Denis la Malice, Rambo edition

En 1985, Rambo 2 sort au cinéma, transformant le tragique personnage campé par Stallone en gros bœuf capable de combattre seul une armée de terroristes sans sourciller. Deux ans plus tard, un clone devait montrer sa tignasse blonde : Striker, coproduction italo-américaine signée Enzo G. Castellari sous le pseudo Stephen G. Andrews avec le musculeux Franck Zagarino, sorte de Troy McClure éclipsé par les ténors de l'action que sont Stallone, Lundgren et autres Schwarzenegger. Son but ? Détrôner Rambo dans le cœur des gens. Y est-il parvenu ? Pas vraiment, sinon, je ne serai pas en train de vous parler sur ce blog. Jungle, communistes et explosions au programme ! Un cocktail toujours explosif dans le domaine du nanar.

                                               Axel de Street of Rage au plus bas de sa forme.

                     La jolie Marta (Melonee Rodgers) est doublée en VF par une actrice qui aime minauder.

Le méchant communiste moustachu, j'ai oublié son nom alors appelons le Camarade Popov et un révolutionnaire hispanique.

Au Nicaragua, un certain Morris, ménestrel...euh pardon journaliste de son état est capturé. Un soldat qui bosse dans une blanchisserie répondant au nom de John Slade est envoyé en mission pour sauver Morris qui était aussi un héros de guerre dans le passé. Petite parenthèse, c'est par une manipulation un peu abjecte que les représentants du monde libre amènent Slade à les rencontrer, ce qui est inutile, car il est pote avec Morris et serait donc allé le sauver de toutes les façons, comme il le dit lui-même, rendant inutiles les quinze premières minutes du film, passons...Notre Rambo et sa blonde chevelure arrivent donc au Nicaragua où il rencontre la très jolie Marta, son contact qui est censée l'aider à localiser Morris. Mais les Communistes sont légions et ils ne manqueront pas de mettre des bâtons dans les roues de notre grand guerrier. Et puis dans l'ombre, n'oublions pas que les représentants du monde libre ne sont pas très propres dans toute cette affaire.

 

                                              "Ah non ! Du gravier explosif ma plus grande faiblesse !"

       Parfois, le réal pète un cable et tente des innovations. Bon c'est pas très réussi, mais ça donne un coté arty. 

Le scénario de ce nanar pourrait être plutôt bon. Ah vous ne vous y attendiez pas, hein ? En effet, bien qu'il ait tout du film stupide et bas du front, ce film aurait pu être une belle surprise avec son twist final qui met au tapis tout aspect manichéen (Monde libre gentil/Cocos méchants). Attention, j'ai utilisé le conditionnel, car c'était sans compter sur la crétinerie d'un scénario mal foutu, mal ficelé rempli de plot holes et de facilités scénaristiques, donnant aux camarades méchants des pouvoir d'omniscience bien pratiques afin de traquer notre expert de l'infiltration et de l'exfiltration. Les personnages sont caricaturaux à souhait, au point qu'on est plus ou moins capable de prédire leur avenir sans même avoir besoin de pouvoirs de médiums...à moins que je n'aie transcendé mon statut d'être humain lambda à brushing présidentiel. Les dialogues sont d'une stupidité à toute épreuve, donnant l'impression d'être mal traduits en VF. 

                  Slade peut tuer soixante trouze mille ennemis en tirant sans viser ni se mettre à couvert.

Le jeu d'acteur est à la hauteur de ce que l'on est en droit d'attendre d'un nanar de cette trempe. Les acteurs sont mous, et surtout très mauvais, que les persos soient vifs ou morts. Oui, car on a dans ce film le premier cadavre ultra expressif, avec les yeux qui bougent à la faveur de faux raccords en veux tu en voilà sur une même séquence. Ceci-dit, il contraste bien avec le héros, charismatique comme un ficus jauni par les assauts d'un soleil dévastateur lors d'une canicule dans une maison de retraite. Il promène partout son visage monolotique sur lesquels sont placés deux yeux qui n'évoquent rien de plus qu'une vacuité affolante et désespérante. Sans rire, chaque fois que Franck Zagarino est filmé en gros plan, j'ai l'impression de voir dans ses yeux les portes menant vers le néant absolu. 

                                            C'est mon grand moment, à moi l'Oscar ! "Bleh..."

 

Petite précision, il est mort, et ce depuis l'image précédente. Par contre ses yeux restent plein de vie, au point de continuer à bouger.

                             

 

                                                           Attention, séquence émotion.

    Dans ce regard bovin, le Mordor, le néant, le vide absolu, les portes de l'Oblivion, la ligne éditoriale de Gameblog...

La réalisation est franchement moyenne, tentant des effets complètement ratés, usant de stock-shots inutiles tentant de camoufler des combats idiots dans lesquels le héros casse du guérillero avec un LANCE-PIERRE EXPLOSIF ! Oui vous avez bien lu ! Le héros, c'est Denis la Malice qui est vraiment énervé. Je crois que c'est l'une des armes les plus improbables que j'ai vu dans un nanar. Et il ne l'utilise pas occasionnellement. Non, Slade, le lance-pierre, c'est son arme destructrice emblématique, comme l'arc pour Robin des Bois, la lame secrète pour les héros d'Assassin's Creed, ou la voix de crécelle pour le colonel Reyel. Et lorsque le héros s'empare d'une arme plus conventionnelle, ce n'est pas mieux, vu que sa stratégie consiste à tirer au hasard sans même viser, et que par la magie de la ballistique nanarde, les faquins périssent tout de même, l'un des soldats mourant même AVANT que le héros ne lui tire dessus (ou à 15 mètres à coté, ce qui serait revenu au même). Le montage est foutraque, et nous gratifie d'un superbe cafouillage, coupant un personnage en plein milieu de sa phrase de façon brutale. Du grand art. À tout cela s'ajoute un doublage à la hauteur de nos espérances. Mou et peu inspiré, il enfonce le clou, même si je trouve dommage que les accents ne soient pas de la partie, alors qu'il y avait clairement moyen de tenir quelque chose de beau, entre les méchants russes et latins. La doubleuse de Marta remporte la palme en minaudant comme si elle doublait un téléfilm érotique.

                      BEHOLD TEH LANCE PIERRE OF DOOM OF DEATH OF DESTRUCTION !!!

                                                      Die mofo' ! Caillou tueur de la liberté !

Rambo de supérette, Striker l'est assurément, et envoie dans les ténèbres ses acteurs inexpressifs et son scénario gâché par des idées idiotes. Et loin de moi l'idée de lui en tenir rigueur, après tout je me suis bien amusé devant ce nanar. Et bien camarades, je me dois de vous laisser en méditant sur ceci : Un mauvais nanar sera toujours plus drôle qu'une excellente comédie.

 

 

                                                            Ce film c'était pas ma guerre...