"Version 1.06, Playstation 3, difficulté normal"

Resident Evil, rien que le nom fait resurgir les très bons souvenirs d'enfance avec la trilogie sur Playstation, loin d'être parfait. RE avait une identité propre crée à partir de films de zombie provenant de la pop-culture américaine (Zombie de Romero pour ne citer que lui) et développer avec un œil japonnais, un mixe des cultures de la peur qui fonctionnait parfaitement. Depuis la sortie du très contesté RE5, la mauvaise exploitation de Capcom en utilisant RE comme une machine à fric avec les nombreux nanars « Successful » de Paul Anderson et les épisodes spin off. L'image de la licence a pris un coup, au prix de nombreux fans en perdition. Le sixième va-t-il changer la donne ? Malgré beaucoup d'efforts et d'améliorations de Gameplay, l'amertume persiste.

"Conversation de cousins, Alexis et Luc jouent ensemble à RE6 (Chapitre 2-3 Poursuite Chris, Piers vs Ada) :

L : Bon tu pilotes la jeep, je tire pigé ?

À : C'est vraiment Resident Evil ? Nan parce que le dernier que j'ai joué ça se passait dans un commissariat et là depuis le début de la partie, je me sens dans un TPS lambda.

L : Oui, mais ça, c'était avant, quand tu jouais à un Resident Evil, tu chiais dans ton froc, aujourd'hui, c'est plus la peine de se torcher.

A : Ptin j'ai l'impression de conduire un pousse-pousse.

L : Ne te plains pas, t'as pas encore joué à NFS Most Wanted.

A : Heh meh c'est des zombies qui conduisent en face et qui nous tirent des roquettes là ?

L : Moui, fais gaffe, d'ailleurs c'est des catcheurs mexicains, il y a pas de tacos à Hong-Kong, c'est pour ça qui sont un poil vénère.

A : Tout s'explique, mais c'est normal qu'on ne perde pas de vie en se mangeant des roquettes ? Alors qu'on meurt en frôlant les murs ?

L : Et toi tu trouves normal qu'une troupe de terroristes qui tuent une tonne de civils avec un virus soient habillées en catcheur et dirigés par une MILF ?

A : Cela va de soit."

"Ouah le tricheur ! Il a des munitions !"

Cette consternation des joueurs éclairés face à ce titre n'est pas sans fondement, on peut avoir aimé la licence depuis ses débuts et adoré le parti pris de RE4 ainsi, que tristement, avoir détesté l'évolution qui s'en est suivit. Mikami, père fondateur de la licence avait popularisé le TPS et redonné le goût au survival-horror grâce à ce volet . Malheureusement le passage à la Gen PS3/360 avec le cinquième volet à flinguer le chic au profit du fric. RE5 était un jeu sans saveur servi par un gameplay archaïque sans innovation par rapport aux concurrents, sorti tardivement, pompant trop sur son aîné sans faire d'évolution, proposant un binôme Chris et Shiva aux goûts douteux et une histoire trop tirée par les cheveux à l'instar des films. Vulgarisation d'un jeu en co-op, mal ficelé et à la ramasse qui a eu tout de même l'idée de proposer une autre vision de la peur : le Stress. La peur de la mort, peur de mourir à n'importe quel coin de couloir sans avoir eu le temps de sauvegarder sa partie, les monstres qui collaient la frousse, les situations tordues et uniques qui faisaient monter l'adrénaline se sont envolées avec les valises de Mikami quand il a quitté Capcom après RE4. Enfin, il aura laissé quand même un post-it avant de partir, « faîtes stresser les joueurs mes frères, faites les stresser God damn it ! ». Ils ont bien compris les développeurs, le Stress, c'est à nouveau le leitmotiv du studio pour ce sixième volet.

Capcom a changé la donne du conflit dans ce nouveau volet, fini l'Afrique sombre et glauque, le virus se propage à l'échelle mondiale, de Washington à Lanshiang en s'arrêtant chez les cocos. Le jeu vous fait voyager et combattre une nouvelle menace bioterroriste. Les développeurs ont pris en compte les critiques émises par les joueurs, maintenant place à la variété avec quatre chapitres et 7 personnages différents à contrôler seule ou a plusieurs (Leon,Chris, Piers, Helena, Jake, Sherry et Ada). Vous avez voulu du spectacle ? Capcom vous en met plein la gueule ! Le studio japonais veut faire plaisir à ses fans et ça se voit.

Commençons par le côté vraiment charmant du jeu, la possibilité de voir enfin Léon et Chris, les deux personnages pillier de la licence se donner à cœur joie, main dans la main, combattre des Mégatonnes de chair putréfiée. Fan service vous avez dit ? Vous aurez le droit également à votre mode mercenaire présent depuis le trosième volet, mode dont le but et de survivre aux vagues d'ennemis en faisant un maximum de points seuls ou a deux (local ou en ligne) pour obtenir des costumes bonus, un mode « horde » à la sauce Capcom. Il y a également la galerie de documents en mode boutique d'arcade post pandémique, documents débloqués au fur et à mesure que vous trouvez des assiettes bleues dans la campagne solo, narrant le passé de la série et des divers personnages de la série. Capcom joue un peu comme Bruel avec ses joueurs : « Pour vous mes Fans ! ».

"Vous l'avez voulu, et ben voilà votre epic fan service moment"

Dire que le jeu n'est bon que pour son fan service, ça serait dire que McDonald c'est de la gastronomie parce qu'il varie leurs sandwichs antivomitifs au gré des saisons. Non, le moteur MT Framework 2,0 conçu par la firme, offre des décors variés fournis en détail et fluides sous un emballage qui reste très propre sans alliasing déplorable. On regrettera quand même, les chargements envahissants (mais vraiment trop envahissants) ,certaines textures laissées en plan et l'effet carton des décors qui manquent de dynamisme, de vie, de punch. Tiens du punch, c'est ce qui manquait grandement au précédent volet. Quand on jouait à RE 5, on avait une sale impression de jouer à un jeu aussi lent et perturbant qu'une grand-mère roulant à 50 Km/h en 1ère, on avait la sale impression que le jeu pouvait aller plus vite, mais bridée toujours par des éléments de gameplay qui étaient à la ramasse (impossibilité de tirer en marchant par exemple). Cette fois-ci, ce défaut a été corrigé, on sent une plus grande souplesse dans l'action, une plus grande liberté de mouvement, on peut tirer en marchant, tirer allonger, faire des roulades ou glisser. La gestion de l'inventaire a été également revu pour une plus grande simplicité et fluidité de la gestion des items. Le Gameplay a réellement gagné en dynamisme et ça fait vraiment plaisir.

Une dynamique de Gameplay qui se retrouve également sur les zombies du jeu, enfin zombies, on insistera plus sur l'expression « Humanoïde pétée au stéroïde ». Ces ennemis sont beaucoup plus nerveux et variés que dans les épisodes précédents. Ils n'hésiteront pas à vous charger, à courir, à vous sauter dessus. À l'instar d'un Left 4 Dead, vous allez vous en prendre plein les mirettes, surtout si vous êtes en difficulté « No Hope ». Excellente difficulté si vous souhaitez jouer en co-op avec un ami en local ou en ligne avec un bon challenge. Capcom à vraiment retravaillé se côté online justement, comme dans le diptyque FPS zombiesque de Valve, vous avez la possibilité de vous incruster dans une partie en tant qu'ennemi grâce au mode « Chasse à l'Homme », une convivialité bien fun qui peut se créer sur le live ou steam dans des parties bien burnée. Par contre, sur le PSN, si vous souhaitez jouer avec des glands, c'est toujours la plate-forme prédestinée. Sérieusement, qui c'est qui a réussi un jour, à jouer en équipe sur la Playstation 3? Surtout avec une entente cordiale ? Le jeu est plutôt bon dans son boulot en ligne, par contre si vous souhaitez jouer seul dans le noir pour essayer de vous faire peur, c'est malheureusement une autre paire de manches.

RE 6 propose tout au long de la vingtaine d'heures de jeu, de l'action non-stop. Oublié l'ambiance Survival-horror des précédents volets. En utilisant des ficelles connues des TPS occidentaux (Uncharted, Gears of War), RE6 donne dans le grand spectacle servi par de nombreux scripts. Toujours dans le cliché des explosions et scènes « Waouh effect », tellement rocambolesque et abusé que ça en devient presque charmant, si on le prends au second degré bien entendu. La licence devient une vraie série Z a gros budget : requin-zombie qu'on mitraille alors qu'on glisse sur le dos dans un tunnel traversant une hécatombe, Mitraillage de zombie en course poursuite sur un périph asiatique, combat sur un train contre un monstre inspiré de The Thing de Carpenter ou tué des gros infectés sortant de cocons à la Alien. Vous avez à faire avec un gros melting-pot des vices et moult reproches aux TPS à succès. Cela ne m'aurait dérangé guère, si l'humour parodique et ironique avait été utilisé pour en faire un jeu complètement assumé dans son ambiance série Z.

Et c'est à ce moment qu'on touche le point névralgique du jeu. RE 6 ne s'assume ni dans on ambiance, ni dans son gameplay, ni dans rien en faîtes. Tout au long du jeu, j'ai eu l'impression de jouer à un Patchwork de toutes les demandes des fans de la série raccordés par des énormes lacunes de rythme. Même si le Online est bien dans son ensemble, l'essence de la peur est complètement oubliée, le bon goût également. La licence s'est perdue, elle n'a plus d'identité, à trop porté sur le jeu en ligne, on oublierait presque qu'on joue à un Resident Evil. De mon point de vue, j'aurai largement préféré un jeu solo extrêmement bien ficelé dans une ambiance glauque que dans un gros bordel graphique à plusieurs servi par un scénario ridicule et des dialogues plats. Le plus ironique c'est que le jeu est vraiment beau, sympa à jouer, mais on ne prend plus aucun plaisir dans de longues sessions. Pire en local à deux, on commence à rendre les BN au bout de 30 minutes, et d'ensuite passer un à autre jeu beaucoup plus fun à plusieurs. Plus on y joue, plus on est blasé par la direction prise et le pompage outrancier des autres jeux. On sent que les développeurs ne se sont pas tous mis d'accord durant le développement, certains souhaiter faire peur, d'autres juste faire stresser et d'autres se sont dits : «  Hey les mecs vous avez vu Call of Duty, c'est pas mal non ? ». Sauf qu'aucun des trois paramètres ne prend vraiment la sauce, si le stress c'est de manquer de munitions face à une armada de zombies qu'on peut quand même tuer au coup de poing, on sent plus de la frustration qu'autre chose. Si avoir peur c'est de jouer à deux avec des scripts rocambolesques et des effets pyrotechniques de toute part, on en est vraiment loin.

Resident Evil 6, excellent opus or not ? Cela sera la question qu'on se posera comme un philosophe éclairé tout au long du jeu. Malgré les améliorations portées au soft et le joli emballage du jeu. Si avoir peur, c'est manquer de munitions face à une armada de monstres divers et variés complètement cheaté, alors ma foi oui. Si c'est une peur viscérale comme dans Amnesia ou un cultissime SH2, la véritable peur tétanisant tout le corps et qui nous fait effet dans le pantalon, on pourra alors admettre que non. Le Sixième volet canonique de la série se cherche entre parodie et peur, entre action débridée et Survival ou entre véritable jeu multijoueurs ou solo. Une œuvre ludique qui se retrouve coincé le cul entre deux chaises Ikea.