Entre divertissement sympathique et simple produit ludique à marketer. Entre produit culturel et amusement populaire. Entre journaliste et ménestrel. Le jeu vidéo se cherche. Où est le jeu vidéo ?


Vous prendrez bien un ou deux kilos de lessive, pardon... de jeu vidéo ?

Cette image tirée d'une émission animée par Geoff Keighley en dit long sur l'évolution de nos bonnes vieilles cartouches NES. Aujourd'hui, nous avons un animateur / journaliste qui pose, le regard vide, entre une pub pour Halo des chips et des boissons gazeuses. C'est un agitateur non moins connu d'Eurogamer (Robert Florence) qui a jeté de l'huile sur le feu en stigmatisant les rapports entre les journalistes et les représentants presse.

La bonne vieille rengaine du copinage entre les organes de presse, les éditeurs et les boîtes de communication est remise sur le tapis. On se souvient rapidement des aventures de censures ou de « blacklistages » de certains sites. On note également les trajectoires étrangement croisées entre les journalistes et les diverses entreprises du jeu vidéo.

Si on était en politique, le passage d'un haut responsable de chez Dassaut au ministère de la défense en ferait peut être tiquer plus d'un... Non ? Peut être pas finalement. On finit par se résigner à voir ces conflits d'intérêts démentis avec conviction par des comédiens presque professionnels.

Comment réagir alors, lorsqu'une journaliste qui était consultante pour Square Enix doit ensuite rédiger des papiers sur les jeux de ce même éditeur ? D'autant plus que ces jeux sont bien entendu très bien accueillis.

C'est le résultat d'un système, relaie un très intéressant papier de Martin Lefebvre sur Merlanfrit.net qui reprend à son compte les propos de Robert Florence.

Les journalistes ont besoin des relations presse des éditeurs pour contenter et satisfaire leurs lecteurs. Ces derniers veulent savoir le jour J ou au mieux en avance ce que vaudront les jeux qui mettront à plat leurs portefeuilles. Pour ce faire, il faut bien disposer de matériel en avance, et d'interview exclusives ou non. Si l'analyse de cette matière peut être sujette à différentes approches, la matière première est néanmoins nécessaire et elle est contrôlée exclusivement par les éditeurs et leurs séides.

Faut-il voir le mal partout ? Faut-il se déclarer anti-blasitude par opposition à une attitude faussement sévère ? Probablement ni l'un ni l'autre, puisque la vérité est rarement manichéenne. Il manque à notre industrie un média capable de traiter les jeux vidéos comme des machines à laver. Cette affirmation, qui pourrait être considérée comme réductrice, n'est elle pas celle qui donne de la crédibilité à des magazines comme « Que Choisir » ou « 60 millions de consomateurs » ? Qui pourrait aujourd'hui avoir les reins assez solides pour acheter tous les jeux et le matériel qu'ils testent et ainsi se déclarer totalement indépendants des canaux classiques ?

Dans une certaine mesure, c'est ce que font les blogs. Mais après avoir eu un certain succès, eux aussi sont approchés par les boîtes de communication qui possèdent même des services spécifiques aux bloggeurs. C'est une forme de reconnaissance et aussi un nouveau moyen de pouvoir donner plus d'infos aux lecteurs. C'est d'ailleurs un des points forts de Gameblog. Mettre en avant les avis et les retours d'une communauté qui doit pouvoir s'exprimer de manière passionnée et sans complexe.

Le jeu vidéo se retrouve finalement dans les mains des joueurs. C'est là qu'on doit le trouver et c'est à eux de donner une note finale. Encore-faut il que la demande soit raisonnée et raisonnable. Vous voici prévenus, c'est à vous (à nous) de tenir compte de ces informations et d'en tirer le bon grain de l'ivraie.

 

Ce billet est largement inspiré de l'article de Martin Lefebvre « Les ambianceurs » dont je vous recommande chaudement la lecture.