Le (vendredi) 03 décembre 2010 :

J'arrive en retard au staff quotidien [NDL : attention, je vais souvent écrire cette phrase dans les prochaines semaines !].

Le PU-PH nous harcèle de questions quant à notre absence de la veille. Nous avons beau lui expliquer le caractère obligatoire de notre formation SAMU, il nous met toujours en doute. La confiance règne...

Après cela, nous prenons nos quartiers. Nous sommes quatre, deux de nos coexternes étant parties à leur tour à la formation.

J'ai donc huit patients à couvrir en ce jour. Je lis leurs dossiers, mais je ne sais ni quoi penser, ni quoi faire. Ils souffrent tous de pathologies que je ne connais pas, leurs dossiers sont souvent épais comme une anthologie de poésie antique, bref, je reste là, interdit, pendant un très long moment. Heureusement, quand Edwige (la chef de clinique adjointe de médecine générale) arrive, tout va mieux : elle nous donne les noms des patients à qui il faut éditer des bons pour des examens complémentaires, puis passe avec l'externe concerné dans chaque chambre. Elle ne nous laisse pas courir tels des poulets sans tête, et c'est un véritable soulagement.
Vers 11h30, l'interne me dit que je dois rédiger une observation pour un patient qui s'apprête à partir au bloc. C'est ma première depuis très, très longtemps... Heureusement pour moi, le patient est à peu près clair. Par contre, impossible de trouver Edwige pour qu'elle me donne son avis. Je range mon dossier nouvellement créé, espérant qu'il est assez bon pour passer.
Je m'en vais.

Le 7 décembre 2010 :

Aujourd'hui, j'ai commencé la journée de très, très mauvaise humeur. Pour quelle raison ? La garde de l'avant-veille ? Pas tellement... A cause du laïus du Pr. Deg (appelons-le comme ça), le même PU-PH que j'évoquais les jours précédents. Il se plaignait de nos absences successives pour la formation SAMU (alors qu'on a essayé des centaines de fois de lui faire comprendre son caractère obligatoire) et nos lendemains de garde, prétextant que « nous ne faisions rien là-bas » (le lieu commun préféré de nos chers chefs de service & praticiens hospitaliers).
J'ai dû me concentrer très fort pour ne pas dire quelque chose que je regretterai.
Il a aussi décidé de nous donner un cours d'anatomie demain à 16h. Ça, à la limite, pourquoi pas...

Je monte au bureau, j'imprime ma liste de patients : deux entrants, donc deux observations à faire. Edwige me dit qu'elle jettera un coup d'œil dessus quand j'aurais terminé. Ça me semble nécessaire, vu que je ne suis toujours pas rodé à l'exercice.
En attendant qu'elle arrive au niveau de mes chambres, je vais voir mon premier patient.

Dès mon entrée, je suis frappé par son état général : ses cuisses sont moins épaisses que mes bras... Il a aussi du mal à s'exprimer, étant décanulé il y a à peine quelques jours. Je comprends néanmoins qu'il a apparemment été dans le coma un long moment, un mois et demi selon ses dires. Je lui fais un rapide examen clinique, et je le laisse tranquille.
Bon, en fait, je n'ai aucune matière : il va falloir creuser son épais dossier.
Il a été opéré fin septembre d'une AAA, compliquée en post-op d'une infection et d'un hématome rétro-péritonéal... Je dois remplir les papiers de l'assistante sociale pour lui trouver une place dans un centre de convalescence, afin qu'il se remette au plus vite de sa fonte musculaire et remarche au plus vite.

Une fois le tout rédigé, je rejoins Laurence, l'interne belge, qui passe dans mes chambres. Le dernier lit est celui de l'autre entrant, opéré de la carotide interne. Il souffre logiquement de dysphonie, et son accent italien n'est pas là pour me faciliter la tâche ! Examen clinique et rebelote, spéléologie de dossier...

A 13h30, mon observation est faite. Je mets les voiles.

Le 8 décembre 2010 :

Je me sens mieux luné que la veille. Edwige va enfin voir et juger mes observations. Enfin, quand elle aura un peu de temps... Pour bien commencer ma journée, je m'occupe de faxer les bons pour avis ORL. Sauf que je galère à trouver les étiquettes, puis je me prends le bec avec la secrétaire d'ORL sur le contenu des demandes et qui ne me donne pas les heures de rendez-vous... Finalement, Edwige est passée derrière et a tout finalisé.
Tout ce temps perdu à ne pas voir les patients à présenter pour la grande visite...

Aux alentours de midi, le chef de clinique, Fréderic, dit vouloir nous faire cours. Tant mieux, je ne me voyais pas faire un aller-retour dans l'épaisse neige qui tombe.
Le temps de réunir tout le monde et le dépoussiérage de nos notions peut avoir lieu.
13h30, fin de journée. Ma présentation de demain va être sport...

Le 9 décembre 2010 :

J'arrive aux alentours de 8h30. Je m'attendais à être encore en retard, mais non, certains de mes camarades ne sont même pas encore présents.
Je m'enquiers de l'état de mes patients : damnation, un entrant... La visite commence bientôt, non ? Tant pis, allons le voir. Mieux vaut être en retard que de présenter copie blanche.
Au final, j'ai eu tout le temps de rédiger une observation correcte.

Le Pr. Deg nous fait signe qu'on commence. J'embarque mes pochettes bleues correspondant à chaque lit, et c'est parti. Je m'attendais à me faire mettre en pièces, mais non : du moment que l'on sait résumer en quelques lignes la situation passée et actuelle de chaque malade pour lui rafraîchir la mémoire, il sera satisfait.
Il nous a d'ailleurs félicité à la fin de celle-ci, soulignant la progression par rapport à la semaine dernière [NDL : en même temps, ils n'étaient que trois et venaient à peine de débarquer, hm...]. Bref, le professeur n'est pas si méchant que je ne le pensais ! C'est déjà ça...
A la fin de la visite, dispersion.

Le 10 décembre 2010 :

Aujourd'hui, grosse défaillance [si, si, je le jure !] : je me lève à 9h au lieu de 6h... Je commence donc mon service à 10h30, en redoutant de me faire chauffer les oreilles. Mais non, c'est à peine si les gens se sont rendu compte de mon absence jusque-là.
Les patients n'ont pas bougé depuis hier, je n'ai donc rien à faire. Je propose donc mon aide à Edwige. Et hop, elle me donne une demande d'avis dermato et un rendez-vous d'ORL à prendre. Ça m'aura occupé jusqu'à 13h...