11 Mars. Retour à la maison le matin, après une soirée bien arrosée. Alors que je prépare le café pour chasser le mal de tête, mon téléphone m'alerte d'un nouveau message. Zokho qui me demande si « ça va chez toi et ta famille ?»... Mais de quoi parle-t-il ? Avec cette question, il me balance un remède contre la gueule de bois, une gifle en plein visage, la plus efficace que je n'aie jamais eue : « le Japon a été touché par un séisme de 8,8 sur l'échelle de Richter». Un chiffre qui sera revu à la hausse quelques jours après... Ou devrais-je dire, pendant la catastrophe.

Pour ceux qui auraient passé ces deux derniers mois dans une caverne, le nord-est de Honshû, l'île principale du Japon (et plus exactement dans la région de Sanriku) a été touchée par un séisme le 11 Mars à 14h46 heure locale, d'une amplitude jamais enregistrée auparavant. Mais la catastrophe ne s'arrêta pas là puisque hormis les secousses qui s'enchaînaient, la côte Est du pays eut droit à un tsunami qui atteignait les 20 mètres.

11/3/11

Tout d'abord, il faut savoir que les Japonais sont particulièrement vigilants et bien préparés pour les tremblements de terre. Par exemple, à l'époque où j'allais à l'école primaire au Japon, nous devions nous prêter à chaque semestre aux exercices de secours et aux cours particuliers sur la protection en cas de séisme. Ceci est bien sûr dû à la géographie particulière du Japon, qui se trouve sur une subduction de quatre plaques tectoniques, impliquant alors des milliers de secousses par an. C'était donc sans grande surprise que je regardais aux infos que le premier bilan s'élevait « à peine » à une quarantaine de morts, et je me suis même dit que « heureusement ! » c'était le Japon qui a été touché par ce séisme, car autrement le bilan aurait été beaucoup plus terrifiant. Naïf comme je suis... Car l'ampleur des choses était bien plus importante que ce que je ne pensais. A un point où aujourd'hui, on compte ce séisme parmi les 5 plus puissants du monde depuis 1900.

Les tremblements engendrent un tsunami quelques dizaines de minutes plus tard. Bien que les japonais soient suréquipés en matière de prévention, il doit être difficile de réfléchir et d'agir correctement après s'être ramassé de violentes secousses. A Miyako, la préfecture où le tsunami a été le plus violent, la digue anti-tsunami de 2km de longueur et 10m de haut a été détruite comme rien. Inutile de dire que les médias étaient fièrs d'annoncer qu'ils avaient réussis à retarder l'avancement de Tsunami de 6 minutes à Kamaishi, ville possédant « la digue anti-tsunami la plus profonde du monde », enregistrée dans le livre des records. Mais le fait est là, les raz-de-marée de plusieurs mètres ont tout englouti sur leur passage, détruisant complètement les paysages. Et les 400km² de la côte Est  n'ont pas fait exception. En 2002, suite aux diverses statistiques, études et thèses, TEPCO (Tokyo Electronic Power Company) avait calculé qu'il serait improbable d'être confronté à un tsunami de plus de 5,7m à Fukushima. Une erreur grossière, puisqu'ils eurent droit à des vagues atteignant les 10m.

Graphiques montrant magnitude du séisme et hauteurs des tsunamis (cliquez pour agrandir)

J'imagine qu'il n'est pas nécessaire de s'étaler sur ce qu'il s'est passé à Fukushima. Mais pour tout de même faire le point rapidement, des réacteurs nucléaires ont été dépourvus de leur système de refroidissement, suite aux tsunamis qui ont endommagés les générateurs d'électricité de secours (les générateurs normaux étant mis à l'arrêt automatiquement après le séisme). Ceci a provoqué une fusion partielle des réacteurs ainsi qu'une montée de pression en hydrogène, qui finira par exploser pour laisser à l'air libre les substances radioactives. Cet accident est aujourd'hui classé niveau 7 sur l'échelle INES, comme Tchernobyl à l'époque, soit le maximum que l'on peut atteindre. Cet accident a bien sûr provoqué un grand choc chez les japonais, plus que celui causé par les catastrophes naturelles. En même temps, ceci n'est pas très étonnant lorsqu'on sait qu'ils ne sont pas très à l'aise avec tout ce qui touche au nucléaire, depuis qu'ils ont été touchés par les bombes atomiques. De plus, le gouvernement japonais ainsi que TEPCO ont eu tendance à ne divulguer que les informations « rassurantes » (et parfois même trompeuses !), ce qui avait  pour effet contraire d'effrayer les citoyens, qui se sentaient dans l'ignorance. Ce point est d'ailleurs assez intéressant car on voit le choc de deux cultures. D'un côté, au Japon, nous avons peur car on ne nous livre pas assez d'informations. De l'autre côté, en France, nous avons peur car on nous livre trop d'informations et ne savons pas les trier, et les gérer.

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Ecrit par Suisha.