Next (next)-Gen : La fin de l'occasion ?

 

Si lors de la présentation de la nouvelle Playstation, astucieusement nommée Playstation4 (ou ps4 pour les intimes) la semaine dernière, Sony aura su en épater plus d'un et aura surtout pris de court Microsoft dans la course à la « Next²-gen », il est une question qui reste (plus ou moins) toujours en suspens, après tout un tas de rumeurs à prendre avec des pincettes : quid de l'occasion ?

A peine le rideau retombé sur la scène, cette question étant resté sans réponse, les représentants Sony-iens ont été pris d'assaut par moult journalistes ayant tous la même question aux lèvres : what about occasion ?

Depuis, on nous a dit que l'on ferait au mieux, en sachant que c'est une question importante pour tous.

Concurrent direct à Sony, Microsoft lui n'a encore rien dévoilé sur ses intentions en matière de next-gen, mais l'on saurait de source à peu près sûr qu'une technologie de Watermark serait envisagée pour lier console et jeux, ce qui tuerait le marché du jeu d'occasion.

 

Dangereux aussi bien sur le plan technique...

Ce système de Watermark ne pourrait fonctionner qu'en l'associant à une connexion à Internet obligatoire, et c'est à mon avis là le problème.

Si, et comme beaucoup, je passe beaucoup de temps sur la toile grâce à tout un tas d'appareils tous plus geeks les uns que les autres, mes consoles de jeu n'en font pas partie. Point de jeu en ligne chez moi, j'ai déjà à peine le temps de finir les campagnes solo.

En parlant de campagnes, on a beau clamer haut et fort qu'en France, on est au "top of the pop" niveau débit, y'a encore pas mal de coin un peu perdu en France ou ce n'est pas le cas, le débit étant loin d'être constant, tout comme la stabilité de la connexion.

Sans oublier ceux qui, à l'air du tout numérique mais aussi du « tout économie », privilégient un accès Internet uniquement en 3G via smartphone/tablette, bien suffisant pour « poker » ou retweeter l'annonce du gagnant de la Nouvelle Star, « tête de suspens » en prime. Pas sûr que la prochaine MicroBox mange de la 3G.

Bref, si le Watermark en lui-même peut paraitre une option tout à fait envisageable sur le plan technique,  la contrainte « internet obligatoire » en fait un pari encore plus risqué qu'il ne l'est déjà. 

 

... que tactique !

Car ne pas permettre la lecture d'un jeu d'occasion pourrait en rebuter plus d'un lors du passage en caisse.

Si la combo développeurs/éditeurs n'y voient que des transactions sur lesquelles ils ne touchent pas un copeck, les joueurs eux y voient tout un modèle économique des plus sophistiqués à en faire rougir les têtes pensantes d'Ikea. J'vous explique :

  • -          J'achète un jeu 70euros
  • -          Je le finis/je le trouve pourri
  • -          Plutôt que de le laisser prendre la poussière, j'essaie de trouver un p'tit gars qui veut y jouer
  • -          Il me l'achète
  • -          Il est content/je récupère de l'argent
  • -         Argent que je réinvestie dans un jeu, peut-être neuf, que je n'aurais peut-être pas acheté (ou 6 mois plus tard en occasion) si je n'avais pas vendu la bouze d'avant.

 

Le double effet casse-couille (kiss-cool ?)

Si une console ne permet plus ce genre de transactions, 2 effets impactant négativement les ventes risquent de se produire :

  • 1)      Le problème de la propriété. Le principe est simple : j'achète un objet, j'en deviens propriétaire et peut donc en faire ce que je veux, y compris le vendre. On peut le faire avec un DVD, un Blu-Ray, une voiture, une maison, ... Aller à l'encontre de ce principe en freinera plus d'un quand il faudra décider laquelle des nouvelles consoles prendra place à côté de l'écran plat. Mais à bien y réfléchir, l'impossibilité de lire un jeu sur plusieurs console n'interdit en rien la revente de ce dit jeu. Sauf que le deuxième acheteur ne pourra pas en faire grand-chose, à part l'accrocher à son arbre fruitier pour éloigner les corbeaux.
  • 2)      Le modèle économique de l'occasion m'est indispensable pour constituer un budget jeux-vidéo. Si je ne peux pas revendre mes jeux d'occasion, aucune chance que je puisse en acheter des neufs, ou alors 2 par an.

Si les galettes estampillées Microsoft se retrouvent cantonner à prendre la poussière une fois usées jusqu'à la moelle, la firme de Redmond prend un sacré risque. A moins que...

 

Y'a comme une odeur de "fumée" (Steam...)

Et si ce système de Watermark n'était dédié qu'aux jeux dématérialisés ?

A l'heure du tout connecté, et alors que Valve plancherait sur une SteamBox, Microsoft ne pourrait-il pas leur emboiter le pas et proposer un catalogue de jeux dans le « Cloud » ? Des jeux classiques sur medium type blu-ray seraient toujours disponibles en boutique accompagnés de tout le packaging. Ces jeux-là garderaient l'actuel schéma économique, permettant ainsi la revente.

Mais rester le cul vissé au canapé et naviguer dans un store virtuel deviendrait aussi possible, pour le plus grand plaisir des partisans du pouvoir de la flemme. Le dématérialisé lui devient bel et bien lié à la machine, comme d'autres services le font déjà.

 

1 pas en avant, 2 pas en arrière

En ayant dégainé en premier, Sony se paie le luxe de pouvoir attendre la réponse de Microsoft, et de s'adapter à leur politique sur le sujet de l'occasion.

Si Microsoft officialise le "no-occasion", Sony peut soit :

  • - se la jouer mouton, en clamant haut et fort que l'avenir du jeu vidéo se joue maintenant, qu'on est en plein tournant, qu'il faut donc soutenir à 100% les développeurs et éditeurs, et que bloquer les jeux d'occasion permet de leur assurer un revenu maximal, qui sera bien sûr réinvesti dans des super-productions (développées aux Bahamas).
  • - tirer à bout portant sur Microsoft avec un Bazooka, à coups de slogans du type "nous, on pense aux gamers, et bien sûr qu'on est pour que tu rachètes un jeu à ton voisin, on kiffe les transactions sur lesquelles on gagne pas de pognon."

Mais à mon avis, ils vont prendre la proposition secrète numéro 3 :

« Bien sûr que tu peux y jouer à ton jeu d'occaz', mais tu passes par la case $$ d'abord ». Et là Sony nous prouve qu'ils ont pensé à tout, même au rectifrice pour que le gravier pique un peu moins et sente bon :

  • - tu veux jouer d'occasion ? Pas de soucis, mais tu nous verses les fonds de tiroir pour "réactiver" la galette
  • - t'es un vrai gamer, un de ceux qui bouffent des pizzas et campent devant le Micromania pour acheter CoD avant tout le monde ? Pour toi on a inventé l'abonnement "TrueGamer", qui en plus de te proposer des super trailers en HD et des thèmes trop kikoolol pour ton interface, te permet de jouer à « tous les jeux d'occaz »*, pour la modique somme de 99.99€/an.

*offre soumise à conditions, dans la limite de 20 jeux d'occasion par an.

Alors, la fin de l'occasion ?

J'vais envoyer un DM à Elizabeth Teissier pour connaître la vérité...

Quant au larron...