De retour sur Wii, l'un des premiers jeux à avoir eu les bonnes grâces de retrouver la machine est Donkey Kong Returns, le jeu que je voulais faire depuis un bail. Je n'ai jamais eu le plaisir de faire les épisodes sur Super Nintendo (ou du moins juste quelques niveaux chez un copain à l'époque), mais très friand des jeux de plate-forme. Crash Bandicoot reste pour moi une merveille de gameplay fini de long en large et qu'importe si les férus du genre y voient une infâmie, le marsupial reste pour moi LE jeu de plate-forme qui m'a fait rêver. Après un Rayman Origins divin retourné dans tous les sens, ce Donkey Kong est un retour aux sources, une merveille de gameplay et de bonheur.

Donkey Kong Returns est plutôt balèze. Bien plus qu'un Rayman Origins qui ne verra grimper la difficulté que sur les tout derniers niveaux du jeu et sur le monde caché, absolument infect et grandiose, mais le reste du jeu reste assez simple. Mais DK Returns est sans pitié. Les développeurs se sont amusés à glisser plein de petites saloperies qui font hurler même les plus aguerris mais qui donnent au jeu toute cette saveur. La difficulté y est présente par plusieurs façons. D'abord par les checkpoints rares dans les niveaux (à peine un ou deux) ensuite par la différence de gameplay avec ou sans Diddy, qui force à revoir l'approche d'un passage d'une manière très différente. Enfin, par la présence de niveaux excellents mais aussi infect où le personnage se trouve dans une situation délicate. Je parle des niveaux sur les chariots, où le timing est essentiel, ou encore les quelques niveaux où l'on est poursuivis par des éléments tels qu'une nuée d'araignées. Mais le pire c'est les niveaux en jetpack, où l'on doit ajuster la puissance et donc la hauteur via quelques pressions sur la touche de saut afin de maintenir la bonne altitude. Tout réside dans le doigté et si les premiers niveaux du genre sont faisables, les derniers nous en font baver, avec ces rochers qui s'écroulent et ce minuscule passage où la moindre pression en trop est fatale. Je ne parle pas de la joie immense procurée à la fin de chacun de ces niveaux. Je ne parle pas non plus des niveaux verticaux, digne d'un shoot'em up, où il faut anticiper au maximum (heureusement, ils sont peu nombreux et assez courts).

La difficulté est encore grandie quand on veut retourner complètement les niveaux en recherchant les lettres et les pièces de puzzle, tâche ardue où le jeu demande souvent à ce que le joueur se dépasse et tente une action qu'il n'aurait jamais tenté. Ajoutez à ça les niveaux bonus avec des pièces de puzzle à la clé où la moindre erreur signifie le redémarrage du niveau si on veut avoir le puzzle entier, et vous aurez un jeu qui en donne pour son argent. Le jeu force le joueur à fouiller chaque recoin du niveau, les éléments sont sacrément bien dissimulés. C'est un vrai bonheur de fouiller les niveaux et vraiment gratifiant lorsqu'on arrive à tout trouver. Certains boss donneront aussi pas mal de fil à retordre, notamment ce boss final absolument maléfique qui n'hésite pas à utiliser des feintes histoire d'empêcher toute anticipation. Mais au bout du compte, leur patterns sont vite identifiables et une fois qu'on a compris leur manège, on s'en débarasse comme il faut. Un juste mélange entre cycles d'attaques et possibilités d'esquive facilement utilisables. D'ailleurs, c'est amusant de constater que certains boss sortent du lot, comme cette géniale poursuite sur rails où l'on doit rattraper un train fou conduit par une taupe hypnotisé. On esquive les bananes envoyés par les autres taupes avant d'arriver sur la marchandise et de frapper les taupes qui sortent des bananes. Ou encore ce boss composés de trois crabes avec plusieurs phases d'attaques.

L'autre vrai "plus" de ce magnifique reboot, c'est la partie graphique. La Wii a déja prouver qu'elle pouvait faire de jolies choses (Mario Galaxy) sans avoir besoin de technique de ouf, et DK Returns fait partie du haut du panier, sans hésiter. Grâce à des couleurs divines, des décors et des personnages aux designs ravageurs et cette folie légère qui anime les tableaux (la poursuite du train des taupes, la loco fou qui fait des loopings en arrière plan ou ce passage dans un temple aux mécanismes secrets...) font du jeu un vrai feu d'artifice de couleurs et de cartoons excellents. L'équipe de Rétro Studios a trouvé le juste milieu entre modélisation cartoonesque mais avec un design délicieux, en utilisant les capacités de la console à bon escient (suffit de voir les vidéos sur le net avec l'émulateur Dolphin en HD pour s'en prendre plein les yeux). C'est dans ces jeux-là qu'on maudit Nintendo pour ne pas avoir fait une console HD comme les autres, le jeu sur un écran plat pique quand même un peu les yeux. On ajoute à ça des musiques d'ambiance magique et on obtient un enrobage des plus délicieux. L'équipe se fait aussi plaisir grâce à des niveaux spéciaux tout en ombre chinoise, où il n'hésite pas à faire bouger les buissons pour les faire attaquer, histoire d'être encore plus sournois.

Comme l'a fait Rayman Origins l'année dernière, DK Returns est un retour aux sources. Un retour aux plaisirs simples du jeu où le but est d'arriver à la fin du niveau en récupérant le plus de bonus possible. Le jeu ne réinvente rien, mais n'en a pas besoin parce que le genre n'a pas besoin de se réinventer dans son gameplay mais plus dans sa progression, dans son level design et dans ses idées. Des idées, ce DK en a à revendre, et tout comme peut le faire un Mario qui même s'il se répète, reste un vétéran du genre, parvient à insuffler un concept particulier dans chaque niveau, en privilégiant un aspect de la plate-forme à chaque niveau (niveau avec des lianes, niveau avec des tonneaux où tout est une question de timing...). Toute la richesse de la plate-forme est de réussir à ne pas flouer le joueur en renouvelant constamment ses situations tout en gardant la simplicité pure du gameplay, de façon à ce que le joueur n'ait pas à se demander trop longtemps comment réagir à une situation particulière. Un dynamisme assez rare dans le jeu, où aujourd'hui le jeu vous prend par la main à chaque fois qu'une singularité se présente à vous. Donkey Kong reste dans la veine du genre, et même si les mécaniques restent toujours basiques, c'est le fun, la variété et ce plaisir simple de jeu qui rend la plate-forme magique et si gratifiante. Personne ne vous prend par la main, le jeu vous impose des pièges, à vous de les éviter.

Après une trop longue période de disette où le marsupial tente avec échec de se renouveler dans un genre qui ne lui convient pas (les derniers Crash sont vraiment mauvais) et où le genre est trusté par un Mario qui marche toujours autant tout en ne se mouillant pas trop le pantalon, on note un retour en force, qui reste mesuré, mais qui est bien présent, notamment avec les indés comme Super Meat Boy mais aussi les gros éditeurs comme Ubisoft et son Rayman, ou encore Nintendo et son Donkey Kong. Là où Mario Galaxy réussit à merveille à conjuguer la plate-forme 3D, DK Returns profite de l'absence de son concurrent (même avec le New Super Mario Bros Wii sans saveur) pour truster la place du genre en 2D avec une classe inégalable.

Donkey Kong Country Returns est un must-have, un des meilleurs jeux de plate-formes de ces dernières années, sans hésitation. Rétro Studios a parfaitement compris les mécaniques de gameplay d'un genre qui ne deviendra jamais vieillot mais qui a franchement du mal à sortir de la pénombre, et c'est bien dommage. Le seul petit bémol vient de l'impossibilité de jouer à la manette, les commandes à la télécommande ne sont pas toutes bien pensés dans certains situations (même mouvement pour la roulade et le tambourinage, mais l'un est à faire sans bouger: dans le feu de l'action, on peut faire une roulade dans le vide sans le vouloir). Mais c'est bien peu comparé au plaisir incommensurable de la vraie plate-forme comme on les aime, avec une difficulté agréable et parfait pour ceux qui en ont dans le pantalon. A mettre aux côtés des Rayman Origins, Meat Boy ou autre VVVVVV.