L'immense salle du Grand Rex résonne encore du tonnerre d'applaudissement né du millier de paires de mains qui, frénétiques, saluaient le film dont les lettres formant le mot fin tremblaient encore sur l'écran, se déclinant en plusieurs langues. Moi, j'étais accroché à mon siège. J'avais l'impression d'avoir pris un gros coup de poing dans le bide. Je pensais savoir dans quoi je m'engageais, Madoka, je connais, j'ai vu et adoré la série, mais même un type aguérri comme je peux l'être n'était pas prêt à ce que Puella Magi Madoka Magica : Rebellion (Gekijôban Mahou Shojô Madoka Magica Shinpen : Hangyaku no Monogatari en VO) film de Akiyuki Shinbo et Yukihiro Miyamoto, issu des studios Shaft et écrit par Gen Urobuchi de Nitroplus (Studio à qui ont doit Steins;Gate) allait me réserver.

 

                        T'out va bien dans le meilleur des mondes...C'EST PAS NORMAL J'AI PEUR !!! @_@

Avant toute chose, sachez que je ne dirai presque rien de l'intrigue du film, car ça reviendrait à spoiler la série aussi. Et ça, personne ne devrait le faire. Je vais donc rester le plus évasif possible à ce sujet. Tout ce que vous avez besoin de savoir, c'est le postulat de base de la série. Madoka Kaname est une jeune fille tout à fait normale qui fait la rencontre de Kyubey un petit chat/lapin/utérus tout mignon qui lui propose de la transformer en Puella Magi (une magical girl quoi) en échange d'un voeu. Voilà. Bon là, vous vous dites que c'est une histoire de Magical Girl tout ce qu'il y a de plus classique, et pourtant la série destructure ce mythe pour en révéler une lecture absolument poignante, déprimante et flippante conçernant ce personnage qu'est la magical girl. Mais n'en parlons pas plus je l'ai déjà suffisemment fait dans cet article là. Le film se situe après la série. On suit les aventures de Madoka et ses quatre amies Puella Magi : Akemi Homura, Sayaka Miki, Tomoe Mami et Kyoko Sakura qui protègent la ville de monstres issus des pensées obscures des gens : les nightmares. C'est le postulat de départ. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le fan de base est tout de suite décontenancé. Exit les sorcières, et si la série a toujours joué de sa dualité Magical girl/horreur, là ce trait est encore plus grossi. Le tout début du film est horriblement inquiétant car tout se passe bien pour les héroïnes. Bien entendu, c'est de Madoka qu'on parle, et ceux qui connaissent se doutent bien que tout ce qui est gâteaux à la fraise et pas de danse bon enfant ne dure jamais, et bien vite la cruauté revient frapper cet univers acidulé.

       

                                                                           Ah ben voilà, je suis rassuré...euh...

Ce qui est fort avec le scénario, c'est qu'il est parvenu à me surprendre alors que je pensais m'être attendu à tout. Je peux vous affirmer qu'il est très frustrant de ne pas en parler, mais clairement, Gen Urobuchi est un des meilleurs scénaristes de l'archipel nippon, et il le prouve une fois de plus. Vous pensiez qu'après avoir vu la série (ou les deux premiers films Madoka) vous aviez un goût amer dans la bouche ? Ben attendez de voir Rebellion. Là vous allez en avoir de l'amertume. Le scénario se concentre sur le personnage de Akemi Homura principalement, et celle-ci en voit vraiment de toutes les couleurs. Et forcément, le spectateur aussi, car c'est qu'on a de l'affect pour elle, surtout quand on connaît la série. On pourra éventuellement pester contre un léger fan-service (mais vraiment du fan-service, hein, je ne parle pas de pantsu-truc-idiot-lol-on-voit-sa-culotte je parle de clins d'oeil parfois un brin appuyés à la série) mais ca reste toujours tellement bon de se plonger dans cet univers. D'autant que le film ne joue pas que sur les attentes formées autour du genre Magical Girl...il se joue aussi des attentes qu'on peut avoir autour d'un film tiré d'une oeuvre. Dans tous les cas, je peux juste vous dire qu'on ne sort pas totalement indemne d'une projection de Madoka Rebellion.

        

                                                                            'Spèce de sale petit Sheitan è_é

        

                                                                      Ca fait plaisir de revoir ces personnages.

Graphiquement, c'est d'une beauté outrancière. La série était déjà cette petite merveille visuelle, avec cette dualité entre le monde réel et celui des sorcières. Et bien dans ce film, ces deux aspects sont mélangés, et il s'en échappe une harmonie atypique, un étrange malaise ainsi que des plans d'une beauté onirique. L'ingéniosité visuelle du film permet une pure explosion rétinienne. L'aimation n'est pas en reste, avec des morceaux de bravoure absolument renversants (je pense particulièrement à un combat de Tomoe Mami, la Puella Magi qui se bat en invoquant des mousquets). Que ce soit les scènes d'action ou même les scènes de transformation, les animateurs ont donné le maximum pour offrir à leurs personnages une fluidité dans leurs mouvements qui frappe.

      

                       Sayaka, deuxième meilleur personnage à chevelure bleue (après Kamina de Gurren Lagann)

       

                                                            Le cast se trouve renforcé d'une petite nouvelle

Ce que j'ai aimé avec Madoka la série, c'est le doublage. La VO est une pépite, qui ne s'embarrasse pas de ce qu'on peut trouver chez les autres séries animées (personnages qui passent leur temps à hurler, voix stridentes etc.) Le doublage est d'une justesse totale, et les actrices absolument douées, notamment pour faire passer les émotions. La folie, la détresse, le désespoir...tout cela est admirablement retranscrit par des comédiennes de doublage qui offrent une performance bouleversante. Et bien là, c'est la même chose. On retrouve ces personnages qui sonnent vrai. Et le tout est porté par une bande son excellente portée par la merveilleuse Yuki Kajiura. On retrouve très peu de thèmes utilisés dans la série, mais lorsqu'ils apparaissent, c'est superbement réarrangés.

                                     

                                                       N'ayez crainte, avec Yuki aux commades tout va bien !

                                     

                                                               On retrouve le groupe Kalafina à l'ending.

               

 

                                                  Même les fans de la série seront surpris...très surpris...

Puella Magi Madoka Magica : Rebellion c'est une merveille, un anime à mettre du coté du film XXX Holic, c'est à dire un joyau visuel, et qui, plutôt que conclure la série, pose les bases d'une nouvelle mythologie qui promet encore plus de détresse dans cet univers sombre dans lequel les sentiments des personnages se déchaînent avec force et violence. Un grand sage dans une boîte avait un jour décrit Puella Magi Madoka Magica comme étant l'Evangelion des Magical Girls. Et bien je vais oser aller plus loin, et jeter un pavé dans la mare en disant que Puella Magi Madoka Magica est selon moi l'Evangelion des années 2010...

                                   

                                                                   Cette musique mielleuse du mensonge...