Le 24 novembre 2010 :

18h00 : J'ai réussi avec de grandes difficultés à lever mon séant de ma chaise de bureau pour enfourcher un Vélib et me rendre à HM pour la dernière garde de mon trimestre.

Je pose mes affaires en chambre de garde, et je pars en cuisine me prendre des vitamines, données le matin même par des hommes-sandwiches devant la faculté.
En buvant la dilution immonde de ce comprimé effervescent, je croise l'externe de médecine qui me dit « c'est toi l'externe de chir' ? » d'un air plein de suffisance. Je réponds par l'affirmative et crois utile d'ajouter : « Ah, je ne dormirai pas dans la chambre de garde, on m'a donné les clés d'une chambre personnelle dans les étages. ». Ce n'est pas comme si je m'en préoccupais, pourtant.
Bon, ben lui il va me prendre la tête...

18h20 : Ce même externe qui me dit de façon autoritaire « va t'occuper de la plaie en attente ! ». Je vais donc chercher le chariot en grommelant, mais je tombe sur Ossama, le FFI d'ortho, descendu pour s'occuper d'une fracture du poignet !
Moi, bêtement, je me dis : ça promet un bloc, ça... Mais j'avais oublié que la patiente concernée avait 91 ans. On se contentera donc d'un simple plâtre. Il me laisse quasiment le faire tout seul, et me dit que je ferai un bon chirurgien ortho... Hihihi ! (rire de jeune fille en fleur)

19h00 : Le plâtre terminé, il remonte à l'étage et rencontre enfin Jérémy, co-externe du soir et co-stagiaire d'ortho, qui s'est finalement débarrassé de la plaie au menton à ma place.

19h30 : Je retombe sur Jérémy, qui s'occupe dans un box d'une patiente âgée souffrant d'une plaie de la tête. Ses cheveux sont un vrai sac de nœuds avec le sens coagulé qui transforme les mèches fines en gros pâtés sanguinolents. Je lui apporte un drap pour nettoyer les cheveux, les couper rapidement et finalement faire les sutures moi-même.

20h12 : Je le laisse présenter la patiente à la chef du soir. Le téléphone retentit : une famille inquiète du sort d'un proche hospitalisé. J'essaie de les rassurer tant bien que mal sur sa prise en charge, alors que je n'ai pas plus d'information qu'eux.

20h40 : Le chef de neuro de garde descend donner un avis. Il nous propose de l'assister lors de l'interrogatoire. S'ensuit un examen clinique méthodique qui nous impressionne un peu, nous qui n'avons pas réfléchit à un véritable interrogatoire depuis plus d'un trimestre...

21h20 : Il décide de l'hospitaliser pour des examens complémentaires. La patiente souffre d'une paresthésie d'évolution progressive dans le bras, la jambe et le dos, le tout du côté gauche, sans atteinte de la face. Les urgentistes avaient prescrit un scanner de l'encéphale, alors qu'un scanner des cervicales était nettement plus indiqué, selon lui.
Il en profite pour nous donner un petit cours, mais il est bien trop tard pour que je retienne quoi que ce soit de neurologique...

21h47 : D'ailleurs, après ça, nous allons manger en salle de repos. Jérémy s'est faut des pâtes au saumon, moi, je me tape les épinards au beurre de l'APHP, avec une omelette goût vomi. Au moins, j'aurai mangé sainement, moi !

22h00 : Je prends le téléphone du comptoir : encore une famille qui veut des renseignements. Je les rassure en faisant une pirouette.

22h31 : Idem à 22h.

22h44 : C'est plutôt tranquille. Un handballeur se présente pour une plaie apparue après une hyper extension du doigt. Jérémy manifeste l'envie de la recoudre, je lui laisse. Je reste dans un coin pour le regarder faire. Sur l'ordinateur du box, une plaie du pied apparaît à l'ordinateur. Je sors la chercher mais je ne la verrai jamais...

23h37 : La chef, bien accommodante ce soir, nous laisse aller tailler le bout de gras en cuisine.

Bouh il fume ! L'inconscient !

00h59 : ...Mais le devoir me rappelle rapidement. Une vieille patiente qui s'est pris un mur en cherchant ses lentilles. C'est ballot... Pour tout arranger, elle est sous Plavix : ça saigne sa race. Jérem' m'aide à éponger le sang pendant que je suture l'arcade blessée. Je réussis l'opération et la chef me félicite : « c'est digne d'un interne de plastique ! ». Hihihi ! (rire de jeune fille en fleur)

01h15 : A peine sorti du box, l'interne me demande de faire un ECG a une femme âgée (il n'en manque pas dans cet hôpital, vous l'aurez remarqué) ? Elle est extrêmement bavarde et j'ai un mal de fou à la faire taire. J'appuie sur le bouton d'acquisition et la machine me sort un tracé fantaisiste. Je suis obligé d'aller chercher une autre machine et de reposer tous les patches. Le matériel de l'APHP...

01h30 : Ma patiente de 00h59 attend toujours ses papiers de sortie. Je me plie en quatre pour retrouver ma chef, volatilisée, qui finit par me tamponner mes papiers. Elle veut la faire partir à pied, j'insiste pour qu'elle parte en ambulance. Lorsqu'elle la voit assise en attente, elle me dit qu'il vaut mieux que je la rallonge sur un brancard pour ne pas éveiller les soupçons des ambulanciers...

Le trou de la Sécu ne me remercie pas !

02h00 : De retour en salle de repos...

02h10 : Nous sommes entrés dans la période très calme de la nuit. Une demande au doc, et on peut aller dormir !

04h00 : Le téléphone retentit. Nous craignons un appel funeste venant du bloc, mais en fait, ce ne sont que les urgences pour de petits points vite faits. Jérem' se dévoue.

07h30 : Ma montre sonne. On s'habille et on s'en va !