À l'occasion de l'arrêt de la production et commercialisation de la première console portable de Sony, la PSP. le Serpent Retrogamer et son équipe d'investigateurs de l'extrême se plongent dans l'univers de cette console afin de vous contextualiser le statut de cette console qui n'a jamais été vraiment reconnu par le grand public. Alors que nous apprenions quelques jours après que Sony abandonne l'idée de faire des jeux sur sa propre console portable PSvita, petite soeur de la PSP, le sujet d'aujourd'hui concernera le statut de la PSP, son côté underground malgré lui. Sony ne sait définitivement pas géré la commercialisation d'une console portable. Le plus ironique dans cette histoire, c'est que la Psvita aussi cool soit-elle comme console, elle n'aura jamais la pérennité de la Playstation portable première du nom, pourquoi ? C'est ce que nous allons voir.

At the wrong time in the wrong place with the wrong stick

Sony en lançant en 2004 la Playstation Portable aka la PSP avait comme idée de base de transposer une PS2 en portable avec aussi une tonne d'équipement Hi-tech pour l'époque, un média center capable de lire des mp3, des films en mp4 et une console utilisable n'importe où et n'importe quand. L'idée est géniale sur papier, mais donc le résultat a fini sur une autre note. À l'instar de la PSvita en 2012 qui reprenait la même idée de transposer une console bankable en portable, Sony se goure de cible et de façon de faire. On ne peut pas faire de simple transposition pour gagner en intérêt, un jeu portable n'a pas le même feeling que sur console, et le simple faîtes de faire un jeu console sur portable ne marche pas. C'était le but principal finalement, faire des jeux console pour gamer sur portable, sauf que contrairement à la Nintendo DS de la firme de Kyoto, la cible marketing de la PSP était trop étroite pour la faire vendre comme des petits pains et par conséquent les jeux ne s'adressaient qu'à une caste de joueur bien précis, les hardcore gamer. C'est bien de contenter la caste des joueurs expérimentés, les vieux routards comme nous. Sony depuis l'annonce de leur bijou, le département marketing s'est lâché et à envoyer à la gueule des joueurs nerds, des tonnes de messages et d'annonces pour flatter l'ego faible du gamer que nous sommes, sauf que les gamers, ça ne faisait pas gagner autant de pognon qu'a notre décennie actuelle, pauvres fous, Beyoncé et le monde entier a préféré de se contenter d'une autre machine.

La raison du succès de la Nintendo DS face à la PSP est simple à comprendre. Nintendo est un champion en terme de console portable, n'en dément les succès antérieurs que sont la Game Boy et la GBA, mais le succès est venu grâce à des concepts, des jeux orignaux et adaptés à sa situation. Personne se fera chier à faire un MGS Peace Walker, Grand Theft Auto ou un Kingdom Hearts : Birth by Sleep pour une session de quinze minutes sur sa console portable par exemple, on préfère faire au pire un Doodle Jump sur Iphone ou même un Elite Beat Agents sur DS pour patienter, les règles et le gameplay sont beaucoup plus explicites que n'importe quel jeu à millions de dollars. Cette console a aussi un atout de masse, c'est son écran tactile et son stylet. En proposant des concepts amusants et novateurs pour petits et grands, Nintendo a réussi à conquérir les foyers non seulement avec sa créativité et sa simplicité d'utilisation de la console, mais aussi avec ses licences bankables et adaptables à chaque nouveau périphérique made in kyoto (Pokémon, Mario, ect). Sony lui a continuer sur la voie du pétage de rétine et à jeter des fleurs aux hardcore nerds, avec des licences certes cool à jouer, mais cela reste peu novateur et finalement on se retrouve avec des concepts déjà connus sur console de salon et que la portable rend moins bien en terme de sensation, d'immersion et de ressenti, c'est un des principaux défauts de la ligne éditoriale de Sony, écueil qu'on retrouve également sur Psvita.

Autre problème de taille que la console à rebuter des potentiels acheteurs, le stick analogique droit est absent de l'appareil. Sony a du tambouiller et galérer pour démocratiser sa Dualshock et ses deux joysticks sur Playstation, dans notre cas traité là, les ingénieurs ont essayé de faire un exercice de style. Alors que le commun des mortels est habitué à gérer l'espace 3D avec le stick analogique droit, que ce soit sur Playstation, X-box ou les machines de Nintendo, le joueur lambda a été formaté avec cette optique-ci, sauf le Pciste, lui c'est un cas à part. Là où je souhaite en venir, c'est que la majorité des jeux que nous trouvons sur cette console sont des RPG, pourquoi ? Parce que le rythme de ces jeux se prête à ce genre de configuration, c'est lent et contemplatif, il n'y a pas besoin d'avoir des réflexes de titan ni réagir rapidement, mais alors quand vous vous lancez dans un jeu d'action aventure où la progression se fait sur monde ouvert, c'est une autre paire de manches. Exemple tout donné, les deux GTA Liberty cities stories et Vice City Stories, vous pouvez retourner le problème dans tous les sens, la gestion de l'espace 3D est effroyable, dîtes vous que des ingénieurs ont été payés avec du vrai pognon pour avoir sorti un hardware aussi injouable pour des jeux qui devaient nous en mettre plein la gueule, un auto-sabotage propre.

Par le biais de la PSP, Sony a essayé d'imposer un nouveau format de stockage de données comme à la grande époque de la Playstation avec le CD-rom : L'UMD. Le format Universal Media Disc, une sorte de mini-disc qu'utiliserait n'importe quel espion dans une mauvaise série B, est un format fabriqué par Sony exclusivement pour sa console portable. La révolution du soft se voulait par sa capacité de stockage car avec la console high-tech, il fallait des jeux high-tech pour être considéré comme une machine high-tech et vice et versa. Capacité de 900 mo, qui était considéré comme énorme pour l'époque, il permettait aux plus fous des développeurs de créer des jeux portables de façon confortable, format imposé qui aurait peut être cool si ça avait suivi, mais non, sony a essayé de populariser leur format comme ils ont popularisé le cd-rom avec la ps1, mais personne n'a voulu suivre la tendance que la firme a essayé de poser.

Les raisins de la colère

Au fil des années d'exploitation, les gros éditeurs et les acteurs de l'industrie abandonneront le bourbier qu'est cette console qui ne veut se vendre auprès du public mainstream. Abandon des Third Party, Sony lui aussi abandonnera son propre navire en annonçant qui ne développerait plus de jeu à gros budgets sur cette console. Ça ne vous rappelle rien ? Finalement, et c'et là aussi tout le problème que l'image a donné Sony a sa console, c'est que si vous voulez des jeux super impressionnants, bien les chers développeurs vont devoir casquer sévère. Son Hardware se rapprochant de la PS2, les jeux devaient être initialement prévus pour déchirer la rétine sauf que ça coûte du pognon et un jeu pour console portable n'est pas vendu à 60 €, il est au maximum à 45 €. Alors, imaginer la gueule des recettes du premier GTA PSP pour Rockstar, qui s'est vendu à 40 € avec seulement 8 millions d'unités, ok il a coûté moins cher que les autres épisodes, mais les ventes n'ont pas été très encourageants pour la console et le studio lui-même, pourquoi s'entêter à faire des jeux qui n'atteindront pas la majorité de consommateurs qu'on vise ? Pourquoi des petits développeurs qui n'ont que les moyens de produire des grands jeux s'entêteront à perdre de l'argent sur une console dont le parc est faible ? Sony est victime de son ambition, portée par une communication désastreuse et hautaine, elle est une console qui fut trop ambitieuse, trop mégalomane, trop superficielle.

Apple participera aussi à l'abandon et la chute de la PSP avec l'Iphone, sorti en 2007 à travers le monde. Sa puissance marketing à laquelle ce produit à été boosté a carrément démocratisé l'achat en dématérialisé en simplifiant son marketplace au plus grand nombre et affichant des prix attractifs (0,99 €), beaucoup de personnes aka les casus ont découvert "le jeu vidéo" via des petits jeux bien fagotés, niveau zéro en terme d'inventivité certes, mais bien réalisé selon la caractéristique du portable. Certains diront que c'est de la merde, moi je dirai que c'est une des meilleures mannes à pognon dans lequel vous pouvez vous engager si vous avez quelques notions de programmation, production généralement peu onéreuse, pas de gestion de commercialisation de produit (jaquette, disque, transport) et rentabilité souvent assuré. Ce marché du dématérialisé pas chère aura été largement démocratisé par les consommateurs, côté gamer aussi avec la montée en puissance de Steam sur PC. Cette restructuration du marché va pousser Sony a faire une autre erreur avec sa console : la Version PSP Go. Passé inaperçu auprès du grand public, la PSP Go aura fait crier à feu et à sang, la mort de Sony pour avoir délibérément utiliser la corde putassière du Full-Demat. L'idée de base de la console est d'abandonner complètement le support UMD au profit du démat, ce qui réduit le coût de distribution des jeux tout en profitant par conséquent de contre-attaquer le marché de l'occasion. Sauf que l'exploitation de cette version a fait un four auprès des ventes, et calmera les ardeurs de la firme vis-à-vis du tout téléchargeable. Le plus ironique dans cette histoire, c'est que désormais, à quelques années de la commercialisation de cette console, les 3/4 des jeux sur Psvita se vendent sur le PSN, Sony a tout de même enfin réussi son coup, mais l'épingle de la PSP Go a été tirée trop tôt.

La beauté intérieure plus pertinente

Ce que Sony n'a pas vu venir en proposant une machine qui déglingue à la machette toute concurrence avec ces spécificités avantageuses pour l'époque, c'est que son Firmware Open Office aura attiré une communauté pour le moins assez particulière : Les Hackers. Oui enfin, c'est pour grossir les traits et faire "journaliste" sensationnaliste du web , ce sont surtout des programmeurs en herbe passionnés qui ont vu en cette console une mine d'or de possibilité. La communauté Homebrew a pris le plus grand soin pour faire mille et une merveilles avec la technologie embarqué de la console et est actuellement toujours disséquée et renouveler. Bien sûr les premiers programmes mis en place étaient à l'encontre de ce que souhaitait Sony avec les premières arrivées de jeu cracker, de films en MP4 et autres émulateurs de jeux de PS1, mais ce n'est pas tout. La communauté de programmeurs s'est amusé à faire des jeux, des petits programmes certes pas forcément attractif dîtes vous que Sony en fermant la possibilité de transformer la Psvita en usine à programme s'est tiré une salle balle dans le pied. Quand les programmeurs ont grossi de plus en plus leur communauté sur le Net, la firme nipponne a essayé d'empêcher la propagation du piratage par mise à jour constante du firmware. Sauf que les groupes en question voyaient ce procédé en une sorte de défi constant qui se sont empressés de réussir pour chaque détournement des mises à jour.

J'ai parlé du catalogue de jeu qui était majoritairement classique, mais certains jeux sont ancrés dans la mémoire collective du gamer pour avoir réussi à coller avec le hardware de cette console boiteuse. On notera les Patapon ou LocoRoco, bien sûr on a aussi les jeux de grandes licences qui sont plutôt sympa à jouer également MGS Peace walker, Persona 3, Final Fantasy 7 Crisis Core, Kingdom Hearts Birth by sleep. Avec ces titres, la PSP reste toujours populaire en témoigne le nombre de joueurs de Psvita qui bouffent les jeux PSP sur le Playstation Store, même sans rétrocompatibilité, Sony a gagné tout de même son combat du démat amorcer avec PSGO dont tout le monde lui crachait à la gueule, c'est pas de l'ironie selon vous ça ?

A retenir

80 millions de consoles vendus à travers le monde durant les dix ans d'exploitation de la machine, le score est remarquable face aux prédictions de vente de la Psvita qui ne risque pas de passer la barre des 10 millions si la firme continue a uriner contre le vent. Sony a réussi tout de même à créer une console qui aura su contenter autant les gamers et les passionnés de secteur de niche. Bien sûr le grand public n'en a rien eu à faire de cette console high-tech et largement plus puissante que ses concurrentes. Une console qui survit dans les mémoires des passionnées underground et marginaux du système vidéoludique pour avoir su émerveiller avec des titres excellents et des possibilités immenses.

 

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