"What you we got?" Cette phrase type de Cole Phelps résonne encore dans mes souvenirs. L.A Noire, jeu de la Team Bondi, à la gestation incroyablement difficile, vient enfin de débarquer dans nos chaumières. Et après une vingtaine d'heures de jeu, l'histoire prend fin, tel un couperet. L'affaire est bouclée, les méchants sont tombés, et les rebondissements multiples. Car si il y a une chose qu'on ne peut reprocher à LA Noire, c'est de proposer une intrigue solide et réellement passionnante.

LA Noire propose donc un jeu d'aventure et d'enquêtes se déroulant en 1947 dans un Los Angeles d'après-guerre, où la paranoïa et le syndrome anti-communiste est légion. Vous êtes Cole Phelps, un ancien héros de guerre revenu de la Second Guerre contre le Japon et qui se retrouve agent de police. Mais évidemment, Cole n'a qu'une idée en tête, gravir les échelons pour pouvoir enfin faire régner la loi dans la ville. Evidemment, lorsque l'opportunité se présente et qu'une affaire a la possibilité de le faire monter en grade, il s'en saisit et se retrouve propulsé à la Brigade de la Circulation. Ainsi, tout le long du jeu et des multiples affaires, le personnage gravira les grades et se retrouvera propulsé de brigade en brigade, avec à chaque fois un nouveau coéquipier plus ou moins loquace. On passera donc à la Criminelle ou encore aux Moeurs en passant par les Incendie Criminelles. Autant d'étapes qui permettront à l'histoire de varier les "plaisirs" et de tomber sur des affaires de plus en plus sordides.

Ainsi, le jeu a l'air d'être découpé en trois grandes parties. La première partie est faites d'affaires indépendantes, qui permet de se faire les dents sur le gameplay, alors que la deuxième partie sera en relation directe avec le Dhalia Noir. Enfin, la troisième partie, la plus longue et la plus passionnante d'après moi, verra le personnage confronté aux hautes sphères où son passé de soldat sera impliqué indirectement. Cette troisième partie est amené intelligemment à travers des flashbacks de Cole entre les affaires, ainsi que des journaux trouvés dans certains endroits et qui sont facultatifs. Ces journaux déclencheront des scènes entre des personnages inconnus ou non qui au début ont l'air complètement isolés avant d'être bien plus importants qu'il n'y paraît. Une façon d'amener le fil rouge de manière judicieuse, et vraiment bien trouvé, ce qui donnera en plus des compléments sur les enquêtes et sur les motivations de certains personnages.

Mais le gros point fort du jeu, celui sur lequel Rockstar s'est fait un plaisir de communiquer dessus, c'est le fameux Motion Scan, la capture de l'animation faciale des personnages. Et pour le coup, c'est un vrai régal d'observer les personnages, leur mimiques, leurs tics tellement ça marche bien. David Cage peut dire ce qu'il veut, ce qu'il n'a pas réussi à obtenir dans Heavy Rain marche incroyablement bien dans L.A Noire. Tous les petits détails, les plissements du front, les rictus sont reproduits à merveilles, mis à part un léger manque de définition où on sent qu'il y a une sorte de vidéo qui tourne sur le visage et qui fait ressortir les détails du visage. L'animation du corps manque également parfois de cohérence avec le reste du visage, expliqué par la séparation entre la capture du corps et celle du visage. Mais Team Bondi a assuré qu'ils travaillaient dessus pour le prochain jeu et je leur fais confiance de ce côté. Le choix de véritables acteurs pour cette technologie est aussi une excellente idée, ce qui permet d'avoir un chouette jeu d'acteur, parfois un peu surjoué selon les personnages (sûrement pour forcer les traits à ressortir, alors que ça marche tellement mieux quand c'est plus subtil).

Ainsi, les interrogatoires sont menés grâce à ce système. Lors des questions choisies via le carnet, le suspect répond et vous avez trois choix: soit il dit la vérité, soit il ment (dans ce cas il faut sortir une preuve), soit vous doutez de sa parole sans avoir vraiment de preuves à lui soumettre. Evidemment, on voit très facilement les tics des personnages (les regards en coin, très souvent, ou le mordillement de lèvres), mais d'autres (plus rares) sont plus subtils. Mais mine de rien, on se plante assez souvent, et même si l'histoire finit toujours pas revenir dans ses bottes, on a envie d'avoir le meilleur interrogatoire possible. Surtout qu'à certaines affaires, lorsque plusieurs suspects seront appréhendés, un échec à l'interrogatoire de l'un portera préjudice à l'autre, faute de preuves contre le premier, ce qui aura pour effet d'emprisonner un innocent et les foudres de votre supérieure. Mais cet aspect amène en contre-partie le gros point négatif du jeu.

En effet, et plus particulièrement lors de la deuxième partie du jeu avec le Blach Dhalia, l'histoire d'un tueur en série reviendra sur le tapis très souvent. Malgré ça, les affaires qui en parlent mettent les preuves sur le dos d'un suspect, qu'on vous forcera à emprisonner alors que vous vous doutez fortement qu'il y a anguille sous roche. A chaque fois que l'on veut creuser plus loin, le jeu vous en empêche, vous forçant à enchaîner avec l'affaire suivante. Ce sentiment m'est seulement parvenu dans la partie du jeu de la Brigade Criminelle avec le tueur en série, vu que dans le reste des affaires, le plus souvent elle se conclue de manière inévitable. Donc ça ne gêne pas plus que ça.

Mais outre ce petit point noir, le reste du jeu est passionnant de bout en bout. L'arrivée sur les lieux d'un crime avec le légiste qui fait ses petits observations, la recherche d'indices (veillez à désactiver les deux aides pour les indices sous peine de casser complètement l'immersion de cette phase) sont vraiment chouettes à faire. On prend plaisir à aller dans tel ou tel lieu pour récolter ce qui nous manque et à réfléchir aux suspects potentiels. En fait, même si la progression diffèrera suivant vos réussites, le jeu ne vous laisse pas tant de libertés que ça tellement les gens que vous côtoyez ne laisse que peu de doutes quand à l'aboutissement de l'affaire. On aurait aussi aimé interroger plus de gens (les passants, le voisinage) ou encore avoir plus de liberté quand aux lieux visités, mais le boulot abattu est déja tellement énorme, et puis je me suis tellement laissé porté par l'histoire que ça ne m'a pas gêné. Le jeu est un vrai jeu d'aventure, on a l'impression d'être un vrai détective à l'époque des borsalinos, et toute l'immersion est là pour que vous y croyiez. Il en faut pas plus.

Pour ce qui est de la technique, il faut reconnaître que ce n'est pas grandiose. Malgré tout, j'ai adoré cette ambiance, ce côté "ville où tout est possible" avec ses couleurs légèrement ocres pendant les soleils couchants, ou ces nuits avec ces rues baignées d'enseignes lumineuses. Même les intérieurs sont plutôt riches en détails. Encore mieux, la variété des quartiers et des bâtiments forcent le respect, surtout que la ville est assez immense et regorgent de petits détails qu'on passera très souvent à côté et qu'on découvrira lors de la recherche de bobines dorées. Certains lieux sont même inutilisés (peut-être dans de futurs DLC). Le respect de la reproduction est assez hallucinant, et même la conduite des véhicules, plus arcades que ses prédécesseurs, est franchement agréable, même si le moteur de physique est clairement à la ramasse par moments.

Mais je peux comprendre que certains joueurs s'ennuient fermement dans un jeu comme celui-là. Pas de possibilité de tirer n'importe où (en même temps, vous êtes un flic), et même les courses-poursuites ne proposent pas de réel challenge, et les fusillades, mis à part deux ou trois dans l'histoire, sont assez courtes. Mais tout ces petits à-côté, j'arrive aussi à kiffer. Les fusillades marchent juste ce qu'il faut, sans être écoeurantes comme un Mafia 2 et les courses-poursuites sont joliment mis en scène pour qu'on y croit. Tout ça avec une musique parfaitement accordé et une bande sonore juste exquise. D'ailleurs, testez le jeu au casque, l'ambiance sonore de la ville ou même des fusillades est excellente, le boulot sur le son est très très bon. Perso, à aucun moment je n'ai eu envie d'avoir plus de challenge, ou plus de scènes d'actions, le rythme est comme il faut, rien n'est inutile, le côté sandbox est limité à l'extrême pour servir exclusivement le jeu: pas de maison à nous, pas de boutiques, pas de station service pour faire le plein, on reste concentré sur l'histoire et les petits délits qui interviennent ici et là. Chouette idée annexe que ces délits d'ailleurs, mais ils auraient clairement dû éviter de les faire apparaître à trois kilomètres de notre position. A contrario, un Mafia 2 qui a voulu tenter de contenter aussi les fans de GTA en rajoutant des éléments inutiles n'a pas le même intérêt.

Ceux qui croient que L.A Noire est un GTA-like et qui ont été déçus pour la même raison sur Mafia 2 le seront encore plus pour L.A Noire. Mais ceux qui cherchent un excellent jeu d'aventure dans les années 50 seront aux anges.

L.A Noire en trois lignes, c'est:

- une ambiance excellente et une histoire passionnante!
- traverser un carrefour et voir Walter Bishop sourire à pleines dents sur un panneau, ça n'a pas de prix.
- les scènes de fusillades. Moi, j'ai adoré.