Cronos se retrouva devant son clavier. Il était encore sous le choc de ce jeu splendide. Il voulait garder ces dernières heures frâiches dans la mémoire pour rédiger ce qui lui sembla comme une étrange et incroyable aventure, perdu dans les forêts lugubres de Bright Falls. Mais il ne savait pas par où commencer. Il laissa son esprit vagabonder autour de lui.

Soudain, son regard s'arrêta sur une feuille juste à côté de lui. Il la prit, et vit une écriture dactylographiée. Il sentait encore l'odeur de l'encre fraîche sur la page. Il commença à lire et vit qu'il était décrit exactement ce qu'il avait fait durant les cinq dernières minutes.

"C'est énorme!" se dit-il, tout en étant encore plus excité après avoir lu le fait qu'il disait que c'était énorme. Il commença à se demander s'il restait de l'aspirine. Puis il eut une idée. Enfin ça en était pas vraiment une, puisqu'il lui suffisait de lire cette page pour savoir quoi faire. Il prit son stylo noir, et commença à gribouiller quelque chose sur la feuille. Une fois fini, il contempla la paire de nichons dessinée maladroitement sur le bas de la feuille et attendit.

Bon ben il se passe rien... Je m'y attendais, tiens!

Alan Wake, j'en attendais pas grand chose... Je savais que c'était un des jeux phares de la 360, que Microsoft le mettait bien en avant (au point de virer l'adaptation PC) et que Remedy était déja à l'origine des deux premiers Max Payne, titres qui m'avaient plutôt marqué... Mais je sais pas, ça faisait pas mal de temps qu'on l'attendait, on ne voyait pas grand chose, tout juste un moteur qui (à l'époque) affichait des choses exceptionnelles en terme de paysages naturels et de jeu de lumières...
Et puis le jeu est revenu sur le devant de la scène, pour annoncer que le jeu était presque prêt et que ça allait être grandiose. Tout ça à coups de trailers virant dans un trip à la "Twin Peaks", et tout de suite, ça m'interpellait. Pas plus que ça, mais quand même...J'ai fini par précommander le collector à un prix raisonnable par rapport au contenu (j'en ai déja parlé ici).
J'ai passé un certain temps dans l'univers de Bright Falls, me laissant porter par l'histoire. J'ai regardé pas mal de critiques ici et là, que la plupart des gens disaient que le jeu était bon mais poussièreux... Et après avoir posé la manette à la fin du générique, je peux déja le dire: Alan Wake n'est pas qu'un jeu, c'est une histoire monumentale.

Alan Wake est un écrivain à succès, l'auteur d'une série de romans policier mettant en scène un détective avec de sérieux problèmes mentaux. Sauf que depuis son dernier livre, Alan n'est plus capable d'écrire une seule ligne. Avec sa femme Alice, il décide de partir en vacances dans un coin paumé des Etats Unis, Bright Falls, perdus dans les montagnes. Le couple loue un petit chalet au milieu d'un lac, mais un drame se produit, Alice se retrouve plongé dans les ténèbres et Alan va devoir lutter contre une Ombre maléfique afin de sauver sa femme. Sauf que durant ses péripéties, il va retrouver plusieurs pages d'un manuscrit, une histoire écrite de sa propre main et qui met en scène sa propre aventure à Bright Falls...

Le génie de Remedy, c'est d'avoir réussi à captiver grâce à une histoire extrêmement bien amené, et des personnages vraiment accrocheurs. J'ai senti un petit côté "Half-Life 2", par rapport à son approche de l'histoire grâce à des dialogues ou des mises en scènes scriptées pas forcément obligatoires, des cinématiques où le joueur a encore le contrôle du personnage (dans HL2, c'est en permanence). Après un prologue haletant, le début commence à planter le décor et les personnages de manière intelligente.

Mais le véritable tour de force du jeu, c'est de réussir à retenir l'attention lors des phases de nuit, plus propices à l'action. Les niveaux de passent principalement dans les rocheuses, en forêt. Généralement, le jeu vous demande d'atteindre un objectif dans des passages pas si linéaires que ça. On peut très facilement sortir des sentiers pour fouiller les zones à la recherche de thermos, coffres cachés ou autres pages de manuscrits supplémentaires. D'ailleurs, le principe des pages de manuscrits sont une excellente idée par rapport au fait qu'elle participe à l'ambiance. La plupart des pages récupérés racontent ce qui va se passer par la suite et vous met dans une situation de tension supplémentaire, vu que vous savez qu'à un moment, tel ou tel évènement va se produire. J'avais peur que ça casse l'effet de surprise, mais il n'en est rien.

Et toute la beauté du jeu est là pour servir cette histoire excellente. Techniquement, il est vraiment magnifique, toute la végétation est dynamique et lorsque le vent commence à gronder, les sapins, les buissons qui sont balayés sont là pour vous effrayer. On guette alors la moindre silhouette menaçante au loin en brandissant sa lampe torche sur n'importe quel mouvement suspect. Le brouillard vous entoure, des bruits étranges vous titillents, seule la lumière salvatrice au loin est là pour vous réconforter. Et c'est tout ce jeu entre la lumière et les ombres, d'ailleurs incroyablement représentés (tous les effets de lumières sont bluffants), qui participent à l'ambiance. Ajoutez-y une bande-son exceptionnelle (le bois qui craque dans les vieilles bâtisses, des petites goutellettes qui tombent de vieilles canalisations...) et vous obtiendrez une atmosphère exceptionnelle.

J'en arrive au gameplay à proprement parler. Le principe est que chaque ennemi est contrôlé par l'Ombre. Il faut donc l'éclairer de quelque manière que ce soit (souvent avec sa lampe torche) avant de l'abattre à l'arme à feu. Je vois souvent dans les critiques que ce gameplay est répétitif et poussièreux. Ça me fait marrer quand je pense aux Modern Warfare ou autres Gears of War qui ne sont guère plus originaux et variés, mais qui pourtant fonctionnent... Et même si Alan ne dispose pas de lance-roquettes ou autre équipements lourds, il dispose de lance-fusées, de grenades éclairantes ou autres feux à main pour repousser les ennemis. Et toujours avec un rendu classe. Alan peut aussi esquiver pour sprinter (c'est parfois ce qu'il y a de mieux à faire, vu qu'on est souvent encerclés), le tout dans un petit ralenti de derrière les fagots...

Bref, tout ça est très très bon, il y a juste un petit chouïa riquiqui défaut, qui ne m'a pas gêné outre mesure, mais qui m'a plutôt ramené à la réalité sur le fait que ce n'était qu'un jeu. Sur Max Payne 2, le personnage avait une jouabilité où l'on pouvait escalader des choses dynamiques, et d'autres pas forcément scriptées comme étant escaladables (!). Dans Alan Wake, c'est un peu pareil. Lorsqu'on voudra que le personnage saute au-dessus d'une petite clôture, soit il n'y arrivera pas, soit il le fera mais difficilement. On sent que tout n'est pas prévu, mais heureusement, c'est en de très rares occasions.

Mais tout ça, ce n'est rien face à cette grande aventure, avec plein de détails qui font plaisir à voir et qui montre que Remedy a bossé comme un fou sur tout cet univers et tout ce qui l'entoure. On s'en rend encore plus compte avec le bouquin livré avec le collector, ou encore la mini-série Bright Falls, qui fait office de prologue au jeu. Même certains manuscrits racontent pas mal de choses pas forcément évident à la première lecture, et on a pas mal de clins d'oeils vraiment bien glissés. Et tout les petits détails comme le résumé après chaque épisode participent à ce trip et donnent l'impression qu'on a un jeu à part, qui sort des carcans classique des jeux qu'on voit d'habitude...

J'attends de voir ce que vont donner les deux DLC déja annoncés, et surtout comment ils vont les imbriquer dans l'histoire. En attendant, je vais pouvoir me consacrer pleinement à un certain Red Dead!