Avant toute chose, sachez que cet article contiendra des SPOILERS sur la trame scénaristique. Désolé pour ceux qui ne l'ont pas vu et passez au dernier paragraphe pour mon avis général, mais je n'ai pas envie de me perdre dans les sous-entendus.

The Dark Knight Rises a fait beaucoup parler de lui ces derniers jours, notamment sur Gameblog où le film a littéralement envahi les status et les articles. Même sur le web, tout le monde y allait de son avis, beaucoup plus mitigé qu'il n'y paraît: autant certains assuraient que c'était le film de l'année, autant d'autres étaient irrémédiablement déçu. Et le rapprochait de Batman Begins, qui malgré ses indéniables atours de blockbuster beaucoup plus classique, avait d'immenses qualités. J'attendais patiemment ma séance du jeudi soir pour pouvoir avoir mon avis, et j'étais même content de voir autant d'avis divergents, signe que le film est bien plus intéressant car il va dans une autre direction que le second volet. Par contre, je suis toujours autant attéré du parterre de fans qui jugent le film avant de l'avoir vu, la fermeture de la section commentaires de RottenTomatoes s'en passe, justement.

Pour être honnête, dans la première heure du film, j'étais circonspect. Le film a bien démarré, mais avec des enjeux très flous, beaucoup de personnages secondaires pas tous utiles et surtout, un Batman qui réapparaît et qui déçoit clairement: une petite poursuite en moto avec Bane et de l'esbrouffe pour rien. Mais le déclic se fait peu de temps après, dans une scène de dialogue avec Alfred et qui va basculer définitivement le film dans son thème principal et même de la trilogie: le concept du héros, de son symbole. Batman a disparu depuis huit ans et Bruce Wayne se renferme sur lui-même, attendant simplement que le peuple de Gotham réclame son héros. Même déchu, même si son symbole est traîné dans la boue à cause de sa responsabilité envers la mort de Dent, Bruce Wayne continue d'attendre le jour où il devra rendosser le costume pour pouvoir de nouveau jouer son rôle, toujours hanté par la mort de ses parents et celle de Rachel. C'est encore plus vrai quand on voit l'importance du collier de sa mère. 

A ce moment de l'histoire, Bruce Wayne est presque détestable. Coincé dans son ego de rage qui l'empêche d'aller en avant, il est persuadé que sa peur qui le hante depuis des années est la solution pour aider Gotham. Alfred lui rappelle très justement que son show avec les policiers n'a absolument rien prouvé, et il s'en rendra compte lors du magnifique face à face avec Bane, qui le ruine complètement. Batman tente d'utiliser ses tours et ses gadgets mais Bane le brise, étant prisonnier du Batman qu'il a conçu. C'est lors de l'ascension dans la prison qu'il se dépasse et découvre vraiment sa voie, et symbolise tout le "Rise" du titre, qui n'apparaît pas lorsque Batman réapparaît après huit ans mais après sa sortie de prison. Alors évidemment c'est mon interprétation, et que le scénario tente maladroitement d'introduire la situation actuelle (crise financière, politique) dans l'histoire, avec plus ou moins de réussite, et un plan de Bane qui ne révèlera sa cohérence lors d'un twist final avec Marion Cotillard que je regrette un peu mais qui était obligatoire parce que le scénario n'aurait pas fonctionné (dire que Bane a eu sa blessure au visage alors qu'on le voit gamin s'enfuir de la prison met un peu la puce à l'oreille). A noter que le film a finalement bien plus de points communs avec le Dark Knight Returns de Miller que Knightfall, surtout par rapport aux thèmes abordés.

Ajoutez à ça une Selina Kyle très réussi mais qui ne servira finalement que de sidekick à Batman et une relation stable et une Marion Cotillard qui fait rire tout le monde dans son jeu de la mort, et c'est sûr que ce troisième volet possède quelques défauts. Comme certaines incohérences de réal et de script (passage jour/nuit le temps d'un tunnel après l'attaque de la Bourse, une glace qui ne craque plus une fois que Batman est dessus) qu'on voit un peu partout dans les films de toute façon mais que je pardonne aisément tant la thématique de Batman est vraiment magnifié. Nolan a réussit son interprétation de Batman avec une trilogie franchement excellente, du début à la fin, et ça se ressent au niveau de l'histoire avec beaucoup de clins d'oeil aux deux épisodes précédents, qui font vraiment de la trilogie un tout diablement intéressant. Le concept du héros est poussé à son paroxysme et même si on peut toujours reprocher aux réalisateurs de simplement faire leur version du super-héros sans aller plus loin parce que de toute façon ils savent qu'ils passeront à autre chose, on ne peut qu'être bluffé par la richesse des trois films, celui-ci y compris.

Niveau casting, ça reste très bon. Bane, évidemment, est impressionnant en colosse mercenaire. Beaucoup tentent de le comparer au Joker, mais pourquoi le faire alors que ce n'est pas le même personnage? On a jamais comparé le Joker au Ras'Al Ghul du premier, Bane est un personnage beaucoup plus physique et continue la ligne tracée par Ras' et sa Ligue des Ombres dans le Batman Begins. Sa présence à l'écran se remarque immédiatement et est un excellent méchant, plus viscéral et plus directe que ne l'était le Joker. Alfred est peut-être le personnage que je préfère dans celui-ci, même s'il disparaît assez vite, les quelques scènes de dialogues avec Bruce Wayne sont vraiment touchants et leur relation marche à merveille. Gordon est toujours un personnage secondaire appréciable, et Selina Kyle se défend plutôt bien. On regrettera évidemment Mario Cotillard, qui fait son boulot mais n'est jamais aussi charismatique que les autres, et on a hâte que Nolan passe à autre chose.

Pour ce qui est de la réalisation, comme d'habitude, Nolan ne recherche pas la folie ou des plans de dingue (mis à part pour Inception), et là encore, c'est le cas. Les quelques scènes de baston font le boulot, mais rien d'exceptionnel. Dans l'ensemble, le film reste très lisible mais ne tente rien d'incroyable dans ses plans ou dans son cadrage. On a des séquences quand même très chouettes, comme la magnifique scène de combat entre Bane et Batman sur la passerelle: brut de décoffrage, violente, crue, sans musique, une séquence physique qui sied à merveille à Bane. La fin et son montage fonctionne parfaitement et on se surprend à sourire pour découvrir une magnifique happy end. Mais l'histoire est vraiment accrocheuse, et je n'ai pas senti le temps passer, peut-être aussi parce que j'adore le personnage, et que l'histoire est suffisamment riche et passionnant à suivre. Il n'y a pas de scènes vraiment marquantes comme pouvait l'être la fameuse scène du semi-remorque dans Dark Knight, mais ce Rises n'en a franchement pas besoin et on n'en ressent pas l'utilité lors du visionnage.

Bref, The Dark Knight Rises m'a intrigué puis subjugué. Je suis peut-être faible, mais je trouve ça tellement plus riche et passionnant qu'un énième Transformers qu'il est vraiment dommage de passer à côté. Nolan a fait un boulot remarquable de bout en bout, malgré quelques petits défauts qu'on peut franchement pardonner vu la richesse du film. Un film qui conclut une trilogie fantastique et qui forme un tout, une trilogie de films de super-héros, non, mais de films d'un héros.

Et puis il y a Teal'c, merde!!