VOTRE ATTENTION S'IL VOUS PLAIT, CETTE CRITIQUE POURRAIT CONTENIR DE TRES TRES LEGERS SPOILERS, MAIS RIEN D'EXTREMEMENT DRAMATIQUE. 'FIN BREF JE VOUS AURAI PREVENU...

                    

            Cela faisait un long moment que je n'avais pas posté de critique de série animée. Et ce ne sera pas pour cette fois-ci non plus, car aujourd'hui j'ai décidé de me pencher sur le film One Piece Z sorti le 15 mai dernier en France. Inutile de présenter One Piece, la série de Eiichiro Oda à la longévité d'autant plus remarquable que le maître semble ne pas vouloir s'essouffler. One Piece, c'est aussi onze films à la qualité inégale (oui, je ne compte pas le truc en 3D de 30 min dans le lot) qui sont tous sortis sous nos latitudes. Seuls les deux derniers cependant nous ont fait l'honneur d'une sortie en salles. Après un Strong World de très bonne facture chapeauté par le maître, les fans l'attendaient au tournant ce Z. Qu'en est-il ?

                 

Un film One Piece sans Gear Second (ou third) c'est comme un film DBZ sans kaméhaméha...ou Naruto sans Rasengan...ou Bleach sans Bankai...ou Mr Ragondin sans Ultra-multiversal-destructor-ragondin-fury-attack... 

            Luffy et son équipage voguent paisiblement sur les mers du Nouveau-Monde. Mais alors qu'ils profitent d'un peu de repos, ils repêchent un homme mystérieux au bras artificiel. Après l'avoir soigné, Luffy, incapable de tenir sa langue, dévoile son identité à l'homme. Il s'avère que le gus n'est autre que le dénommé Z, fondateur des neo-Marines, qui voue une haine implacable aux pirates. Après un affrontement au cours duquel le Sunny prend très cher, ainsi que les boobs de Nami, rajeunie par les pouvoirs d'une adversaire, Luffy qui échappe de peu à la cata décide de se venger. Il va alors pourchasser Z, sans se douter que ledit homme est aussi talonné par la Marine, après leur avoir volé de dangereux explosifs.

     

                                             Z décide de prendre en main le futur de Luffy.

            Les films tirés de séries animées de ce genre ont presque toujours eu tendance à m'ennuyer profondément. Disons le clairement je ne suis absolument pas fan. Ceci dit, ayant été séduit par Strong World, et voulant encourager Eurozoom dans son optique de permettre la sortie de films d'animation qui ne sont pas des Ghibli (enfin j'aime beaucoup Ghibli, mais il serait temps qu'en France on se rende compte qu'il n'y a pas qu'eux qui font des films d'animation au Japon, aussi excellents fussent-ils. SORTEZ MOI MADOKA EN SALLE BANDE DE SAGOUINS...hem pardon) je me suis précipité en salles avec une pointe d'appréhension. « Bon je présume qu'on va avoir vingt cinq plans boobs Nami/Robin par minute, que Luffy va exploser le méchant à coup de gomu gomu gatling gun à la fin etc. » et ben je fus fort surpris. Mais avant d'aborder les points qui m'ont séduits, je vais d'abord, car je suis un type méchant, commencer par les défauts.

                                            

                           Le saviez-vous ? Il s'agit du film dans lequel on voit le moins souvent la poitrine de Nami. 

                      

                           C'est en voyant ce genre de loustic qu'on sait qu'on est devant du One Piece.

            Le scénario est clairement pas le point fort du film. Tout est convenu, rien n'est surprenant, et d'ailleurs, la structure me rappelle énormément Strong World. Je diras même, c'est un copier-collé dans la structure. Ajoutons aussi le fait que les combats sont très vite torchés, mais nous y reviendrons. Ce que je peux dire, c'est qu'autant Sanji à le droit à son moment epique, autant je trouve qu'hélas l'adversaire de Zorro était loin de pouvoir nous apporter un Zorro moment. La musique est par ailleurs assez anecdotique alors que l'OST de la série animée possède pourtant quelques perles. Enfin, l'humour typique d'Oda m'a semblé légèrement absent. Certes, il y a toujours des moments lolesques, mais clairement moins que d'habitude. Mais je mettrai cela sur le compte de l'ambiance générale du film. Là aussi j'y reviendrais. Parmi les défauts il y a aussi le manque d'ambition dans le traitement de Z, le grand méchant. Ses objectifs sont bien trop simplistes et caricaturaux, ce qui gâche un personnage qui pourtant, aurait pu être horriblement réussi. (Il avait le potentiel de dépasser Shiki qu'Oda a pourtant greffé dans la trame principale.) Enfin, pour moi, le pire défaut, c'est Avril Lavigne dans l'OST. Mais ça, c'est uniquement parce que je veux troller gratuitement. Elle nous gratifie de deux reprises (feignasse ) de « Bad reputation » et « How you remind me » dont je vous laisse seuls juges de la qualité.

                                  Nico Robin dont les pupilles changent selon l'humeur faut croire...

                       

 

Ici, Usopp déguisé en mac, traîne une Nami rajeunie, suivi de Robin déguisée en danseuse du ventre avec Chopper déguisé en Pépito...à moins que ce ne soit une photo d'archive du CNC en fuite juste après un méfait musical.

            Bien que bardé de défauts, le film a pourtant su me surprendre, et pour ma part, je ne connais rien de mieux qu'être surpris quand je déplace ma carcasse remplie de préjugés au ciné. ( C'est ce qui explique que je trouve que le traitement du Mandarin dans Iron Man 3 relève presque du génie...oui, oui..). En effet, surprenant, ce One Piece l'est assurément. Non pas dans le scénario, qui est bête à manger du foin et palpitant comme l'encéphalogramme d'un participant à une émission de real tv. Non, ce qui m'a surpris, même charmé, c'est cette ambiance de nostalgie qui émane de ce film. Il y a un je ne sais quoi de mélancolique très surprenant pour un film One Piece (Alors je sais, la série regorge de passages dramatiques, mais là je parle de vraie amertume). Ici, il n'est pas forcément question de grande aventure. Si on omet le coté terroriste de Z, on se rend compte qu'il cristallise énormément de choses. Pour Luffy, il est un rempart à sa résolution qu'il se doit d'abattre. Pour Aokiji, il est son lien avec son passé d'Amiral, pour la Marine, c'est le monstre qu'ils ont créé à partir des morceaux de leur formateur. One Piece Z est probablement le film One Piece le plus intimiste. Cette ambiance douce-amère est probablement le point le plus fort du film. Le fan service fonctionne à merveille aussi, avec des personnages secondaires qu'on est heureux de revoir. Aokiji qui est ici un des personnages secondaires les plus présents suinte la classe, et porte en lui cette atmosphère amère particulière. La chanson qu'il interprète (peut-être la seule bombe de l'OST) renforce un personnage qui gagne encore plus en charisme. Z aussi, bien que simpliste prend de l'ampleur et ce, jusqu'à un final assez poignant, parfaitement mis en scène. C'est à ce moment-là qu'on en vient à regretter qu'il n'ait pas été aussi bien traité tout le long du métrage.

 

                                  Aokiji, probablement l'un des meilleurs personnages de ce film.

               

                                  Ceci, chers lecteurs, est pour moi l'un des points les plus forts du film.               

            L'animation est d'une fluidité remarquable avec des combats très pêchus. Hélas, cela se fait au détriment de l'unité visuelle de l'œuvre. Lorsque les combats gagnent en intensité, avec caméra dynamique et tout le tintouin, le film passe en 3D cell shading et cela se ressent, mais vraiment très légèrement. L'animation est plus soignée que sur la série (encore heureux) et le chara design des personnages reste toujours aussi Odaesque. Et la tenue spéciale pirate de l'équipage du Chapeau de paille leur donne un surplus de charisme. On remarque juste que Nico Robin change de couleurs d'yeux passant du bleu au marron, mais c'est trois fois rien. Les personnages exclusifs au film sont aussi raccords avec la charte graphique de One Piece, ce qui contribue à insérer plus ou moins facilement cette histoire dans la trame générale.

          Je crois bien que c'est la première fois que les membres de cet équipage ressemblent à des pirates.          

         One Piece Z c'est bien alors ? Et bien ça dépend. Les fans de la série ne peuvent que s'abreuver à cette fontaine de fan-service se permettant même de balancer des infos exclusives sur des personnages qu'on n'a pas encore recroisé dans la deuxième partie (en cours) du manga. Et oui le fan service fonctionne à fond. Qu'il s'agisse de l'apparition de personnages, ou encore de trucs plus discrets (un plan rapide de Garp enfant, un cameo de Smoker etc.) le fan à de quoi boire et manger. Mais en revanche, celui qui n'est que peu ou pas familier de l'univers peut passer son chemin. Outre être perdu par un univers qui n'a plus besoin de se présenter ( après six centaines de chapitres, presque autant d'épisodes et onze films, on commence à connaître l'univers, plus besoin de rappeler le postulat de départ de la série aux fans) il ne pourra qu'être hermétique à un scénario pas très grandiose ni vraiment réussi. Un film One Piece bien sympa, mais pas meilleur que Strong World ou encore l'Île Mystérieuse du baron Omatsuri.