Aujourd'hui, j'ai envie de parler de trivialités. Plus précisément ? La chambre des externes...

Pour bien vous situer l'endroit, c'est une chambre qui se situe au fond du rez-de-chaussée, non loin des urgences, mais dans une partie vétuste et inutilisée, qui abritait des bureaux de paiement des séjours, apparemment. Ajoutez la lumière chancelante et la peinture qui s'écaille, et vous avez une magnifique carte postale d'un lieu parfaitement anxiogène.

La chambre en elle-même, sans serrure, est une pièce carrée d'à peu-près trois mètres sur trois, contenant deux lits et un lavabo poussiéreux. En face de la porte, il y a des fenêtres, mais celles-ci ont été condamnées. Ce qui fait que ce lieu sent les pieds de tous les externes qui nous ont précédés. Sympa, non ? Je n'ai pas fini.

Les lits sont montés sur ressorts. Et les ressorts, avec le temps, ça se détend. Ce qui fait qu'avec mes cent kilos tout mouillé, allongé sur le dos, mon matelas tutoie quasiment le carrelage. Si peu de considérations pour mes vertèbres... Et je ne parle pas du téléphone fixe, qui nous relie à tout l'hôpital. A chaque fois que je le regarde, je pense au vautour qui dégustait tous les jours le foie de Prométhée. La perspective de l'entendre sonner, à propos d'une suture à faire ou d'un bloc à couvrir, me tourmente tellement que j'en reste parfois (trop souvent) éveillé.

La seule chose qui prête à sourire, ce sont les murs, couverts de graffitis d'externes. Des sexes en érection, un plâtre à la forme phallique collée au mur (qui fait un très bon porte-manteau, d'ailleurs), quelques insultes à l'encontre de professeurs bien connus... Cependant, ça reste assez vide. La chambre a apparemment été changée il y a quelques temps, ce qui expliquerait les murs trop clairs.

A ma prochaine garde, j'apporterai un marqueur et je dessinerai quelque chose. Quoi, je ne le sais pas encore. Et à une autre garde, je pense que je briserai cette fenêtre, déni de notre capacité à s'oxygéner. Mais cela, je pense que je ne le ferai pas tout de suite...

A noter que la semaine prochaine, je vais enfin mettre en ligne un petit projet qui me tenait à coeur pour rompre, le temps d'un billet, la monotonie de mes jérémiades. Restez à l'écoute !