Henri Mondor ? Tout dans la longueur...

Le 5 octobre 2010 :

C'est le début de ma semaine à l'étage [NDL : Théoriquement, elle aurait dû être la veille, mais j'étais dans l'incapacité de venir à cause d'une coupure de courant chez moi...] ! Après le staff, me voilà en liberté... Mais je ne suis pas seul : Nassim, une vieille connaissance de la fac qui a redoublé sa D4 (volontairement), est contraint de passer un stage clinique dans le service.

Je vais au poste de soin avec Iz, qui me donne fort gentiment le code du vestiaire des internes, et c'est parti ! Enfin, non, pas tout à fait ; j'ai bien dû attendre 30 minutes avant le début de la visite, menée par le Dr Laval. Mais une fois commencée, ça va très vite : il voit la moitié des patients du service avec au moins une minute de moyenne dans chaque chambre... Mais il faut bien le comprendre : dès qu'un patient est opéré et qu'on a vérifié qu'il ne faisait pas une complication précoce ou secondaire, il perd tout intérêt immédiat aux yeux du chirurgien...

Après la course, je me mets à suivre Blandine, une des internes du service. Elle me charge de chercher une feuille de demande d'avis diabétologique, puis de la remplir... Etant tout à fait ignorant des traitements et du remplissage d'un bon de ce type, ma détresse a dû émouvoir assez pour pousser Françoise, Morgane (qui ont eu un stage en endocrinologie l'an passé) et l'infirmière à m'aider à m'en sortir correctement.
Ensuite, un coup de téléphone. Un interne d'orthopédie doit descendre retirer des broches du poignet d'un patient de réanimation chirurgicale. Nous descendons donc. L'interne de réa chir, qui est une connaissance de Blandine, nous présente le patient : opéré pour des hématomes extra et sous duraux suite à un AVP et qui a donc eu une fracture (consolidée depuis) du poignet.
Le temps d'aller chercher les instruments à l'office du bloc, et début de l'intervention au lit. Ah, le patient est un peu trop agité... Le réanimateur lui donne un coup de morphine, et il se calme immédiatement (mais pas assez pour que je puisse en retirer une...).
Une fois la mission accomplie, pause cigarette avec ces deux-là. Le réanimateur nous décrit son service, en proie aux dissensions internes à cause d'un chef de service qui gère son département à la Néron...
J'entends trop souvent ce type d'histoires. Subir les humeurs erratiques des supérieurs hiérarchiques (et dieu sait qu'il y en a, des humeurs comme de supérieurs) est ma hantise. Je veux être indépendant... Mais d'ici à ce que je le sois, je sens que je vais souffrir.

Le 6 octobre 2010 :

Le lever de soleil était magnifique aujourd'hui. C'est tout ce que j'ai retenu du staff. Avec la grande dispute entre les chir pour déterminer si une patiente s'était luxée avant ou après être tombée de son lit. Passionnant...

Après la visite éclair (encore) avec le Dr π en compagnie de Morgane (qui fait du zèle aujourd'hui) et Nassim, je suis Roman qui fait sa visite de l'autre côté. Pas très exaltante non plus, mais il glisse toujours des rappels généraux intéressants pour la future bête de concours que je suis : toujours prescrire des laxatifs si l'on donne de la morphine (ça constipe !) ; les quatre types d'antalgiques : paracétamol et AINS, les opiacés faibles (ex : codéine), les opiacés fort (la morphine et ses dérivés), et les co-analgésiques (un peu fourre-tout, qui comprend les antidépresseurs, les antiépileptiques...) ; les douleurs névritiques sont souvent calmées par les co-analgésiques.

Une fois fini, il m'a offert le café et nous avons discuté de ses loisirs et occupations hors de l'hôpital : il m'a assuré qu'elles n'avaient pas beaucoup changées depuis la fac (bières entre amis, copines...) et il m'a avoué être un fanatique de Super Street Fighter IV (qu'il a acheté à sa sortie, comme un gros geek) et de jeu vidéo en général (il s'est acheté Castlevania LoS il y a quelques jours)... Ouf ! D'un coup, je me sens moins seul !

Le 7 octobre 2010 :

Hier, erreur mortelle : je me suis couché tard. J'ai passé mon temps à me demander où j'étais au lieu d'écouter ce qui se disait au staff. De toute façon, le temps de quitter le mode radar qu'il était déjà terminé.

Le docteur Jll aurait dû nous donner cours, mais celui-ci a fui comme un gros lâche à la fin, refilant la patate chaude au Dr π. Le temps que ce dernier se prépare, nous avons fait connaissance avec Enrico, un Erasmus italien tout frais en stage avec nous. Et on s'est jeté sur le gâteau que Françoise avait préparé pour sa garde. J'ai vécu de pires matinées !
Bon, pour le cours, rien à noter : π a improvisé en empruntant le VG de Sylvain.
Une fois la lecture terminée, Morgane posa cette question simple : « Vous pouvez nous apprendre à faire des plâtres ? ». Et là, ce fut le tournant d'une demi-journée qui s'apprêtait à être banale au possible.

Le Dr Laval est arrivé en renfort et nous nous sommes rendus dans les boxes de consultation de l'étage, séparés en deux groupes. Dans celui avec π, nous avons confectionné quelques manchettes plâtrées, utiles pour les fractures du poignet.
Ensuite, nous sommes allés rejoindre l'autre groupe pour faire des bottes plâtrées, faites pour stabiliser des fractures de la cheville. La seule chose que j'ai retenu, c'est le bonheur d'utiliser une scie à plâtre sur un de mes camarades...

Le docteur Laval nous en a aussi plus dit sur les raisons de son départ en Lorraine à la fin du mois : il suit sa moitié qui va suivre son internat à Metz. Pour répondre à l'accroche d'un jeu célèbre : Jusqu'où iriez-vous par amour ? Eh bien, lui, va loin ; personnellement, je préfèrerai me couper un doigt que d'aller là-bas !

Il a aussi regretté l'image dévalorisée qu'avait l'orthopédie aux yeux des autres médecins [NDL : bien que ce soit l'une des spécialités chirurgicales les plus prisées à l'amphithéâtre de garnison...].
En tout cas, pour le moment m'a ouvert les yeux sur cette spécialité qui est loin d'être seulement brutale...

Et la phrase du jour :

 

Moi : En fait, sous un plâtre, ça sent toujours le fromage...

 

Dr. Laval : Comme ta bite !

Epique...