Sweet Child O’ Light

S’il y a bien un genre de jeu populaire auprès des gamers, auquel Ubisoft ne s’est pas encore frotté en tant que développeur, c’est bien le J-RPG. Difficile pour un studio occidental de se démarquer avec une nouvelle IP, et ne pas souffrir de la comparaison avec les standards Japonais à l’indétrônable notoriété. La solution de facilité fut d’utiliser le moteur « maison » UbiArt Framework et de revenir au système du bon vieux classique en 2D, en passant par une distribution dématérialisée très large. Comme nous allons le voir, qu’on aime ou pas Child of Light, on peut lui accorder une chose, il ne laisse pas indifférent.

Child Of avec 0% de sucre ...

Passons rapidement sur l’histoire, une petite fille (Aurora) se retrouve dans le royaume de Lemuria pour vaincre la reine noire et restaurer la paix. Bien que classique, la seule originalité vient de l’histoire contée à la manière d’un poème. Les mélodies (piano et cordes frottées) qui accompagnent notre héroïne restent discrètes mais s’adaptent toujours très bien aux différentes situations rencontrées. En 2D vue de côté, la Direction Artistique a adopté un style graphique encore peu vue dans le domaine du jeu vidéo, l’aquarelle. Loin d’être figée sur une toile, les arrières plans sont animés et les passages dans la végétation apportent des effets de transparence qui laissent pantois. L’interaction du personnage avec les décors surprend agréablement à chaque fois et leur variété nous dépaysera vraiment à différents moments de l’aventure.

... mais contient des aides nulles qu’aux rangs de joueurs avisés

Qui dit RPG, dit Combat. A l’instar d’un Grandia (Saturn et Playstation), il n’y a pas de combat aléatoire puisque l’on voit les ennemis pendant les phases d’explorations. Libre à vous de les contourner (si cela est possible) ou de les attaquer par surprise s’il ne vous ont pas vus avant. Mais ce n’est pas le seul point commun avec Grandia. Son système de combat en est aussi très proche. Sur une base de combat au tour par tour, les forces en présence sont visibles sur une barre de temps en bas de l’écran. Cette barre se décompose en un temps de repos (ou d’attente), puis la commande d’action qui entraine une période de préparation (rapide, moyenne ou longue) et ensuite l’action en elle-même. Les subtilités de la stratégie s’ouvrent progressivement à vous. Une action rapide est moins efficace que celle qui demande une préparation plus longue, porter un coup à un ennemi juste avant sa phase d’action, peut l’empêcher de mener à bien son attaque et le repousser dans sa phase de repos, etc.

vai a fare Igniculus

Vous ne serez pas seul(e) longtemps. Une luciole, ressemblant étrangement aux gluants de Dragon Quest, du nom de Igniculus (étincelle ou flammèche en latin), va vous accompagner pendant votre quête. Elle ne prend pas vraiment part aux combats mais vous la contrôlez pour vous faciliter la tâche. Elle s’illumine et peut vous guérir (ou vos alliés) ou ralentir un adversaire afin qu’il ne porte pas ses coups trop fréquemment. Quand sa barre d’énergie est à plat, elle peut se restaurer auprès de plantes (2 par tableau de combat), cela a aussi pour effet de redonner des PV et des MP à toute l’équipe.

Ah, tiens en parlant d’équipe, les rencontres avec d’autres personnages, qui se joindront à vous, n’est pas en reste. Seulement les tableaux de phase de combat ne permettent qu’à deux alliés et trois adversaires de s’affronter ! Un astucieux système de tag a été mis en place pour adapter en temps réel ses forces face à tout type d’adversaire nécessitant soit magie, soit force physique pour être vaincu plus facilement… A la fin du combat, les points d’EXP sont distribués à toute l’équipe, même ceux qui n’ont pas participé au combat. Le levelling est grandement simplifié et donc très bien équilibré. Chaque niveau gagné permet d’améliorer une des trois branches d’un arbre des compétences propre à chaque personnage.

Un RPG très light

Là où Child Of Light s’éloigne un peu des standard du RPG, c’est l’absence de monnaie, de boutiques ou d’auberge… il faudra fouiller partout ou looter pour se refaire un stock de potions. A l’occasion, vous pourrez tomber sur des Oculi, des pierres précieuses, que l’on peut crafter pour améliorer son arme, armure ou item. Si le fait de chercher, à tâtons, la bonne combinaison de pierres peut s’avérer laborieuse, le gain n’est pas négligeable mais pas indispensable non plus pour la suite.

Durant les phases d’exploration, Igniculus se révèlera utile pour ouvrir des coffres inaccessibles, bloquer des pièges (ou ennemis) et même dévoiler le chemin à suivre… comme si le jeu n’était pas assez linéaire et sans réelle difficulté.

Mon avis à moi

Il faut l’avouer, pour un adepte des J-RPG à l’ancienne, Child of light est très (trop ?) facile, même en niveau difficile ! L’utilisation à bon escient des principaux éléments de gameplay (Igniculus, crafting, levelling collectif) rend les phases de combat trop simples. Mis à part contre les Boss, Les combats s’expédient rapidement. Perdre est difficilement envisageable dans ces conditions. Les joueurs traditionnels ayant un tableau de chasse « RPG » bien garni ne vont pas forcement en garder un souvenir impérissable. Décidemment, Child Of Light soulève beaucoup d’interrogations depuis sa sortie et divisent les joueurs, ô combien exigeants.

Et si ce jeu était clairement destiné à tous les autres joueurs qui n’ont jamais (ou rarement) toucher de J-RPG ? Beaucoup ont une console principalement pour des jeux de sports, d’actions ou de simulations automobiles, Child Of Light est une alternative à tous ceux qui voudraient s’essayer à un autre type de jeux en toute sérénité, idéal pour un joueur novice et servir de tremplin pour s’attaquer aux grands classiques bien plus exigeants et bien plus longs.

Au-delà des considérations de puristes, le jeu propose une agréable aventure dont on apprécie la progression et la construction. Assez classique pour tenir en haleine les non-initiés au genre, les petits défauts récurrents (écran noir de chargement de quelques secondes avant chaque combat …) ne ternissent pas trop l’expérience au final.

Bien que proposé à 15 euros seulement sur l’eshop, on regrettera que l’aventure se termine si vite (une quinzaine d’heures, grand maximum) … regretter de ne pas pouvoir continuer l’exploration de Luméria, c’est peut-être la plus grande qualité que l’on peut trouver à Child Of Light.

En conclusion, j’achète Child Of Light … que je sois novice curieux ou aficionado du J-RPG.

À qui s’adresse Child Of Light

  • À ceux qui veulent s’essayer au J-RPG sans être brusqués.

  • À ceux qui ont la nostalgie des RPG 16 bits en 2D

  • À ceux qui sont attirés par les jeux à la direction artistique peu conventionnelle

À qui ne s’adresse pas Child Of Light

  • À ceux qui veulent des RPG riches en quêtes avec plus de cents heures de jeux minimum.

  • À ceux qui veulent des RPG Next Gen … sur des machines Next Gen

  • À ceux qui ont juré sur leurs aïeux de ne jamais toucher un RPG de leur vie !

Données diverses sur Child Of Light : Prix eShop à son lancement 15 euros, taille sur stockage 2304 Mo, 2 joueurs possibles avec une wiimote.

par izis