Blog Game Over

Vous êtes peut être déjà tombés dessus sur le blog Game Over, mais je tiens à mettre ce titre en avant. Rayman Legends mérite qu'on lui prête attention. Plus rafraîchissant et original qu'un Mario, ce concentré de bonne humeur doit se vendre pour qu'on puisse encore avoir de la créativité.

Rayman a effectué son grand retour avec l'épisode « Origins » en 2011. Ce dernier épisode intitulé « Legends » était très attendu, car développé spécialement pour tirer parti des spécificités de la Wii U. Après un report suscitant la colère de certains fans -pour être adapté sur les autres consoles- « Rayman Legends » est enfin disponible. Il faut dire que c'est une franche réussite, qui parvient même à faire de l'ombre à un certain Mario.

 

Pour le plaisir des yeux

La première évidence qui saute aux yeux, c'est cette patte graphique bien particulière qu'ont donné les artistes d'Ubisoft Montpellier au jeu. C'est un véritable dessin animé interactif qui est proposé aux joueurs. Développé avec le moteur « UbiArt » encore amélioré pour l'occasion, ce Rayman est le plus bel exemple de ce que l'on peut faire en mettant les artistes d'animation au premier plan.

Le sous titre « Legends » de cet opus s'explique par des ambiances très variées et tirées des grands contes et légendes que nous connaissons tous. Ainsi, 20 000 Lums sous les mers nous emmène-t-il explorer les fonds marins, alors que d'autres niveaux explosent littéralement de couleurs ou jouent plutôt sur des clairs obscurs.

"Rayman Legends" est un véritable film d'animation interactif (Ubisoft Montpellier)

L'animation n'est pas en reste et rappelle (avec les technologies contemporaines) les plus belles heures des jeux estampillés Disney sur les bonnes vieilles machines 16bit. Six univers originaux et 120 niveaux attendent les joueurs les plus acharnés. En tenant compte du fait qu'il faut chercher à sauver un maximum de « ptits zommes », d'accumuler un maximum de « Lums », ou encore de terminer les niveaux le plus vite possible il y en pour des mois de jeu.

Le contenu est d'ailleurs pléthorique. Des dizaines de héros à sauver et jouables ensuite, une collection complète de monstres qui vont rapporter des Lums (un équivalent des pièces d'or dans un Mario) tous les jours, des défis en ligne qui se jouent sur la vitesse et l'adresse et, comme si cela ne suffisait pas, bon nombre de niveaux du premier Rayman (Origins) qui sont débloqués au fur et à mesure. On y ajoute encore des modes de jeux délirants comme le Kung Foot, assurant de bonnes tranches de rigolades avec les enfants, ou entre amis.

 

Pensé pour être convivial sur la Wii U

Rayman Legends a tout d'abord été pensé pour la Wii U et cela se voit dans la façon dont les niveaux sont conçus. Non seulement quatre joueurs peuvent se joindre à l'action, mais la tablette peut toujours être mise à profit afin d'enrichir l'expérience de jeu. Elle est même indispensable pour certains passages qui ne se jouent qu'à l'écran tactile.

Conçu au départ pour la Wii U, le jeu regorge d'excellentes idées pour y jouer en coopération avec le Wii U Gamepad (Ubisoft Montpellier)

Le possesseur de la tablette peut ainsi bouger les murs, couper des cordages pour libérer des obstacles, mais aussi changer les Lums de couleurs (pour rapporter plus de points), ou encore chatouiller les monstres pour qu'ils laissent les joueurs tranquilles. Le dialogue entre ceux qui dirigent les personnages à l'écran et ce demi Dieu qui les aide est permanent, et Ubisoft réussit ici le tour de force d'apporter une convivialité trop rare sur nos consoles, pourtant presque tout le temps connectées.

Pour autant, jouer seul ne pose pas de problèmes particuliers. Les performances seront certes moins bonnes, mais il sera toujours possible d'avoir une coupe en or à la fin d'un niveau (la performance est notée selon trois niveaux). Le seul bémol que l'on pourrait formuler, concerne les phases uniquement tactiles en solo en raison d'une ergonomie parfois pénible. Pas toujours facile d'être précis avec nos gros doigts...

 

La musique, élément central du jeu

Toujours importante pour n'importe quel jeu, la musique joue ici un rôle encore plus grand. Elle n'est pas seulement un habillage de ce qui se passe à l'écran, mais transcende le jeu pour devenir une véritable ponctuation et même un principe ludique à elle seule. En témoignent des niveaux entiers qui ne sont basés que sur le rythme, et la précision des sauts à effectuer en cadence.

A l'image des niveaux aux ambiances très diverses, la musique se transforme également. Tantôt complexe et orchestrale, elle est parfois simple et les mélodies ne seront jouées qu'à l'aide de quelques instruments. Le registre est extrêmement éclectique ; classique, rock, tsigane, new age, moyen âge, orientale, avec quelques références à certaines musiques de cinéma.

Le point commun de toutes ces musiques, c'est le délire permanent dans lequel semblent avoir été plongés les gens d'Ubisoft Montpellier. Car si je vous ai déjà signalé que certains niveaux n'étaient basés que sur le rythme, j'ai omis de dire qu'il s'agit de remixer à la sauce Rayman (c'est à dire aux confins de la parodie), des morceaux très connus du répertoire.

On peut ainsi retrouver « Eye of the Tiger » popularisé par le film « Rocky », façon guitare sèche et mariachis, ou encore « Black Betty » de Ram Jam. Ce dernier commence tout à fait normalement avec son riff de guitare si caractéristique, pour sombrer dans le délire dès que ce sont les petits héros du jeu qui doivent donner de la voix pour la partie chantée.

Un niveau musical de "Rayman Legends"

Une interprétation délirante de "Black Betty" du groupe "Ram Jam"

Ces musiques, nous les devons principalement à Christophe Heral, qui est sur le coup depuis les débuts du sympathique petit personnage. La bande originale du jeu est d'ailleurs disponible en téléchargement sur iTunes.

 

Un « jeu de l'année » qui mérite de se vendre

Pour faire un bon jeu, faut-il être de bonne humeur ? Michel Ancel l'a déclaré dans quelques entrevues, l'ambiance qui règne dans les locaux de la maison « historique » d'Ubisoft Montpellier n'a rien des open space modernes. C'est encore une structure qui opère comme un développeur indépendant, avec comme leitmotiv de faire « n'importe quoi » en se faisant plaisir.

Michel Ancel, le chef d'orchestre de la série Rayman (Licence CC Wikipedia)

Ubisoft est une énorme société, capable de proposer des jeux à très gros budgets et formatés pour faire tourner la caisse enregistreuse. Mais ces investissements permettent également à des entités plus petites de tenter de nouvelles choses, de mettre en œuvre des idées originales, et de laisser libre court à leur imagination. Il faut reconnaître ici, que cette politique peut être payante. A l'heure ou les machines vont passer un cap de puissance (avec l'arrivée des nouvelles consoles), c'est sur le terrain des idées qu'il faudra faire la différence.

Le succès commercial de Rayman Origins n'a malheureusement pas été au rendez-vous (2,3 millions d'exemplaires toutes machines confondues). Il faut espérer que Rayman Legends saura tirer son épingle du jeu. Car si Mario reste une référence, Rayman a réussi à faire bien mieux que Nintendo. L'élève a dépassé le maître de bien belle façon.

Si vous cherchez de la bonne humeur en cette fin d'année, n'hésitez pas à offrir ce Rayman Legends, que ce soit sur Wii U ou sur une autre plateforme de jeu. Les développeurs méritent ce soutient de la part des joueurs s'ils ne veulent pas être juste écrasés sous des tonnes de jeux formatés et sur-vendus ( comme Call of Duty et autres Gran Theft Auto). Rayman Legends, grâce à son originalité et à sa fraîcheur, mérite bien plus le titre de « jeu de l'année » que des productions à plusieurs dizaines de millions d'euros.