Je parle très peu d'oeuvres musicales. Pourtant, on tombe régulièrement sur des petits bijoux quand on cherche en dehors du top 50 de NRJ. En ce moment, je prends un joli pied avec C2C. Mais hier soir, place à l'enfant bois, Woodkid, qui a profité de son buzz pour se lancer en concert au Grand Rex, un pari risqué, surtout que le bougre n'a encore lancé aucun album et que c'était justement l'occasion de découvrir une grosse majorité de ses prochains morceaux de son album Golden Age, prévu début 2013.

Woodkid, comme beaucoup de monde, je l'ai découvert lors de la fabuleuse cinématique d'Assassin's Creed Revelations avec son titre Iron, qui a beaucoup fait parler de lui et en a fait profiter son EP sur iTunes. Baltimore's Butteflies ou encore Brooklyn viennent prouver que Iron n'est pas juste un coup de chance, que ce gars a un minimum de talent. Et il y a quelques mois, il nous refait plaisir avec son deuxième titre, Run Boy Run, encore une fois une merveille, plein de percussions, d'envolées lyriques et de voix lancinantes.

Après une première partie The Hacker qui n'est pas trop ma tasse de thé, les techniciens préparent rapidement le gros morceau. Les lumières s'éteignent, toujours personne à l'horizon. Puis la musique arrive peu à peu, le rideau se lève, dévoilant une grosse vingtaine de musiciens (cordes et cuivre) avec un écran géant juste derrière. On nous accueille avec ce qu'il faut de puissance musicale, et Woodkid, affublé de noir et d'un chapeau, commence la fournée avec un Baltimore's Butterflies de toute beauté. Le concert commence et déja on se dit qu'on va vivre une soirée assez incroyable.

Woodkid s'adresse au public, impressionné, un peu timide mais très ému de sa première date parisienne dans une salle aussi bondée (la salle était remplie à raz-bord). Après quelques dates françaises, Woodkid désire faire découvrir au public parisien des morceaux de son prochain album et c'est ce qu'il va faire durant une heure et demie. Au rythme de morceaux sauvages, brutaux, équilibrés avec des symphonies aux douceurs inhabituelles, Woodkid nous fait rêver, nous enivre totalement et fait vibrer la salle à travers sa voix langoureuse, rauque et cassé, dans des chansons anglophones de toute beauté. Il nous fait découvrir son prochain single, I Love You, et enchaîne les morceaux avec une facilité déconcertante. Ce mélange de symphonique et de pop légère donne à la musique un vrai cachet, une vraie couleur. Son univers fait de noir et blanc se prolonge sur l'écran dévoilant des images somptueuses, en effet miroir, de chapelles baroques, d'espace intersidérale et de lumière blafarde dans un déluge de visuels abstraites somptueuses. Les effets de lumières mettent dans l'ambiance, et Woodkid n'hésite pas à accompagner l'orchestre de gestes de la main et nous emmènent dans son dynamisme et sa passion.

Parce que c'est la grande force de l'artiste. On sent que Woodkid a un vrai sens artistique, qu'il a pris le temps de bosser ses morceaux pour en faire quelque chose de cohérent, unique, avec un style inimitable. A l'heure où la majorité des chansons qui marchent se contentent de créer un rythme musical lourd et pataud mélangés avec des voix pas toujours très fines et souvent bien affinés en studio, Woodkid nous prouve que la musique peut trouver une richesse insoupçonné sans pour autant laisser tomber ce côté pop. Le bonhomme sait composer, ça se sent, et ses chansons ont une classe inouïe.

Le concert nous propose évidemment Iron, dans une version extended du plus bel effet qui fait lever toute la salle et qui fait suivre tout le monde, et nous achève en dernier avec un Run Boy Run exceptionnel, là aussi étendue comme il se doit. Le rappel se termine sur une touche subtile avec une version plus fine d'Iron, en trio - piano, violon et chant - comme pour dire qu'avec un orchestre de vingt musiciens ou simplement à trois, la richesse musicale est toujours présente. Woodkid nous retrouvera en 2013, je serais au rendez-vous. Sans hésiter.