Autant vous dire, vous ne rateriez rien, vous ne regretteriez rien même pas une once de culpabilité si vous manquez la séance pour voir un des remakes des plus attendus de 2014, à vrai dire, moi et mon frère on a été presque convaincu de ne pas aller le voir et de plutôt se farcir le dernier Steve Mcqueen. Puis merde à quoi bon, s’il est bon je lui balancerais de fleurs, mais bien sûr, il fallait que le Remake de Robocop de Verhoeven par la MGM frise le ridicule.

Pourtant, c'était plutôt bien parti, on se retrouve en 2028 sur le plateau d'un Tv show qui prône la joie d'être américain présentée par un host des plus charismatiques (Samuel L. Jackson). En duplex avec le ministre de l'armée américaine et sa journaliste sur le terrain en Afghanistan pour prouver l'efficacité et l'utilité des interventions de cyborg que des bons petits soldats. Bien sûr ça part en sucette, "Boum Paf Pan Pan", le duplex est coupé, le présentateur fait comme rien ne s'était passé, ce moment-là était bien, ce moment montrait quelque chose de plutôt plausible est plutôt bien mis en scène, mais c'est bien là, l'un des rares moments du film où vous allez dire, "ouah c'est bien".

Dans le même temps, à Detroit, le policier Alex Murphy (Joel Kinnaman) fait preuve de sa conviction en la justice en menant à l’encontre de sa hiérarchie, une opération coup de poing contre la figure du grand banditisme de la ville, Antoine Vallon (Patrick Garrow). Son partenaire Jack (Michael K. Williams) est touché et Murphy se retrouve désavoué par ses collègues et supérieurs, en proie aux soucis familiaux classiques d’un père américain moyen et chassés par ceux qu’il a voulu mettre à terre. Puis patatra, pour compléter sa journée de flic modèle en proie à une malchance quai-divine, il se fait exploser devant son domicile grâce à un subtil plan des sbires de Vallon qui existe depuis la naissance du cinéma : "La bombe sous une voiture". Un choix s'impose à la femme de Murphy, soit le laisser en légume toute sa vie avec une couleur de cochon de Cochonou ou le transformer en robot trop badass looker à la Thomas Bangalter par le biais de la société d’OmniCorp dont le PDG et interprété par Michael Keaton et ça ! Ça vaut un point en plus. Le Docteur Dennett Norton (Gary Oldman), après l’autorisation de Clara (Abbie Cornish) peut commencer la reconstruction de cet homme en robot, pour la science et la sécurité. Exhibé à la foule comme le nouveau héros protecteur, manipulé par ses créateurs, RoboCop prouvera qu’il n’est pas qu’une machine, enfin si seulement...

"L'ultra-violence qui caractérisait le film Robocop de 1987 faisait parti-intégrante de sa réussite"

"J'ai un peu l'impression d'être enterré vivant ! [...] J'ai eu l'occasion de parcourir le scénario, et il souffre du même problème que celui du remake de Total Recall : il n'y a aucun humour !"

Ce sont les mots de Paul Verhoeven après avoir lu le scénario et c'est bien l'humour noir tout autour des propos subversifs des oeuvres de Verhoeven qui manque à ce film de 2014 qui prend joie à tout prendre au premier degré, ce qui en fait un film invraisemblable et insipide au possible. Autre grande différence entre les deux films se retrouvent également sur le plan de la direction artistique, non d'un petit bonhomme, l'aseptisé et l'influence des équipements hype de Apple sont absolument risible face à la direction plus couillue et crue propre à l'époque des années 80 qui émanait du premier et seul Robocop qu'on se doit de retenir dans la mémoire collective. Arrêtons la comparaison, sinon on va très vite partir sur du hors-propos. Parce que finalement le film ? Il s'adresse à qui ? Vous l'avez dans le mille, aux kévin et consorts, les casus du cinéma. Mais soyons sincère deux minutes, même en ayant pas vu une seule fois l'original, le spectateur lambda s'attend à un film d'action où sa pétaraille de tous les côtés, et bien également de ce côté la sauce ne prend pas les scènes sont d'une mollesse sans nom et c'est pas avec une musique jouée par deux guitares électriques qui vont changer la donne.

"Pourtant je trouve le design du nouveau RoboCop pas trop dégueulasse"

Un autre plan que toute l'équipe du film a essayé vainement d'orchestré pour essayer de faire passer ce film pour un chef-d'oeuvre avant-gardiste. Il y a tout une espèce de mise en avant des sentiments de Murphy et de sa famille (et réciproquement) depuis son changement d'état qui a été essayé vainement, toute la psychologie des personnages est plate, notamment à cause de moments trop forcés pour que le spectateur se sente empathique envers le personnage et se mette à pisser sur un violon comme un bon samaritain : " Oh le pauvre flic qui peut plus serrer son fils dans les bras... ni honorer les devoirs conjugaux d'ailleurs..." Bref, il se casse la tronche dans tout ce qu'il entreprend, même essayer de redorer le niveau en incorporant des problèmes de notre époque dans le film ne change rien. Carrie a essayé l'année dernière et elle s'est fait cramer comme une élève un peu trop regardante sur la table de sa voisine.

"Outre d'avoir un Mickael Keaton dans votre film, ajoutez aussi un peu de Jackson dans votre film pour un peu de classe "

Pour sauver un peu le film, on retrouve quelque trace de la culture vidéoludique dans ce film, ce qui m'a frappé d'ailleurs, plusieurs scènes en vues subjectives ponctuent le long-métrage avec des éléments propres aux FPS, avec le marquage des ennemis et le nombre de cibles descendues, ajouter un simulateur virtuel et des trajectoires GPS pour poutrer les ennemis le plus efficacement. Ces quelques petites idées sortent le film de l'inutile, enfin faut pas frapper mémé avec des orties, le film reste une oeuvre qui prend ses spectateurs pour des boeufs. Vous remarquerez que je ne charge absolument pas l'auteur du film, José Padhila, le brésilien qui était derrière la caméra pour filmer ce bourbier à 100 millions de dollars. Pour la petite histoire et ça, je l'ai su après avoir vu le film, Monsieur Padhila avait complètement désavoué ce projet bien avant la sortie de Robocop. La raison ? Selon le bonhomme 9 de ses idées sur 10 auraient été complètement radiées de la production. Le réalisateur était donc laissé à la place de mec qui tient sa caméra et qui la ferme bien gentiment en attendant son chèque.

Après tout, il fallait s'attendre à quoi ? La mécanique de remake hollywoodien se casse les dents, en reprenant tous les grands films des années 80' (Carrie, Total Recall, Evil Dead et Robocop), les studios espèrent engrangés un maximum de pognon sur la base de la nostalgie des spectateurs et la crédulité du public mainstream accroché par les "Boom boom" et les "Hot Babes". Finalement pour une fois Le Monde en a mieux parlé que moi en une page : "(...) bien plus intéressant dans un travail visuel toujours efficace presque trente ans plus tard, le film de Verhoeven reste un classique, qui mériterait qu'on le laisse bien vieillir en paix." Il reste encore Starship Troopers à massacrer et Hollywood aura gagné.