Après le film Crazy Heart sorti en 2009 et acclamé par la critique et les spectateurs. Le réalisateur Scott Devers se lance dans le projet de son second film. Heureux qui comme Ulysse d'avoir eu un coup de bol pour avoir réussi son premier film comme un futur grand réalisateur. Devers s'entoure de ce qu'il y a de mieux dans le Star-System hollywoodien pour essayer encore une fois de créer la surprise. Bienvenue dans "Les Brasiers de la colère" (Out of the Furnace) avec un casting Über-classe et des producteurs ayant une certaine connaissance du cinéma (Di Caprio et Tony Scott). Pourtant les amis, laisser un gosse jouer avec des outils de très bonne qualité, est-ce une bonne idée pour créer un film à succès ?

Out of the Furnace se passe dans l'Amérique profonde avant l'élection de Barrack Obama, dans la pauvreté et dans la quasi-misère sociale, lieu du prolétariat, toujours mis en avant dans les films indés avec des personnages aux cheveux gras, une sorte de pêche aux oscars, qui devient vite un running gag par rapport à l'auto complaisance que se font certains en tournant dans ces cadres-ci . Après une introduction montrant la dangerosité et dans quel niveau de l'échelle de la saloperie est placé l'antagoniste de l'histoire, Degroat (Woody Harrelson), nous trouvons les frères Baze à Baddock en Pennsylvanie. L'un est un homme droit, croyant et serviable, suivant la lignée de son père mourant en travaillant sans relâche à l'usine de la ville. L'autre est un homme qui veut servir son pays tout en essayant de ne pas suivre l'exemple paternel et essayant de gagner sa vie en se mettant dans des embrouilles sans nom, dans des paris foireux et des combats illégaux, dont les créances sont essuyées par le grand frère. Le premier, Russel (Christian Bale) se retrouve en prison pour avoir provoqué la mort d'une famille en ayant conduit en état d'ébriété. Le second frangin Rodney (Cassey Affleck) part en Irak et se retrouve complètement bouleversé par la guerre et la barbarie qui règne dans ce pays, du moins le film à l'intelligence de le suggérer plutôt que de le montrer. Cette expérience lui bousille toute envie de continuer à servir son pays et encore moins de retrouver une vie "normale".

Mais la vie est une pute, malheureusement Russel va le comprendre quelque temps après être sortie de prison, après avoir tout perdu (Famille, boulot, copine), son frère se fait tuer comme un chien agonisant par Degroat après un deal mal négocié entre lui et le créancier John Petty (William Dafoe). Nous voilà après une heure de film dans l'essence de ce que décrit le résumé en deux lignes : "La vengeance". Le sujet essentiel du film qui arrive un poil tardivement alors que la moitié de la salle s'est endormie en se demandant encore comment ils en sont arrivés ici. Là nous nous retrouvons avec un des défauts du film, sa longueur, la première heure sert certes à poser le décor et les personnages, mais le faîtes que le film n'est pas vraiment une autre accroche que le thème de la vengeance à placer, cette première heure n'est que fonctionnelle finalement, malgré le cadre prolétaire où une petite critique sur la misogynie ambiante ou le port d'armes aurait pu être pertinente. Scott Devers nous présente juste une fraterie qui s'aiment et se soutiennent mutuellement, mais qui est finalement constamment pourri par le destin, mais c'est seulement ça qu'on nous montre finalement sur la première partie du film. La deuxième partie quant à elle prend deux chemins, elle prend le thème de la vengeance à chaud, mais aussi également de la déshumanisation de Russel, enfin d'après certains comme Dream qui ont vu le film comme un découlement de l'être humain vers la barbarie pure et simple. Ils n’ont pas tort, après tout, la fin le montre très bien et le déroulement du film n'est qu'une suite logique vers cette conclusion.

Sauf que moi, j'aime le cinéma et les lourdeurs d'écriture du réalisateur pour faire passer son film comme un chef-d'oeuvre prêt à la pêche aux Oscars, je ne suis pas vraiment fan, je n’aime absolument pas qu'on me prenne pour un con. Alors les propos implicites dilués dans une photographie et des plans académiques qui ne montrent pas grand chose du genre : "MAIS NAN T'ES TRO CON POUR COMPRENDRE" je ne suis pas un grand fan, excusez-moi les amis, mais je ne suis resté qu'a un niveau Bac Pro Restauration. Au niveau de l'imagerie et de l'ensemble du film en est presque hautain, comme si le réalisateur en prenant tout au sérieux était vraiment sûr de son coup de faire un chef-d'oeuvre, on ressent vraiment le film prétentieux, le film qui te laisse pourrir dans une frustration d'incompréhension et de sentiment d'avoir été pris pour un con pendant deux heures parce qu’on a manqué d'attention sur deux plans : "T'as vu comment je filme pour faire monter la pression mon con ?" Le pire reste la morale que tient le film, une moral purement américaine, en gros le film vous montre clairement à certains moments et même sur le plan final qu'il vaut mieux faire justice soi-même. Malgré l'implication la plus totale du Shérif Barnes (Forest Whitaker) sur l'affaire du meurtre de Rodney, bien notre Russel pète un boulon et préfère faire justice soi-même due à l'impossibilité de la police à arrêter Degroat. Un message pro-américian et conservateur que Clint Eastwood approuverait à 100 %.

Ne vous méprenez pas non plus, le film n'est pas une merde infâme bourrée de cliché pro-américain comme vous pouviez l'interpréter au début de cette critique. Non le film possède quand même quelques qualités non négligeables pour ne pas frôler le bout du navet. Déjà, premièrement, vous avez peut être remarquez le casting que je décrirai de presque "chanceux" : Bale, Whitaker, Dafoe, Harrelson et même le frère Affleck qui me concerte encore plus à l'idée qu'il est plus talentueux que son frère devant la caméra. Tous jouent le ton pessimiste du film d'une justesse sans faille même Whitaker qui est habituée à faire des caisses avec ses personnages reste dans le rôle du shérif désarmé face à la situation de façon sobre. La musique quant à elle est vraiment excellente, je trouve qu'elle participe grandement au sauvetage du film, composé par Dickon Hinchliffe et le génialissime Eddie Vedder (Pearl Jam), qui je vous le rappelle à aussi sauvé un autre film de la misère : Into The Wild de Sean Penn. Cette OST composée principalement par des guitares folk rappelant le bon côté prolétaire américain, accompagne le film d'une justesse équivalente au casting, une ambiance tantôt mélancolique rappelant le lien très fort entre les deux frères et une ambiance plus étouffante accompagnant la perte d'humanité de Russel. Deux poids, deux mesures qui sont jouissives pour les oreilles.

Avant de finir la critique, je tenais tout de même à dire que Devers reste tout de même un réalisateur talentueux, une scène m'a marqué dans ce film et je pense qu'elle démontre parfaitement que Scott Devers peut être un excellent metteur en scène pour les films dramatiques. Ok, je trouve que "Out of the Furnace" est foiré, mais la scène des retrouvailles entre Lana et Russel appuie mes propos. Dans cette courte scène, Lana l'ex de Russel, l'ayant quitté pendant la période où Russel était en prison, a toujours des sentiments pour lui malgré le faites qu'elle se soit rabibobochée avec Barnes (le shérif lolilol). Ils sont heureux de se retrouver, mais malheureusement leur liaison ne peut reprendre là où ça s'est arrêté, car elle se trouve enceinte du shérif. Cette scène montre la puissance du jeu d'acteur de Bale et de Lana, une heureuse nouvelle coulée d'un drame passionnel, j'ai trouvé ça absolument magistrale.

Cette Scène, cette putain de scène !

"Out of the Furnace" est un film malheureusement entaché par une lourdeur d'écriture, un traitement de la psychologie des personnages trop superficiels, une conclusion en demi-teinte et d'un côté absolument hautaine dans son imagerie. Malgré le casting de luxe qu'a réussi à avoir Scott Devers, le soufflet de la vengeance crue de Russel reste plat sans vraiment beaucoup de tension ni rien de vraiment passionnant à se mettre sur la dent. Un casting et un postulat d'enfer pour pas grand-chose. Le plus triste au final, c'est que la bande-annonce raconte mieux l'histoire que le film et ça, si un monteur lambda de trailer et meilleur que le réal, c'est qu'il y a bien un problème quelque part, une histoire de savoir-faire sans doute.

"Tu vois mon con là-bas, des Oscars, plein de putain d'Oscars !"