La série des God of War est très particulière à mes yeux puisqu'elle n'a jamais éveillé une passion de tous les instants. J'apprécie les épisodes parce que la mythologie grecque me fait de l'oeil et que l'action y est complètement folle, c'est toujours impressionnant d'être au coeur d'une action incroyablement dantesque. Il suffit de jouer l'introduction du troisième épisode pour s'en rendre compte. Mais j'ai toujours eu l'impression que la série était largement sur-estimé. Le personnage de Kratos n'est vraiment pas attachant: toujours en colère, égoïste et n'éprouvant que très peu d'empathie, mis à part peut-être la fin du 3, et encore. En plus de ça, le gameplay commence vraiment à sentir le vieux surtout après un Bayonetta qui lui a gentiment mis une baffe dans la tronche, et l'impression que les développeurs se servent de la mythologie grecque simplement pour en faire les victimes de Kratos, qui a décimé à lui tout seul la quasi totalité des mythes et légendes grecques en l'espace de cinq épisodes.

Du coup, j'en viens parfois à douter du respect des développeurs pour la mythologie grecque tellement ils prennent cher, avec l'impression de faire ça pour faire plaisir aux fans: arracher la tête d'Hélios à mains nues, faire jaillir les tripes des centaures, la série n'avait pas forcément besoin de ça et s'en passait d'ailleurs très bien sur les deux premiers épisodes. Mais revenons à cet épisode PSP, acheté lors d'une promo printanière. Je dois avouer avoir été énormément déçu par Chains of Olympus, incroyablement redondant et chiant, avec une diversité des décors minimalistes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Ghost of Sparta est tout l'inverse. J'irais même jusqu'à dire que ça en devient mon épisode préféré, même devant God of War 3 que tout le monde adule.

God of War 3 avait le gros défaut d'avoir un rythme incroyablement inégal. Le jeu commence sur les chapeaux de roues avec une première heure dantesque qui restera probablement dans les mémoires, avant de retomber comme un soufflet pour ensuite revenir de plus belle avec le titan Cronos, de redescendre encore un peu avant l'affrontement final. C'est peut-être un peu réducteur et certains passages (notamment les boss comme Hades) sont quand même hautement sympathiques, mais le défaut est là: les développeurs ont tellement mis la barre haut au début du jeu que le reste paraît incroyablement fade. Et j'ai trouvé le rythme bien mieux maîtrisé dans ce Ghost of Sparta. Certes, ce n'est jamais aussi impressionnant que les grandes scènes choc de GoW 3, mais c'est au moins au même niveau très souvent, avec de jolies pics de séquences franchement plaisantes à faire, comme cette scène au coeur du volcan de l'Atlantide ou le combat contre Erinyes. Le jeu ne va jamais plus haut que ce qu'il devrait faire, et reste sur ce qu'il fait de mieux.

En plus de ça, la variété des décors est un véritable régal, sublimé par une technique absolument irréprochable. C'est bien simple, c'est probablement ce qui se fait de mieux sur la console, aussi bien techniquement qu'artistiquement, avec des paysages absolument magnifiques (notamment à Atlantide). Et Kratos aura l'occasion de traverser bon nombre de paysages, d'un volcan aux montagnes enneigés, en passant par des temples englouties ou des rocheuses escarpées. On notera même un court passage à Sparte, assez surprenant dans la série, mais qui en profite pour montrer l'aura qui entoure Kratos vis-à-vis de son peuple. Un des meilleurs passages du jeu.

Car l'histoire de cet épisode se situe juste après le premier, après avoir vaincu Arès. Kratos découvre alors l'existence de son frère, Deimos, enfermé depuis l'enfance par Thanatos, le grand vilain de cette histoire. Comme toujours, l'histoire n'est franchement pas le point fort de la série, se contentant de mettre en rogne ce bon vieux Kratos pour avoir une bonne raison de botter le cul aux dieux. On croisera donc quelques unes des figures que le héros n'a pas encore eu l'occasion d'éclater à coup de pompes, comme Thanatos donc, mais aussi le roi Midas ou la créature Scylla. C'est toujours rigolo de voir ces légendes mythologiques même si on sait très bien comment elles finiront, et même si la cohérence de l'univers est toujours aussi douteuse.

Niveau gameplay, rien de bien neuf, comme d'habitude finalement. On notera le retour de la lance et du bouclier de Sparte, toujours sympathiques à utiliser, mais aussi d'une nouvelle jauge en-dessous des deux autres, une barre de feu. Kratos aura la possibilité dans cet épisode d'enflammer ces lames afin de briser les armures des plus résistants ou même de placer des pastilles explosives en usant d'attaques plus puissantes. La jauge se restaurant automatiquement, on ne s'en prive pas et ça permet de varier les plaisirs. Les autres artefacts se résumeront à une magie qui permet d'électriser les ennemis, une autre qui créer une sorte de vortex causant des dégâts, et enfin une sorte de chaîne gelant les ennemis. Rien de flamboyant sous le soleil, mais de toute façon, la saga n'a jamais réussi à véritablement innover. On notera quand même des phases sous-marines plus présentes et plutôt sympas.

Ghost of Sparta n'innove rien dans la série. Malgré tout, son rythme bien mieux maîtrisé couplé à sa durée de vie plus faible (5-6 heures, finalement classique pour un jeu portable) donne un jeu bien dense qui regroupe tout ce qui fonctionne le mieux dans la série. Même God of War 3 n'avait pas réussi à me procurer autant de fun sur toute sa longueur. Ghost of Sparta est le plus sous-estimé de la série, et c'est bien dommage.

Ghost of Sparta en trois lignes, c'est:

- vraiment fun à jouer, avec son lot de séquences superbement mis en scène. Mais jamais trop.
- l'occasion de faire un tour à Atlantide avant que Kratos ne mette son grain de sel.
- aussi l'occasion de voir que Deimos, il ne sert pas à grand chose dans la saga.