Le 17 janvier 2011 :

Hop, nouveau carnet, tout beau tout neuf !

Aujourd'hui, je ne suis pas allé en staff du tout, la flemme.
Deux blocs du jour, un nouveau patient... la semaine commence simplement. Par contre, je n'ai pas pu aller le voir lors de la visite quotidienne : il y avait en effet le choix des optionnels et je n'avais aucune envie d'arriver en retard.
Je botte donc en touche pour aujourd'hui.

Le 18 janvier 2011 :

Je suis motivé comme jamais pour faire de bonnes observations cette semaine, histoire de prouver que je ne suis pas plus nul que les autres.

Donc, deux observations pour deux patients. La première : patiente presque quinquagénaire bien portante qui vient pour sa carotide interne gauche, qui s'est resténosée après une endartériectomie il y a un an. Devant ce type d'échec, on évite de rouvrir le cou pour préférer l'endoprothèse en passant par l'artère humérale.
Je lui prends un rendez-vous jeudi pour un Doppler de contrôle post-opératoire.

La seconde : une octogénaire, qui a perdu une jambe des suites d'une AOMI, vient aussi pour une carotide bouchée. Vu son âge, pas de geste trop invasif : on lui dilatera simplement sous contrôle radio.

Après ça, je cours en cours...

Le 19 janvier 2011 :

Une autre, une autre ! Patiente adressée par les cardiologues, après une décompensation d'insuffisance cardiaque, supposée comme traitée. Vu que ses orteils étaient noirs, ils ont demandé aux chirurgiens vasculaires un avis. Ces derniers ont décidé, vu l'état piteux de sa circulation au niveau de la jambe gauche, de couper à mi-cuisse, avant que la nécrose ne gagne du terrain et ne s'infecte.
A noter que pour tout arranger, elle fait une hématurie en post-opératoire et que ses hématies se cassent la gueule sur les bilans hématologiques (les signes d'une perte sanguine, en résumé). Je sens qu'elle est là pour un certain temps.

La deuxième patiente est là pour une carotide sténosée à 70%. Endartériectomie classique, donc...

J'ai emmené mon patient de la semaine dernière, l'AOMI amputé, en radio, vu qu'il se plaignait de douleurs abdominales depuis plusieurs jours. Je lui ai aussi rempli ses papiers de sortie, et Philippe a rédigé ses ordonnances : il sort demain et sera suivi en HAD, le temps que son moignon cicatrise, pour ensuite aller se rééduquer avec une prothèse.

Sinon, il y a bien la patiente qui est là depuis une semaine, attendant un avis ophtalmo, mais elle est au bloc. Si le compte-rendu opératoire est là demain, je ferai son observation, sinon, ça attendra.
Une observation en pré-op, à part pour un anesthésiste, ça ne sert à rien...

Le 20 janvier 2011 :

La patiente est revenue dans le service, mais pas de compte-rendu opératoire.
Philippe m'avertit que l'octogénaire que j'ai vue mardi a été reprise au bloc pour une fuite au niveau de l'artère humérale (c'était le point d'entrée pour remonter vers la carotide en endovasculaire)...

Et donc, ça n'a pas manqué. Lors de la visite, Edwige m'a vertement reproché de ne pas avoir fait d'observation, non sans ajouter que je n'écoutais pas et que je ne faisais aucun effort. Et lorsque pour la deuxième patiente, j'ai mis 5 secondes à donner le temps passé depuis l'opération, elle est repartie de plus belle dans le torrent de réprimandes. J'avais juste oublié de le noter en gros en début d'observation ; tout le reste était complet, mais ça, hein, on s'en fout.

Sans doute pris de pitié, Philippe me prend à part pour me dire qu'un de mes patients avait une paralysie faciale périphérique du côté de la carotide opérée (chose que je n'avais pas remarqué, vu le visage tout ridé du monsieur). Il devait savoir qu'elle allait me poser la question, alors qu'elle ne m'en avait jamais parlé avant. Elle a décidé de me cibler, aujourd'hui...
Et comme prévu, elle a posé la question. Je jurerais avoir lu dans son visage la certitude de me piéger, elle ne voulait que ça. Mais non, raté ! Je dois une bière à Philippe.

J'aurais pu répliquer en parlant des visites qu'elles nous promettaient en semaine et qui n'ont jamais eu lieu, mais je crois que tout ça commence à me passer au-dessus de la tête.
Ils peuvent me pourrir tant qu'ils le souhaitent, ça ne m'atteint plus.

Fin de semaine. Ce soir, garde, puis deux semaines de mise au vert au bloc. Elles ne pouvaient pas mieux tomber !