Le décalage est une chose largement utilisée dans Bioshock Infinite. Décallage entre la beauté de la ville dans les nuages et la noirceur d'âme de ses habitants. Décalage entre l'innocence d'Elisabeth et la violence enracinée en Booker. Décalage entre une musique parlant de gens heureux et des moments angoissants.

Ce jeu serait-il un rêve ?

On peut le penser tant les environnements sont étranges et dépaysants. L'anachronisme entre ce style si ancien (et pourtant plein de charme) et des machines aux capacités futuristes tire vers le steampunk. Serais-ce un rêve ? On peut le penser avec une musique encore une fois magistralement retravaillée et écrite à l'origine par le groupe R.E.M.

Cet anachronisme signifie Rapid Eye Movement. Ces mouvements rapides des yeux sont observés lorsque le cerveau entre en phase de sommeil paradoxal. Autrement dit, lorsqu'on rêve. Jouer à Bioshock n'est ce pas rêver un peu d'un autre monde ?

Quoi qu'il en soit, « Shiny Happy People », la chanson utilisée dans le jeu n'a pas été la plus difficile à reconnaître pour moi. Le titre du groupe américain m'a fortement marqué lorsqu'il est sorti en 1991. Issu de l'album Out of Time il arrive à un moment où le groupe est en pleine gloire. Écrit par Bill Berry, Peter Buck, Mike Mills et Michael Stipe, ce morceau a la particularité d'accueillir la chanteuse Kate Pierson du groupe B-52's.

Outre le décalage important entre le thème de la chanson et l'ambiance du jeu à ce moment précis (on peut écouter cette musique lorsqu'on arrive à Emporia) la petite anecdote sur le titre de la chanson a peut être joué. Michael Stipe a en effet déclaré qu'il avait honte de cette idée dans la mesure ou il l'avait tirée d'une affiche de propagande chinoise intitulée « Shiny happy people holding hands ». Une affiche placardée peu après les évènements tragiques de la place Tian'anmen.


A la lumière des paroles, on peut en effet se demander ce qui lui est passé par la tête.

Shiny happy people laughing

Meet me in the crowd
People, people
Throw your love around
Love me, love me
Take it into town
Happy, happy
Put it in the ground
Where the flowers grow
Gold and silver shine

Shiny happy people holding hands
Shiny happy people holding hands
Shiny happy people laughing

Everyone around
Love them, love them
Put it in your hands
Take it, take it
There's no time to cry
Happy, happy
Put it in your heart
Where tomorrow shines
Gold and silver shine

refrain

Hey, here we go!

Refrain x4

Difficile de faire un parallèle avec ce qui se passe dans Bioshock et pourtant... Ne serais-ce pas une belle vision pour Comstock en tant que prophète, de répandre « son » bonheur, « son » amour et de demander à toutes ses ouailles de l'aimer ? Il est bien possible de trouver ici un echo à la vision d'un gourou qui utilise l'amour comme instrument de manipulation. Comment ne pas adhérer à une doctrine qui doit répandre l'amour ?

Scott et sa bande

Grâce au précédent billet dédié à « Everybody Want to Rule the World », vous avez fait la connaissance du génial Scott Bradlee. C'est encore lui qui a officié pour le réarrangement de cette chanson, mais il a été épaulé par toute sa bande. Je ne résiste donc pas à vous la présenter et à vous proposer un morceau qui en réuni un certain nombre.

Chanteur : Tony Babino
Clarinette : Tom Abbott (sur la vidéo)
Piano : Scott Bradlee (sur la vidéo)
Banjo : Sean Condron
Bass : Adam Kubota (sur la vidéo)
Percussions : Allan Menhard (sur la vidéo)

Et parce que j'adore, je vous propose cette version revue de Die Young à l'origine de Kei$ha, mais joué sauce « country ». Je préfère à l'original...

 

Mais revenons à nos violons. Dans Bioshock Infinite un titre de R.E.M. passé à la moulinette Scott Bradlee cela donne ceci.

 

A bientôt pour d'autres musiques de Bioshock !