Bon, je m'attaque à l'Everest, ni plus ni moins^^'.
** inspire un grand coup avant de se jeter à l'eau**

Xenogears est un jeu de rôle sorti sur PSOne en 1998. Les américains ont eu la chance de le découvrir, avec une traduction tout à fait honnête, mais les pauvres européens que nous sommes avaient une fois de plus été lésés (ce qui était très fréquent à cette époque, les développeurs japonais ne semblant pas croire au potentiel du marché européen pour les rpg, on l'a vu pour Valkyrie Profile ou Final Fantasy Tactics pour ne citer qu'eux). Sauf qu'à ce niveau là, ce n'est même plus être lésé, c'est carrément un trou irremplaçable pour tout amateur de rpg, car Xenogears est un des jeux vidéos les plus ambitieux jamais créés. Il semblerait que cette injustice ait la facheuse tendance de perdurer car le jeu a débarqué sur le PSN japonais depuis un moment déjà, mais aucune version n'est annoncée pour les PSN américain et européen. L'histoire se répète et cela commence à devenir pénible.


Aura-t-on un jour l'honneur de voir cette jaquette mythique dans une version PAL ? En clair : on va cesser de se foutre de nous à un moment ou pas ?

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Le point de départ d'un projet pharaonique
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Xenogears est né de l'esprit fécond de Tetsuya Takahashi, qui travaillait déjà pour Square à l'époque, et qui a voulu créer sa propre licence avec ce jeu. Et là, on peut dire qu'il voit les choses en grand. Xenogears n'était en effet dans son esprit qu'une simple introduction (si, si ^^') pour une série qui devait compter six épisodes au bas mot.
Ce qui est étonnant, c'est que malgré le succès indéniable de Xenogears à l'époque, Square n'a pas été intéressé par son projet et n'a pas souhaité continuer à le produire. Takahashi a donc fondé sa propre boîte avec Monolith Software, et il s'est mis à travailler sur Xenosaga, qui devait développer les thèmes abordés par Xenogears.

La suite, on la connait. Takahashi est un peu victime de sa propre ambition. Contrairement au miracle qui se réalise dans Xenogears, les Xenosaga sont verbeux, le scénario envahit trop le jeu, qui devient lourd, d'autant plus que le gameplay fabuleux n'a pas été prolongé et connait lui aussi des défauts. Bilan : malgré une horde de fans inconditionnels prêts à suivre Takahashi n'importe où, les jeux ont fait des flops commerciaux, mettant en difficulté Monolith, et la série s'est arrêtée un peu n'importe comment, abrégée en trois épisodes qui n'ont pas tous fait l'objet d'une sortie mondiale, pour le coup.


Xenosaga, le prolongement de Xenogears, a fait l'objet d'un développement et d'une diffusion très chaotiques. Le premier épisode dont voici la jaquette n'est jamais sorti en Europe. Quand ils ont sorti le 2 sur notre continent, un DVD qui résumait l'histoire du premier était fourni avec !!! Le génie créatif ne s'accorde pas toujours avec les exigences d'un marché comme celui du jeu vidéo !

Je craignais le pire pour ce développeur génial, mais le savoir impliqué dans un projet aussi réussi et salué que Xenoblade est une sacrée bonne nouvelle et j'espère bien que les caisses de Monolith vont se remplir suite au développement de cette petite merveille (à quand une annonce pour les sorties américaine/européenne, hein, ça commence à être long là ?).

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Un scénario d'une profondeur inédite
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Parmi les amateurs de rpg, il en existe certains qui adulent les rpg occidentaux et rejettent avec un certain mépris les rpg orientaux, en affirmant que leurs scénarii sont cucul, voire grotesque, et que les personnages et les situations sont tous convenus et sans intérêt. Ces personnes là devraient jouer à Xenogears.
Sans vouloir lancer de grandes phrases qui ne veulent rien dire, nous tenons peut-être là le scénario le plus travaillé jamais mis en place dans le cadre d'un jeu vidéo. Takahashi ne puise pas son inspiration dans des romans, des films ou même des manga, non non, Takahashi va chercher son inspiration dans la lecture de Nietzsche, de Kant, de Lacan. Quand ce n'est pas vers ces philosophes qu'il se tourne, il se tourne vers les travaux de Arthur C. Clarke, le génial scénariste de 2001 l'Odyssée de l'espace, brillamment adapté au cinéma par Stanley Kubrick.
Un seul exemple suffira pour cet article : le Zohar. Le Zohar, si important, si mystérieux, si inquiétant, dans Xenogears, le voici :


Oui, il rappelle vaguement la croix chrétienne, voyez-y ce que vous voulez^^.

Et maintenant voyez cette image extraite du film de Kubrick :


Le monolith tombé sur Terre laisse dubitatif les hommes primitifs. Il est annonciateur, destructeur et créateur, comme l'annonce cette fameuse phrase au début de Xenogears : "I am the alpha and the omega, the beginning and the end" (je suis l'alpha et l'omega, le commencement et la fin).

Ajoutons à cela le fait que Takahashi ait choisi de nommer sa boîte de développement Monolith Soft, et la boucle est bouclée. Le bonhomme est fasciné par les réflexions développées par Clarke dans 2001, et d'autres références culturelles pullulent dans le jeu, lui conférant une profondeur hors norme. On trouvera ainsi : des références ésotériques diverses, des références hébraïques, chrétiennes évidemment, philosophiques n'en parlons pas. Il y a des scènes étonnantes, viscérales, avec des images entêtantes d'embryon par exemple, et des cinématiques très prenantes et mystérieuses.


Hmmmm, il y aurait comme un air de famille entre les deux demoiselles, non ? En débutant ce jeu, il faut se dire tout de suite : rien n'a été laissé au hasard, absolument rien. Chaque détail a son importance et otut a été pensé dans les moindres détails.

Au début du jeu, on assiste médusés à une cinématique incroyable. Le commandant de bord d'un grand vaisseau spatial qui perd les commandes de l'engin, qui devient comme fou et se met à tirer sur les autres vaisseaux qui accompagnent le groupe. La seule solution sera l'autodestruction/suicide du vaisseau amiral. En s'écrasant sur une planète, une formidable explosion se produit, et au milieu des flammes, lorsque les choses se calment un peu, une femme nue se trouve là. J'ai rarement vu un début de rpg aussi tripant et étrange. Je ne résiste pas à la tentation de vous la montrer (ou de vous la re-montrer^^) :


Carrément étrange...voilà une entrée en matière qui vous scotche d'emblée à votre écran... Si tous les jeux pouvaient ressembler à ça...

Après cette cinématique, il y a un trou dans la narration et on se retrouve des années plus tard avec le héros de l'histoire, Fei, qui vit dans un petit village qui l'a recueilli quand il était tout petit.Les évnéments vont très rapidement se précipiter...


Fei, personnage au passé trouble qui va être à l'origine d'une véritable catastrophe, bien malgré lui.

J'ai crainte de trop en dire, et de spoiler une histoire qui ne doit en aucun cas être spoilée, pour tous ceux qui ont la chance de ne pas avoir encore mis leurs mains sur cette merveille. Vous pouvez me faire confiance quand je vous dis qu'il s'agit là d'un des meilleurs - si ce n'est le meilleur - scénarios jamais conçus dans toute l'histoire du jeu vidéo.

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Un système de jeu original et attrayant
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Ce qui est extraordinaire avec Xenogears, c'est que contrairement à Xenosaga, le jeu reste un jeu, un vrai jeu, avec un gameplay aux petits oignons, un réel plaisir à faire évoluer son personnage, à l'équiper, à livrer les combats. Le système de combat est très dynamique, malgré le choix du tour par tour (que j'aime cette époque où les rpgs étaient prsque tous au tour par tour !). Le joueur doit en effet entrer des combinaisons de touches pour produire des attaques ou des attaques spéciales, après avoir fait monter une jauge de points d'action (le système présente des similitudes avec Chrono Cross d'ailleurs). Ce genre de choses étant assez délicates à expliquer, une bonne vidéo permettra de mieux comprendre :


Comme on peut le voir, le système de combat est vraiment dynamique et n'est pas sans rappeler les jeux de combat, avec ces enchaînements de boutons à réaliser. Miam.

Le système est d'autant plus attractif que les combats peuvent également se dérouler à bord de mechas. Les combats sont similaires mais les mechas ont quelques spécificités (comme la dépense en "Fuel" à chaque tour par exemple). Les amateurs de robots japonais seront bien sûr aux anges.Hop, c'est cadeau :


Les combats de gears, j'en connais quelques uns qui tomberaient dans les pommes à la seule idée de contrôler de tels engins dans un jeu de ce type !

 

Ajoutons à cela un ancêtre de craftinf tout à fait réjouissant, un monde énorme, une aventure très longue, un casting de personnage carrément réussi, et on commence à se gratter la tête pour chercher des défauts !
On peut sans doute lui reprocher une réalisation technique un peu datée, avec beaucoup de pixels à l'écran. Ce que j'ai fait pour remédier à ce problème : j'ai commandé le jeu en import (il y a longtemps déjà^^'), et j'y ai joué en émulation sur mon PC, en utilisant des plugins graphiques lissant les textures pour un affichage qui pique moins les yeux. Ca peut donner ça :


Voici un screenshot du jeu sous émulateur, on voit bien que les textures sont lissées et que le mecha n'est pas un assemblage de pixels.

Ceci dit, je connais un certain nombre de fans qui hurleraient à la seule idée d'y jouer en tripotant les options graphiques. Pour ceux là, il faut garder l'apparence "naturelle" du jeu d'origine pour vivre l'expérience telle qu'elle avait été conçue à cette époque. Cet avis se respecte, évidemment.

Ce jeu est un jeu culte. Son scénario incroyable, allié à un gameplay impeccable, et à ce petit supplément d'âme et de profondeur inexplicable qui rend certaines choses simplement fascinantes, font de lui un monument du rpg, japonais ou pas. Il s'agit là, évidemment, d'un des jeux préférés. Il figure en bonne place, tout là haut dans mon top personnel, trônant majestueusement aux côtés de Final Fantasy Tactics, Chrono Cross ou Valkyrie Profile. Si vous n'accordez pas trop d'importance aux graphismes un peu vieillissants et que vous ne connaissez pas encore ce jeu, allez-y, vraiment. Vous ne le regretterez pas.

Verdict : 15/10