La Vita est souvent au centre des discussions actuelles. Principalement pour deux raisons. L'extase devant les performances du bijou technologique généralement exprimé par ceux qui l'on acheté. Ou son prix considéré comme trop élevé par les prolétaires qui ont décidé de ne pas l'acheter.


Je fais partie de cette seconde catégorie. Au départ assez excité par les promesses de la bête, je me suis rendu compte que j'allais payer une console portable plus cher qu'une console de salon et que j'allais y jouer... dans le salon. L'offre de départ me semble également un tantinet malhonnête ; proposer un système qui n'est pas prêt à être utilisé sans l'achat de matériel supplémentaire (la carte mémoire).

Cependant je ne dis pas pour autant que c'est une mauvaise console. Certes, le système devra être largement amélioré et les fonctions sociales et de jeu en ligne remaniées en profondeur pour qu'on puisse avoir quelque chose de convivial. Mais le hardware est séduisant et encore plein de promesses. Tout cela est gâché par un prix de vente bien trop élevé. Je reste persuadé qu'en dehors de l'achat qui sert à affirmer un standing ou qui ne relève que d'une sorte de prestige, le prix de la Vita n'est pas commercialement rationel.

Pour appuyer mon propos, revenons un peu sur l'histoire des consoles portables et des prix auxquels elles furent vendues. A chaque fois, je vais essayer de les mettre en perspective avec leurs grandes sœurs de salon ou leurs concurrentes directes. Je vais me concentrer sur les machines qui ont marqué leur époque.

Nous sommes en 1989. Nintendo mets en application le dogme de Gunpei Yokoi : La pensée latérale des technologies désuètes. C'est l'arrivée de la Game Boy. Une console de jeu portable en noir et blanc qui fait pâle figure à côté de la Lynx d'Atari qui elle est passée de suite à la couleur. Seulement le fait d'utiliser une technologie éprouvée permet à Nintendo de proposer la machine à 90$ à sa sortie. La Lynx elle, ne se vends qu'au prix de 190$ ce qui semble démesuré alors que la NES, alors la machine de référence, n'est proposée qu'à 150$ et encore avec un set complet. Une Game Boy, c'est 60% du prix d'une NES. Ventes de Game Boy, 118 millions. Ventes de Lynx, 5 millions. En 1990, la Game Gear arrive sur le marché et Sega la lancera tout de même moins cher que la Lynx. A 150$ depuis le lancement, il s'en est écoulé 10,6 millions. En 1991, sort la Super NES qui sera vendue 200$. Acheter une Game boy revient alors moitié moins cher qu'une console de salon.

Passons au gros succès suivant de Nintendo en matière de console portable : La Game Boy Advance. Elle débarque en 2001 à 100$. A la même époque, les consoles de salon se vendent respectivement 200, 280 et 230 dollars. Ce sont les Game Cube, Playstation 2 et la première Xbox. Une fois de plus, on note que le système portable est moitié moins cher (au minimum) que les consoles de salon. Vous commencez à me voir venir et je sais aussi comment vous allez contrer cette théorie, on y revient sur la fin du billet.

Faisons encore un petit bond en avant (hop), vers l'année 2004. Cette fois, la DS est opposée à une véritable concurrente incarnée par la PSP. La DS s'est écoulée à 151 millions d'exemplaires à ce jour et la PSP en est à moins de la moitié. Ce qui représente déjà un joli score. Je le note, tout comme je note la différence de 100$ qui sépare le prix des deux machines (DS 150$, PSP 250$). Plus tard, le différentiel sera baissé à 70$ entre la DS Lite et la PSP.

En 2006 sort la PS3 qui fait très mal. Très mal avec un prix démesurément élevé de 600$. Elle sera très en dessous des espérances de vente avant d'atteindre un prix plus raisonnable. Cependant, elle remporte haut la main la guerre du support HD en imposant le Blue Ray comme nouveau standard. Sony fait preuve d'une arrogance patente et se justifie en arguant de l'avance technologique de son matériel. Dommage, les YLOD font leur apparition et l'inclusion d'un câble composite dans les packs de base est tout simplement scandaleuse pour une machine HD. En face, Microsoft n'a d'ailleurs pas fait beaucoup mieux avec les RROD et des câbles vidéo tout aussi médiocres. J'en parle également parce qu'il ne s'agit pas de stigmatiser Sony sur le plan de la fiabilité, mais de relever que le prix excessif est pour la firme japonaise une façon de se placer en élite sur un secteur. Je trouve que le différentiel entre le prix demandé et la qualité réelle proposée était assez significatif... Point utile à relever dans mon argumentaire, puisque je pense que c'est exactement la même soupe qui nous est servie avec la Vita.

Que s'est-il passé en 2011 ? La 3DS sort et elle est au prix de certains packs de base des consoles de salon : 250$. Heureusement pour le bon sens des consommateurs, elle se vautre au niveau des ventes et son prix se voit donc rapidement diminué presque de moitié ! A 150$, on commence à la regarder d'un air bienveillant, surtout que les titres intéressants sont arrivés. En 2012, Sony n'a rien appris de cet échec de la concurrence et essaie de vendre sa Vita à 350€ (oui, il faut une carte mémoire et pas une petite a l'air du dématérialisé) ? Allez, on va dire 300€ si vous voulez une machine à le pointe moins connectée qu'un téléphone.

Pour répondre de suite à une des objections qui seront formulées, oui la Vita est certainement en pointe sur le secteur si on parle des performances. Mais n'est ce pas ce qui se disait de la 3DS avec son écran si particulier il n'y a de cela que quelques mois ? De plus, on nous annonçait la puissance d'une PS3. Tout le monde est resté la dessus alors que nous en sommes loin. Sony déclare à qui veut l'entendre que le prix de la Vita ne baissera pas de si tôt... Avec une santé financière précaire et des ventes encore inférieures à celles de la 3DS sur la même période vous croyez que les actionnaires ne vont pas demander à Sony de réagir ? C'est exactement ce qui s'est passé pour la firme de Kyoto et je serais très étonné qu'à Tokyo on écoute pas les marchés financiers. A l'automne, elle aura soit baissé son prix soit une carte mémoire et/ou un jeu inclus.

Je me doute bien que vous allez (essayer de) me démonter tout ça ;-). Allez-y qu'on fasse chauffer le zinc des blogs de Gameblog ! C'est dommage qu'on puisse pas se boire une bière en même temps;-)