Une fois n'est pas coutume, je tente un film français. Non pas que je n'aime pas le cinéma de notre chère patrie, mais disons qu'il a franchement du mal à se renouveler et à sortir du carcan comique que l'on connaît tous. Des fois on tombe sur des choses très très chouettes, comme Olivier Marshal et ses excellents polars (36 Quai des Orfèvres est un excellent exemple, et son prochain, Les Lyonnais, n'augure que du bon). Et avant The Artist, voici qu'un Heureux Evènement arrive au cinéma, avec une Louise Bourgoin plus en forme que jamais.

"Elle m'a poussée dans mes retranchements, m'a fait dépasser toutes mes limites, m'a confrontée à l'absolu : de l'amour, du sacrifice, de la tendresse, de l'abandon. Elle m'a disloquée, transformée. Pourquoi personne ne m'a rien dit ? Pourquoi on n'en parle pas ?"

A vrai dire, un film comme ça ne m'aurait pas forcément tenté de base, le genre romantique très cliché, mais la bande-annonce a attisé ma curiosité. Et j'avais bien raison: ce petit film sans prétention est une vraie bouffée d'air frais, un film sur la naissance, sur la vie et sur l'amour d'une mère. Adaptation du livre du même nom, Rémi Bezançon nous offre une réalisation très classe, pour un film que l'on peut séparer en deux: avant et après l'accouchement. On y voit l'évolution d'une femme qui ne se sentait pas prête, et qui va se découvrir une seconde nature, celle d'une mère prête à tout pour garder l'amour de son enfant. La grande force du film est de s'adresser directement au spectateur, pas uniquement grâce à la voix off du personnage, mais aussi grâce à tout ce que ça représente et à sa vie qui n'a absolument rien de fictionnel. Tous les couples pourront se reconnaître, les autres aussi, et on ne peut pas s'empêcher de sourire face à ce film très moderne, qui arrive à traiter de choses dans l'air du temps.

Mais il n'en oublie pas la comédie. Et pour ça, le film est VRAIMENT drôle (moins sur la fin). Les déboires de cette jeune femme accompagné par un homme au premier abord complètement irresponsable, capable de citer du Retour vers le Futur, forcément, ça fait sourire. L'introduction qui montre les scènes de drague dans le video-club est excellent et joue encore une fois avec cette modernité que n'ose jamais trop le cinéma français, préfèrant s'enfermer dans un carcan vieux jeu. Ici, l'humour fait mouche, Louise Bourgoin et Pio Marmai font des merveilles, et arrivent à passer du rire aux larmes très facilement et avec une facilité déconcertante. Des choses plus naturels qu'à l'accoutumée, d'autant plus que le film ne coupe rien à l'évolution de la mère et passe par toutes les étapes, tout en se concentrant sur Bourgoin et sa dégringolade tout le long du film. Seul bémol: une dernière demi-heure longuette qui se traîne, où l'histoire a franchement du mal à se conclure.

Ça n'empêche pas le film d'être franchement sympathique, très rafraîchissant surtout après un été placé sous le signe du grand spectacle. Un film simple, vrai, avec de bons acteurs et des seconds rôles très bien trouvé: Josiane Balasko en mère désabusé est excellente et Thierry Frémont en vendeur de video-club est assez tordant!

Verdict: un film sur la femme réalisé par un homme qui veut comprendre les femmes. Le pire, c'est que ça marche!