T’es nouveau, on se fait l’abysse ?

Diriger un poisson, être proie ou prédateur et évoluer dans la chaîne alimentaire n’est pas sans rappeler EVO sur SNES ou plus récemment Spore sur PC, mais la comparaison s’arrête ici. Voyons donc ce qu’il en retourne d’EvoFish.

Manger ou être mangé en milieu aquatique, vaste programme pour ce jeu paru sur l’eShop fin février 2014. On peut déjà le trouver sur iOS ou Android avec uniquement son mode « Solo ». La version Wii U propose, moyennant 3,99 euros et 269 Mo, un supplément inédit : un mode « Multijoueur » proposant 3 challenges différents jusqu’à 5 joueurs.

Il est aussi bon de noter qu’EvoFish est développé sur le moteur Unity 3D et montre que la Wii U est bien parée pour recevoir une ribambelle de nouveaux titres que l’immense communauté de développeurs, détenteurs de la licence Unity, prépare actuellement.

Le premier titre de Moving Player sur Wii U.

Les petits pois sont rouges

Venant de l’univers des smartphones et des tablettes, on aurait pensé retrouver une jouabilité entièrement tactile, mais le développeur a préféré utiliser le téléviseur comme écran principal, l’écran du Gamepad ne servant qu’à gérer l’inventaire. Vous l’aurez compris : Pas de mode TV Off, fait aussi rare qu’étonnant pour ce type de jeu nécessitant d’être souligné d’emblée.

Dans le mode « Solo » en partie « normale », on dirige donc un poisson, avec l’un de deux sticks, dans un milieu aquatique aux dimensions très limitées et dont le but est de se nourrir des poissons les plus faibles tout en faisant attention aux prédateurs. Les premiers vous feront acquérir des points d’expérience en passant dessus, vous permettant d’évoluer vers le niveau suivant, les autres vous feront perdre des points de vie s’ils vous touchent. Votre place dans la chaîne alimentaire change à chaque évolution de votre poisson (un écran vous montre la nouvelle faune à chaque fois). Pour éviter d’être perdu dans ce biotope en perpétuelle mutation, les poissons se colorent quand on s’en approche, les proies deviennent vertes, la faune agressive devient rouge.

 Observez bien le decor pour le comparer, aprés une évolution, plus loin dans l’article.

Tout en préservant votre barre de vie, vous devrez tenter d’atteindre le level 12 de votre animal afin de débloquer un autre poisson (il y en a 3 à débloquer) aux caractéristiques différentes (vitesse, énergie, vie, bonus). Pour vous aider dans votre épreuve alimentaire, des bonus à utiliser modérément vous octroient des pouvoirs temporaires.

  • La trousse de secours remonte votre barre de vie.

  • le boost vous fait nager plus vite.

  • l’énergie permet de manger tous les poissons sans exception.

  • le bouclier vous rend invulnérable.

  • le bonus X2 double votre expérience.

  • la bombe provoque de gros dégâts localement, le givre freine les poissons à proximité.

  • l’horloge ralentit tous les poissons.

Voici ce que vous propose l’écran du gamepad.

On peut même en choisir deux, en raccourci, pour les gâchettes ZL et ZR, on se croirait dans un Mario kart like ! Pour faire le plein de bonus, il y a l’EvoShop qui permet d’échanger des bonus contre des coquillages, la monnaie du jeu. Ces coquillages se récupèrent durant vos parties, en exécutant des petites missions affichées ponctuellement sur le Gamepad. Votre insatiable appétit ira augmenter votre compteur de score mais hélas aucun leaderboard ne permettra de vous mesurer aux autres possesseurs de ce jeu (excepté le Miiverse).

La partie « survie » diffère du fait que vous n’avez plus de barre de vie (remplacée par un sablier), les poissons avalés vous donnent du temps supplémentaire au chrono et les poissons prédateurs vous en font perdre. Le but étant bien sûr de rester le plus longtemps possible dans la partie !

…On retrouve notre décor précédent mais plus petit dans le coin supérieur gauche.

L’aidant de l’amer

Si à la lecture de ce début de test, vous pensez qu’EvoFish n’est qu’un pâle portage d’un jeu iOS/Android sans ambition, je vais me faire l’avocat du diable pour convaincre les plus aigris. Voici la réelle innovation de cette version Wii U: son mode « multijoueur ».

  • 1 VS 4

Dans ce mode, le joueur au Gamepad doit tenir le plus longtemps possible en avalant les poissons plus petits (comme dans la partie « survie »). Les autres joueurs, en écran splitté, vont jouer deux rôles différents. Au début du cycle de l’évolution du joueur au Gamepad, ils sont vulnérables une dizaine de secondes, ce sont des proies. S’ils sont touchés, ils donnent beaucoup de temps et leur évolution est d’autant plus retardée. Une fois passé dans le camp des prédateurs, ils devront tout faire pour toucher le joueur au Gamepad et lui faire perdre du temps avant sa prochaine évolution. Et le cycle de proie/chasseur est à nouveau bouleversé.

  • Last fish standing

Toujours basé sur le principe du temps à accumuler, c’est chacun pour soi. L’utilisation de bonus contre ses adversaires n’est pas à proscrire. Un petit air de bomberman qui a son charme…

  • God of swarm

Là, c’est le joueur Gamepad qui dirige les poissons prédateurs sur les poissons des joueurs en écran splitté. Ces derniers ne peuvent compter que sur leur habilité pour grappiller des secondes et rester le plus longtemps possible. Le dernier survivant affronte le joueur au Gamepad dans un duel final qui se joue au chrono.

Ces 3 jeux variés permettent à cinq joueurs de s’affronter simultanément. Bien que le joueur avec le Gamepad se distingue par son objectif de jeu, on reste encore éloigné de ce que l’on nomme gameplay asymétrique, le terrain de jeu étant le même et la vue loin d’être différente.

L’écran d’évolution est de l’occasion de faire le point sur les proies et les predateurs.

Mon avis à moi

Au-delà des musiques, dans le thème mais finalement anecdotiques, de l’animation perfectible des poissons , on est en présence d’un jeu agréable à jouer et à regarder. Dans le même esprit que le début du jeu Spore, au fur et à mesure que le poisson évolue et grandi, les détails du biome marin diminuent et la vue s’élargit pour offrir de nouveaux éléments de décors. On aperçoit aussi les ombres menaçantes de poissons encore plus grands que l’on affrontera plus tard…

Sans être mauvais, EvoFish propose assez peu de contenus variés et présente les mêmes symptômes que le jeu Chasing Aurora au final. L’absence de leaderboard ampute clairement le coté scoring voulu par ses créateurs, le genre arcade du mode solo perd ainsi tout son intérêt sans ce challenge communautaire.

Seul le mode « multijoueur » permet de justifier sa présence dans notre ludothèque. La jouabilité ultra simple convient à tous les joueurs, surtout les novices et les occasionnels qui pourront ainsi participer à un moment de détente, lors d’un dimanche pluvieux. Mais les parties ne s’enchaineront pas des heures comme avec un Mario Party, par exemple.

Foncièrement un jeu d’appoint, le mode solo de EvoFish conviendra aux très jeunes joueurs et le mode « multi » attisera la curiosité une fois, ou deux à l’occasion…

En conclusion, parce que je ne fais visiblement pas partie du public visé par l'éditeur, je n’achète pas EvoFish!

À qui s’adresse EvoFish?

  • À ceux qui ont de jeunes enfants !

  • À ceux qui préfèrent les jeux d’arcade simples et accessibles !

  • À ceux qui explosent les scores mais s’en foutent de le faire savoir !

À qui ne s’adresse pas EvoFish ?

  • À ceux qui l’ont sur smartphones/tablettes!

  • À ceux qui n’ont ni wiimote, ni ami !

  • À ceux qui explosent les scores mais veulent surtout le faire savoir !

 par izis.