Bonjour à tous ! Aujourd’hui on parle de The Fall. Alors non ce n’est pas un clone de tetris comme son nom pourrait le faire croire, ni un jeu-documentaire retraçant la carrière de Luc Besson. Il s’agit d’un Point & Clic mâtiné d’un peu d’action (même si la page kickstarter parle plutôt d’un mélange entre action-plateforme et jeu d’aventure traditionnel, mais dans les faits pour moi c’est du point & clic), dans une ambiance lugubre du plus bel effet. Ce jeu du studio « Over The Moon » est le premier épisode d’une trilogie, a été financé sur kickstarter, et se révèle vraiment bon, bien que pas parfait. Alors enfilez vos combinaisons, attachez bien vos casques et plongeons ensemble dans le monde froid et sombre de « The Fall ».

Le jeu débute avec la chute d’un astronaute, et vu la vitesse de ce dernier il est tombé de haut. Heureusement juste avant de toucher le sol et de repeindre ce dernier façon art contemporain, sa combinaison déclenche un bouclier de protection qui va ralentir la chute et amortir le choc, ce qui fait que notre personnage est encore vivant, bien qu’inconscient et en mauvais état. C’est alors que l’IA de la combinaison prend le contrôle et décide de bouger par elle-même afin de faire ce pour quoi elle a été programmée : protéger la vie de son pilote, quel qu’en soit le prix. Tout le jeu va donc être centré sur la recherche d’une installation médicale qui permettrait de soigner votre pilote, et pour ça il va falloir explorer la station à côté de laquelle vous êtes tombés (le hasard fait bien les choses). Quand aux questions que vous vous posez, comme : D’où il est tombé ? C’est qui ce type en fait ? C’est quoi sa mission ? Quel est cet endroit ? Pourquoi tout est en ruine ? Et pourquoi il y a des cadavres crucifiés et des croix un peu partout ? Certaines auront leur réponse, d’autres non, mais que c’est un jeu à épisode ne vous attendez pas à avoir tout de suite la réponse à toutes vos questions.

Le jeu se joue sur un plan en 2D, avec donc des déplacements latéraux et la possibilité de sauter, mais ne vous attendez pas à un quelconque aspect plateforme. A aucun moment votre skill à mario ne sera nécessaire. Ici on explore et on réfléchit. Dés le début du jeu vous pouvez utiliser votre lampe torche pour éclairer tout ce qui vous entoure. Vous la dirigez avec le stick droit. Chaque objet ou site présentant un intérêt est signalé par une icône qui se révèle avec la lampe. Si vous la laissez braquée dessus vous pourrez avoir une petite description de la chose en question, ce qui est souvent utile. Parfois vous pourrez aussi interagir avec, en utilisant une interface très claire, mais pas toujours pratique. Vu qu’on n’est jamais obligé d’utiliser un objet en temps limité ce n’est pas vraiment gênant, ça fait juste perdre parfois quelques secondes à cause d’une mauvaise manipulation. Certains objets peuvent ramassés pour être utilisés plus tard, mais ça s’arrête là. Il n’y a pas de manipulations ni de combinaisons à faire. De même en braquant votre lampe sur un objet, il faut savoir que l’icône « interaction » veut aussi bien dire « utiliser » qu’ « abaisser le levier » ou bien « prendre », donc on ne perd pas son temps à chercher la bonne action à faire. Certains comme moi aimeront, d’autres regretteront le fait de ne jamais avoir à chercher quel type d’action faire. Par contre s’il faut utiliser un objet de votre inventaire vous devez sélectionner ce dernier, donc c’est simplifié, mais il faut quand même réfléchir.

Votre personnage se déplace lentement, ce qui est très pratique ici car ça vous permet de tout explorer méthodiquement avec efficacité, et diminue vos chances de rater un objet ou un élément du décor indispensable pour progresser (en plus le jeu est assez sombre, mais nous y reviendrons). Par contre ça ne rend pas les phases d’action rythmées. Car oui il y a un peu d’action pour varier les plaisirs. Dans ce complexe il y a des droïdes chargés de la sécurité, et vu qu’en plus de ne rien avoir à faire ici, vous passez votre temps à endommager le matériel, il arrive parfois que des troupes armées vous tombent dessus. Heureusement très tôt dans le jeu vous trouverez une arme qui vous permettra de les mettre hors service. Vous devez viser l’ennemi avec le stick droit de la même façon que vous visiez avec la lampe précédemment, puis vous tirez sur les robots. Vous n’avez pas de munitions, mais votre arme a une cadence de tir réduite. Et vu que les tirs adverses font très mal vous devrez tout le temps vous mettre à couvert derrière des éléments du décor ou utiliser un camouflage que vous trouverez aussi très tôt dans le jeu. Autant le dire ces phases sont très faciles et pas très rythmées : les ennemis vous attaquent par groupes de six en moyenne, et jamais à plus de deux ou trois à la fois, vous ne risquez jamais d’être encerclés, quand les ennemis tirent ils restent longtemps à découvert, votre camouflage vous rend virtuellement invincible et rend la notion de couverture obsolète dés le début du jeu. Même le boss de fin est ridiculement facile ; d’ailleurs en y repensant je ne suis pas sûr qu’il soit possible de perdre contre lui. L’avantage par contre c’est que le faible nombre d’ennemis fait que ces phases d’action sont assez courtes, et vu que le jeu n’en abuse pas et sait rester raisonnable, au final on n’a pas le temps d’être gêné par les défauts. Il s’agit surtout d’occasions de casser un peu la routine et de se changer les idées, et pour le coup j’ai trouvé ça assez efficace. C’est bancal à froid, mais quand on joue c’est très agréable, donc au final je dirais que ces phases sont un bon point dans les faits.

Concernant les graphismes c’est plutôt beau, mais ça n’est pas exceptionnel pour autant vu que la DA est minimaliste avec ses décors si sombres que parfois on finit par croire que le jeu est en noir et blanc. Dans ces décors en ruines, où parfois l'éclairage ne marche plus, avec la menace sourde du gardien et ces croix plantées un peu partout, je ne vous raconte pas l'ambiance. De même le sound design se limite à des nappes angoissantes et met davantage l’accent sur les sons (bruits de pas, crissements,…). Le jeu est en français et intégralement doublé en anglais lors des quelques dialogues avec les autres IA qui ne sont pas encore hors service. Cette DA sombre et cette ambiance sonore créent ainsi une atmosphère angoissante, ainsi qu’un vrai sentiment d’insécurité. Le rythme du jeu a beau être lent (ce qui est normal pour un point & click, le but premier est de vous faire réfléchir), on ne se sent jamais en sécurité. Du début à la fin l’histoire distille la sensation qu’une menace latente vous guette, et vous force à rester aux aguets. Le fait que notre personnage avance toujours avec le pistolet brandi, la torche étant collée dessus, est assez rassurant au final. Cette ambiance n’est pas effrayante mais elle participe grandement à donner une identité au jeu, en plus de très bien servir l’histoire qui nous est racontée. De plus le jeu a fait l’objet d’un certain soin au niveau des finitions : par leur apparence, les menus et l’écran titre nous renvoient aux interfaces d’ordinateurs des années 90, avec quelques faux glitches de police de caractères, et passer d’un menu à l’autre lance parfois de faux écrans de chargement qui vous rappelleront l’époque de DOS, quand jouer au solitaire sur windows 3.1 c’était cool. On joue une IA et le jeu veille à ce que nous ne l’oublions pas, mais sans nous le rappeler de façon lourde, à travers tous ces détails d’interface et à travers la narration.

L’histoire est agréable à suivre. L’IA que nous incarnons a ses consignes et les suit à la lettre, et même si elle agit parfois de façon incohérente, on sent que c’est voulu. Par contre la cohérence des énigmes est parfois discutable. Rien de grave je vous rassure, mais je me suis parfois retrouvé à trop réfléchir sur une situation, estimant que telle façon de la résoudre n’était pas crédible, alors qu’en fait le jeu considérait que si. Il y a quelques facilités, un peu comme si on vous demandait de pêcher et que vous tourniez en rond pendant une heure à la recherche d’un appât alors qu’en fait le jeu considérait qu’un hameçon suffit pour attraper un poisson (cette énigme n’est pas dans le jeu, rassurez vous, c’est juste un exemple). Au final ça n’est pas bien grave, surtout que ces raccourcis sont l’occasion d’un humour noir qui reste léger. Quiconque a eu un enfant risque de sourire devant la solution de « simulation : calmez un (faux) bébé qui pleure ». Un indice : c'est illégal, mais très efficace.

Au final The Fall est un jeu qui vaut ses 10 euros. Il n'a aucune rejouabilité, comme le veut le genre, mais vous allez bien vous triturer les méninges avant d'en voir la fin. En ligne droite il faudrait environ 4-5 heures pour le finir, mais à moins d'avoir une soluce sur les genoux la première fois ça devrait plutôt vous prendre 7-8 heures (estimation faite avec la technique du « doigt mouillé », en fait ça dépend pas mal de vous). Il ne révolutionne rien mais il fait bien son travail. Vu que les jeux de ce style sont de plus en plus rares , quand on en a un qui est bon partout on ne va pas se plaindre.

Vous pouvez foncer si :

  • vous aimez résoudre des énigmes
  • vous souhaitez une ambiance sombre et posée
  • vous aimez que trouver une solution soit une récompense en soit, car mine de rien certaines solutions ne sont pas gratuites

Vous pouvez passer votre chemin si :

  • vous cherchez un jeu d'action (la page kickstarter revendique une part action)

  • vous n'aimez pas l'idée de bloquer sans savoir où aller

  • passer un temps fou à explorer en détail zones après zones vous ennuie (les mouvements lents du personnage n'aident pas)

The Fall coûte 10 euros sur l'e-shop et prend 519 Mo sur le disque dur.

par Luciole.

(Les images sont tirées de la galerie de jeuxvideo.com)