Je pense que cet article a toute sa place dans ma catégorie "Le coin du vieux con"^^. Je suis tombé par hasard sur un site qui en parlait l'autre jour, avec des screenshots de couvertures, et ça m'a fait une saloperie d'effet. J'ai décidé que Les livres dont vous êtes le héros seraient ma madeleine de Proust à moi. Mais remettons en contexte.

Dans les années 80, j'étais un collégien à l'esprit très imaginatif, aimant écrire et rêver. Et voilà qu'un ami se pointe un jour et me dit : "Tu connais les livres de jeu ?". J'ignorais tout des "livres de jeu". Il s'agissait du Tombeau du vampire. Qu'à cela ne tienne, on s'installe dehors, peinards, et il me fait découvrir la bête. Et là, c'est le choc.


Le tombeau du vampire, le tout premier livre dont vous êtes le héros que j'ai fait. Rien qu'à voir la couverture, je ressens les émotions déjà anciennes qui avaient accompagné cette découverte.

A compté de ce jour, il m'en a fallu un à moi, évidemment, puis deux, puis trois...et c'était partie. J'étais devenu livredejeuvore. Je m'y plongeais des journées entières, fasciné par l'univers décrit dans ces bouquins, fasciné par les images qu'ils contiennent et leurs couverutres magnifiques (pour moi, à l'époque :p), fasciné par la présence d'un système de règles du jeu, avec des dés, des feuilles de personnage. Ca a l'air de rien aujourd'hui, et j'ai conscience que cela paraîtra parfaitement ridicule à beaucoup de monde, mais à ce moment là, c'était une vraie, une belle, une incroyable découverte. Je ne dois pas être le seul d'ailleurs, car ces livres ont connu un succès immense à l'époque.


Des livres de jeu partout, partout, partout, j'étais pris d'une boulémie qui me rendait insatiable. Je les dévorais, les refaisant sans fin, sans jamais tricher, trouvant la mort bien souvent au bout d'un paragraphe à la con. Et le pire, c'est que je ne regrette rien !!!

Pour les plus jeunes qui se demandent bien de quoi je parle, sachez que les LIvres dont vous êtes le héros sont des bouquins interactifs qui vous mettent face à des choix, en découpant l'histoire en paragraphes. Genre : au bout du couloir se trouvent deux portes. Si vous prenez celle de gauche, allez au paragraphe 342, si vous prenez celle de droite, allez au 54. Ajoutez à cela des caractéristiques, des combats avec des vrais lancés de dés, et vous comprendrez le principe de ces livres. Ils ont cartonné à fond dans les années 80, mais ils ne sont pas nés à cette époque, ils sont nés dans les années 60-70 et notre bon Raymond Queneau (vous savez, l'auteur de Zazie dans le metro ^^) avait très sérieusement et très littérairement expérimenté en son temps le principe des paragraphes. Mais c'est le génial Steve Jackson, bientôt épaulé de Ian Livingstone, qui vont donner au livre de jeu toute son ampleur et sa forme la plus aboutie, avec le succès ahurissant du célèbre Sorcier de la montagne de feu.


Le sorcier de la montagne de feu...il a imposé à lui seul le Livre dont vous êtes le héros à une génération entière de futurs geeks.

Ce qui est incroyable avec ces livres, c'est qu'ils se sont éteints aussi vite qu'ils sont apparus. Les années 80 ont été marquées par ces livres, et dans les années 90, ils n'en demeuraient presque plus rien, pour finalement disparaître dans les années 2000.
En fait, j'ai une hypothèse pour expliquer ce phénomène : je pense que les livres de jeu ont permis d'amener toute une génération de jeunes à quelque chose de bien plus évolué, complexe, et prenant : les jeux de rôle. D'ailleurs, dès la fin de mon collège, je découvrais mon premier jeu de rôle papier avec l'Oeil Noir (oui, cet univers a récemment été adapté en jeu vidéo^^), et je délaissais déjà les livres, pour les oublier complètement au lycée, où je me suis consacré corps et âme aux jeux de rôle. Dès lors, les livres de jeu, ayant rempli leur rôle de passeur, pouvaient disparaître tranquillement. Autre chose : les améliorations et la démocratisation des jeux vidéos a certainement condamné les livres de jeu, surtout qu'ils touchaient une frange de la population toute prête à quitter la lecture.

Quoi qu'il en soit, je n'oublierai jamais la fameuse collection des Défis Fantastiques, pas plus que je n'oublierai la série des Loups Solitaires. J'ai passé des centaines d'heures dans ces livres et je possède toujours ma collection, que je couve amoureusement du regard de temps à autres.
Je voulais simplement leur rendre un petit hommage à travers cet article.


la série des Sorcellerie! , une des plus belles, des plus exigeantes, des plus formidables sorties à l'époque.


La collection Quête du graal était extraordinaire. Elle reprenait tous les codes arthuriens pour en proposer une version parodique et désopillante au possible, avec des situations bien tordues et des histoires irrésistibles. Une merveille.


Mon deuxième livre, je ne l'oublierai jamais celui là, ça c'est clair. J'ai dû le faire au moins 50 fois, avec toujours le même plaisir, le retournant dans tous les sens.


La cité des pièges portait bien son nom. C'est là un des livres de jeu les plus difficiles que j'ai jamais faits. Challenge très, très relevé pour celui là.