34 : Patiente, enceinte depuis la mi-avril, qui se tord de douleur et vomit sur un brancard. Son dossier indique des antécédents de tuberculose et une opération en mars pour soigner une infection pulmonaire.
L'interrogatoire est impossible. Je demande à ce qu'on lui administre Primpéran et Biprofenid.

02h08 : Moment de répit entre les entrées de patientes.

02h30 : Couple qui arrive parce que madame, enceinte de 11 SA, a des douleurs au niveau du pubis. Elle a comme antécédent trois grossesses arrêtées.
L'embryon n'a rien, mais Claire, touchée par leur fragilité, se met en quatre pour les rassurer : elle leur offre une image d'écho et passera cinq bonnes minutes à leur montrer la grossesse sous toutes les coutures.

02h51 : L'échographie de la dame au brancard ne dit rien. On la garde sous surveillance, avec de hautes doses d'antalgique.

03h00 : Enfin ! Au dodo !

03h48 : Pas tout à fait. Je dois écrire tout ce qui s'est passé précédemment avant de tout oublier. :/

07h00 : Je me réveille tout seul et je vais au staff de façon machinale. En essayant sans succès d'ouvrir la salle, je me souviens que la réunion est à 8h, et non 7. Boulet, moi ?

07h10 : Je monte donc en salle de naissance récupérer l'assiette de mon gâteau.
Quand je salue la sage-femme, elle me dit qu'il y a une naissance au bloc de maternité. Pourquoi ne pas y assister ? C'est une bonne manière de passer le temps.
Après m'être perdu une nouvelle fois, je m'habille et j'arrive pile au moment le plus intéressant : la naissance.
Claire a ses mains dans le vagin et demande à la future mère de pousser. Le père, totalement extatique, donne le rythme à sa femme avec entrain. Passées quelques minutes d'intenses efforts, je vois la tête commencer à s'extraire du vagin. A ce moment, je me vois subitement pâlir.
L'interne continue d'écarter au maximum le vagin en entourant la tête de ses mains. Celui-ci semble tellement tendu qu'on sent que la rupture n'est pas loin.
Progressivement, la tête s'extrait et dès que le menton dépasse, Claire tourne la tête du nouveau-né d'un coup de poignet pour faire passer les épaules à travers le col. Le reste glissera de lui-même.
Le cordon ombilical est clampé [NDL : d'ailleurs, il ressemble à s'y méprendre à un long ravioli chinois vapeur], le père le coupe et ce dernier suit la sage-femme qui amène le bébé au lavage.

L'épreuve n'est cependant pas terminée : elle accouche de jumelles ! Rebelote, donc.

Une fois numéro 2 née, ce n'est toujours pas fini. Le placenta doit encore être évacué : c'est la délivrance. Heureusement, ce ne sera pas long. En une contraction, elle expulse l'organe. Claire mettra ensuite la main dans l'utérus pour s'assurer de sa vacuité.

Et moi ? Je massais l'utérus pour le stimuler et ainsi faciliter sa recontraction, pendant qu'elle posait un point de suture sur le col, qui s'est un peu déchiré.

L'accouchement est terminé ! Je descends au premier étage pour assister au staff.

08h20 : Je m'installe en salle de staff, et à peine les fesses posées, la chef qui menait la réunion me cueille à froid en me bombardant de questions. A demi-éteint, je réponds correctement à la moitié environ.
Claire me demande ensuite d'aller chercher le dossier de l'opérée de la veille. Je sens l'embrouille...
Et effectivement, on me demande de présenter cette patiente ; ne l'ayant pas vu par moi-même, il ne me reste que quelques vagues souvenirs ainsi que le dossier rédigé par Amandine qui ferait pâlir Champollion. Je sèche donc. Je tends le bras pour lui rendre son dossier afin qu'elle le lise elle-même. Je me souviens parfaitement l'avoir vu exploser à ce moment-là... Voyant l'urgence, Claire présentera donc le dossier.

A la fin du staff, Amandine me prend à partie et m'incendie en disant que j'avais tout le temps de potasser le dossier (haha !), que c'est pas possible, que je n'ai fait que passer pour un con devant tout le monde, bla bla bla...
Je ne l'ai pas écouté. Elle parlait bien trop vite [NDL : honnêtement, elle a un débit de parole ahurissant] et mes seules pensées étaient orientées vers ma couche.
Toujours est-il que je me suis abstenu de lui dire que je me collais au cul tout ce qu'elle pensait de moi.

Après avoir spontanément reçu des témoignages de sollicitude de mes camarades, j'ai enfin pu partir. La prochaine en juillet !