Le 13 juin 2011 :

Après une riche semaine et un week-end passé à se noyer sous les révisions pré-partiels, me voilà en ce jour férié, prêt à passer une première garde, a fortiori de 24h, en gynécologie obstétrique.
Je suis content d'avoir enfin l'occasion de passer au bloc et j'appréhende en même temps la probabilité élevée de finir sur les rotules, impactant ainsi mes chances de révision au début de cette semaine. Mais bon, voyons ce que l'avenir compte me dire...


08h24 : Alors que je pénètre (en retard) dans l'enceinte de l'hôpital, je reçois deux coups de téléphone d'un numéro inconnu. Un chef en furie ? Un interne ulcéré ? Réponse dans 10 mètres.

08h30 : Ah, non, en fait, c'était Marine, une de mes coexternes de garde dimanche, qui se demandait si je n'avais pas oublié ma garde. Et vu qu'elle ne peut pas partir tant que je ne me suis pas pointé...
Je m'excuse platement. Elle me montre ma chambre de garde, l'étage des naissances, le vestiaire et la cuisine de garde. Après cela, elle prend congé. J'enfile un pyjama vert et je descends aux urgences.

08h36 : Les urgences sont vides. Je me présente aux sages-femmes et aux infirmières. Pas de trace de l'interne pour le moment.

09h16 : Je visite un peu pour prendre mes marques. Les sages-femmes me présentent le fonctionnement de la salle de naissance, les aides-soignants m'invitent à prendre le thé, mais toujours aucune trace d'un interne.

09h25 : Finalement, je retrouve l'interne et la chef de garde, Claire & Amandine, en cuisine de garde, en pleine discussion. Je dis bonjour, furtive réponse de leur part (je présume, je ne l'ai pas vue), puis elles continuent de m'ignorer cordialement. Bon, comme ça, c'est clair...

(Oui, je me suis en plus emmerdé, vu que c'est la tradition pour les gardes, à faire un gâteau au chocolat, qui était trop sec pour ces princesses, et gniah gniah gniah, et gniah gniah gniah... BREF !)

09h35 : Quitte à être considéré comme l'homme invisible, autant profiter du petit-déjeuner sur la table...

10h00 : Bon, je descends aux urgences, envie de voir des patientes.
La première vient pour un abcès du kyste du canal de Bartholin. Vu que je ne sais pas ce que c'est, ça commence bien.
La patiente a déjà été hospitalisée pour un abcès similaire en février. Cela est donc une récidive. A l'examen, elle a la grande lèvre gauche gonflée, très douloureuse. Je préfère ne pas pousser l'examen plus loin.

10h15 : Alors que je remplissais son dossier, l'infirmière me prévient que la patiente précédente m'appelle. Elle me décrit avoir eu des urines troubles (purulentes, donc), qui ont provoqué la disparition de l'abcès. En la réexaminant, je confirme. La grande lèvre a retrouvé un aspect normal, et à part un peu de sang et de leucorrhées un peu jaunâtres, tout va bien.
J'attends l'interne pour avoir le fin mot de l'histoire.

10h36 : L'interne d'astreinte, Jérémy, se montre enfin. Je lui dis ce que je sais et nous allons la voir. Après un examen rapide, il lui affirme que son abcès a éclaté.
Il m'explique. La glande de Bartholin est une glande destinée à lubrifier le vagin lors des rapports. Il arrive que celle-ci se bouche, entraînant la formation d'un kyste liquidien. Des bactéries peuvent ensuite s'y installer, provoquant la douleur et transformant le kyste en abcès.
Celui-ci se perce seul, mais récidive souvent. A terme, il faudra sans doute lui retirer sa glande.

Ne manque plus qu'une infirmière la déperfuse, et elle peut partir !
Il faut croire que je lui ai porté chance...

11h00 : La deuxième patiente est bien plus complexe. La cinquantaine, venue pour des douleurs abdomino-pelviennes et en fosse iliaque droite, avec des antécédents de spasmophilie avec crises de tétanie. Toucher vaginal douloureux au fond...
Tellement de pistes possibles que j'en ai mal à la tête.

11h13 : Jérémy revient et nous la voyons en vitesse. Antécédents de calcul, douleur en fosse lombaire : c'est une colique néphrétique. J'y avais pensé, mais je me suis laissé tromper par les symptômes gynécologiques. Une échographie à faire en ville, des antalgiques, et hop !

12 h00 : Je vois ensuite une dame enceinte de 15 SA qui vient pour des douleurs abdominales et qui dit ne plus ressentir ni les mouvements ni les battements cardiaques du fœtus.
A l'écho, pas de problème visible : cœur qui bat et fœtus agité. Je soupçonne des troubles intestinaux et enquête dans cette direction. Bingo : elle est constipée. Voilà qui explique tout.
Hop, des antalgiques, des consignes (boire beaucoup et manger des légumes, sauf les espagnols) et à la suivante !

12h22 : Je retrouve la patiente pléthorique que j'ai vue la semaine dernière, sauf que cette fois, elle a ramené toutes ses (bruyantes) filles !
Le taux de β-hCG a diminué, ce qui prouve que la cure de méthotrexate a fonctionné.
Elle sera vue dans une semaine pour un contrôle.

12h41 : Cette fois, je m'occupe d'une patiente qui a mal au bas ventre. Ses dernières règles remontent à la mi-avril. Pas de fièvre, mal de ventre franchement léger : rien de remarquable.
J'arrive à trouver le sac avec l'embryon en échographie abdominale, mais je n'ai que nuit et brouillard en endovaginal.
Jérémy débarque donc, et tombe directement sur le sac qui contient en réalité... deux embryons.
La dame, un peu sous le choc, répète en boucle qu'elle n'en attendait qu'un seul et rit nerveusement.
Elle repassera demain pour commencer un suivi ici, les gémellaires étant des grossesses souvent à risques.

13h36 : Jérémy et moi voyons une adolescente qui passe son baccalauréat jeudi. Elle était initialement hospitalisée en chirurgie viscérale pour des douleurs abdominales d'étiologie inconnue.
Elle a été orientée chez nous suite à la découverte à l'écho d'un kyste ovarien.
Jérémy trouvera en plus un hydropyosalpinx avec une douleur au niveau du foie : la jeunette nous couvait une infection à Chlamydiae qui s'est aggravée en salpingite.
Première relation (non protégée, sinon, ce n'est pas drôle), bim, première IST.
On l'hospitalisera donc, en restant très évasifs sur la nature de l'infection, à elle et à sa mère.
Avec un peu de chance, elle sortira mercredi, assez tôt pour avoir la possibilité de composer.

14h43 : A table !

A suivre...