Blog Game Over

 

Hop, pour tous ceux pour qui le pouvoir de la flemme est le plus fort, voici la retranscription d'un billet publié aujourd'hui sur Rue89. Vous pouvez le consulter dans son contexte original ici et, pourquoi pas participer à la conversation ;)

 

 

Un homme regarde la présentation du dernier jeu d'Activision Blizzard, "Destiny", à Los Angeles le 13 juin 2013 (Jae C. Hong/AP/SIPA)

Alors qu'en France le jeu vidéo est considéré comme en crise, et que l'éditeur Activision Blizzard a supprimé des postes, cette même société réalise des bénéfices monstrueux, sans pour autant payer les impôts qui y sont relatifs.

Des montages financiers révélés récemment par BFMTV décryptent le fonctionnement du système.

 

Un propriétaire français pas rentable

Si Activision Blizzard est basé en Californie, son actionnaire et propriétaire principal n'est autre que le bien français Vivendi. Activision Blizzard n'est pas le premier venu, on lui doit notamment :

  • "Call of Duty", 163 millions d'exemplaires vendus ;
  • "World of Warcraft", huit millions d'abonnés mensuels ;
  • ou encore les jeux "Skylanders", qui font le bonheur des enfants collectionneurs et le malheur du portefeuille de leurs parents.

Mais si Vivendi est français, les bénéfices déclarés sont loin de refléter l'impôt payé dans l'Hexagone. Malgré un redressement fiscal récent, Activision Blizzard France n'est pas une société florissante.

En dépit d'un chiffre d'affaires qui se compte en centaines de millions d'euros, son impôt 2011 ne s'est élevé qu'à un peu plus de 60 000 euros.

World of Warcraft, c'est 80 à 100 millions d'euros d'entrées mensuelles (Activision / Blizzard)

A l'instar d'autres très grandes sociétés, le montage financier est conçu pour que les filiales les plus exposées à l'impôt soient les moins rentables. L'argent des ventes massives de jeux vidéo va, quant à lui, s'exiler dans des paradis fiscaux.

 

Des montages financiers complexes

Évidement, les bénéfices sont bien plus importants et déclarés dans les systèmes où les impôts sont les moins élevés. Les Bermudes sont une destination de rêve pour le soleil, mais surtout pour les 2,7 milliards de dollars de bénéfices qui y sont stockés. C'est plus de la moité de la trésorerie de la société.

Les impôts prélevés sur cette somme ne sont sont élevés qu'à 38 millions de dollars. Une proportion ridicule, à cette échelle.

Pour arriver à ces résultats, de nombreuses filiales sont exploitées, aussi bien en Europe que dans les Bermudes. Ce sont au moins une vingtaine de sociétés qui sont utilisées. Le Delaware pour les USA, les Pays-Bas, le Luxembourg, des destinations bien connues de l'évasion fiscale.

 

Le jeu vidéo en pleine crise

Pendant ce temps, une vingtaine de studios français ont fermé leurs portes et le marché baisse. L'offre s'est diversifiée, le pouvoir d'achat est en berne et le jeu vidéo n'est -- heureusement -- pas un poste de dépense prioritaire.

La fermeture récente de la chaîne de magasins "Game" témoigne tristement de cette situation.

Ce sont les consoles de salon qui représentent en France la majorité des achats de jeux. Les éditeurs et développeurs comptent justement sur la sortie des prochaines machines de nouvelle génération (en fin d'année) pour doper les ventes, et repartir de l'avant.

De nouveaux modèles de distribution et de financement se développent. Le financement participatif permet à des projets de se réaliser, et les modèles à achats intégrés venus des smartphones et tablettes arrivent aussi sur consoles.

Une fois de plus, le jeu vidéo vit un tournant de son histoire. Il est en pleine mutation, autant sur ses modèles économiques que sur ses orientations ludiques.