Les experts en nanar le savent, dans les années 70 a sévi la terrible Bruceploitation. De quoi s'agit il ? Tout simplement de films mettant en scène des sosies souvent ratés de Bruce Lee afin de surfer sur la vague du succès du petit dragon, ou plus morbide, de surfer sur celle de son décès. Un chinois, une grimace et trois coups de pieds et on l'avait ce brave Bruce Lee. C'est un peu comme si une nuée de fake Crito apparaissaient après que j'aie été permaban de Gameblog. On aurait Citrobulle, Tricollube, Citrouillebulle... et ils feraient des review nanar de trois lignes (« Lé Chimpmunk cé du kk » pourrait constituer l'une de ces critiques) bref je m'égare. C'est cela la Bruceploitation. Des mauvais sosies de Bruce Lee jouant dans de mauvais films. Aujourd'hui c'est donc de Bruce Li Siu Lung (AKA Ho Chung Tao) que nous allons parler via le film dans lequel il a la vedette : Big Boss à Bornéo.

                                                 

Huang Li que l'on va appeler presque Bruce Lee est un type tout à fait lambda. Il aime faire du jogging et est expert en Kung Fu. Il est aussi anthropologue, bref il est comme vous et moi. Il décide un jour de partir sur lîle du Serpent avec son meilleur pote afin d'étudier une secte satanique (oui, il présente ça comme cela). Flanqué de deux guides rigolol, il va sur l'île et il se passe plein de trucs. Oui je sais, j'ai déjà fait mieux en terme de résumé, mais là, vraiment je peux pas. Parce qu'après ça part dans tous les sens. Et ensuite à moi de caser les personnages bizarres qui se succèdent, comme le sosie de Hironobu Sakaguchi qui est devenu un grand maître de Kung fu/Gourou de la secte/grand sorcier, ou encore le rival inutile, les trois américains qui n'apparaissent qu'à la toute fin, la très jolie prêtresse et surtout le gorille. Vous êtes perdu ? Mais moi aussi ! Bon mais c'est pas grave, on va faire comme toute l'équipe du film, c'est-à-dire ne rien avoir à cirer du scénar' et avancer. 

 

                                                 Comme je vous le disais...presque Bruce Lee.

         Hironobu Sakaguchi (en rouge) a scalpé Francis Lalanne et a gardé la chevelure en guise de trophée !

Quand je dis que le scénario est mauvais, je veux dire qu'il l'est vraiment ! Ce film est probablement le film le plus mal écrit que j'ai vu de toute ma vie. C'est incohérent, ça sonne creux, tout comme les personnages soit dit en passant, et son postérieur osseux est assis entre deux tabourets garnis d'échardes, entre de la comédie qui fait pleurer tant c'est mauvais et du drame qui fait rire tant c'est nul. De toutes les façons, l'intrigue n'est rien de plus que le prétexte de placer des scènes de combats plutôt bien chorégraphiés mais filmés avec les trous de nez. 

 

                                  Ah la scène du vol de bananes...drôle à en filer des envies de suicide...


Le figurant derrière est visiblement ravi d'avoir été choisi pour cette scène au cours de laquelle on apprend le décès d'un personnage très secondaire.

Le jeu des acteurs est aussi inexistant que le scénario. À ce niveau là, on ne peut même pas dire qu'ils jouent mal, ils ne jouent simplement pas. Certains sont trop expressifs, enchaînant les grimaces dignes de la plus carabinée des constipations, d'autres (comme la très jolie prêtresse) n'ont simplement pas plus d'expression du visage que Kristen Stewart qui aurait fait une overdose de botox. Le film s'offre même le luxe d'avoir des personnages inutiles dont on se demande ce qu'ils foutent là, comme les parents de presque Bruce Lee ou encore la cousine de presque Bruce Lee dont les hauts faits se résument à tomber dans les pommes deux fois.

 

                       L'héroïne est très jolie, mais là, ce que vous voyez est son unique expression faciale.

La réalisation est très molle, et le montage fait à la serpe n'aide pas à s'y retrouver dans le scénar. Par ailleurs, le film se structure bizarrement, avec un saut dans le futur proche du héros directement suivi d'un flash-back de ce qu'il s'était passé entre le moment où on le laissait et le moment où on le voit revenir. Non seulement c'est mal foutu, la faute à une transition brusque qui ne donne aucune indication sur le temps passé, mais en plus c'est inutile. Du coup le film nous noie en devenant encore plus illisible. Par chance, c'est à ce moment que le film entre dans le domaine du n'importe quoi assumé, permettant l'émergence du lulz ! Déjà parce que l'histoire d'amour qui se brode lors de ce passage pivot est incroyablement mal amenée, mais en plus parce qu'on y trouve un type sensé jouer le rôle d'un gorille, et que le costume est du niveau Siman. Mais si vous savez, le Chewbacca Lidl de San Ku Kai !!! On ne voit que très peu ce gorille, mais il sauve le film !

 

                                      Un gorille qui maîtrise le Kung Fu ! Qui dit mieux ? 

Le doublage est à l'image du film, lent, mou, mais extrêmement génial. Les acteurs non motivés balancent des répliques délicieuses qui sonnent toutes faux. Malheureusement je n'ai pas pu en trouver d'extrait en vidéo. Mais je vais vous en retranscrire la quintessence au moyen du meilleur dialogue de l'histoire du cinéma.

 

Presque Bruce Lee                     - Mais pourquoi as-tu tenté de tuer ces deux hommes ?

Personnage secondaire oubliable - Sans eux tu n'arriveras jamais à trouver la perle !

Presque Bruce Lee                     - Tu as voulu réaliser un projet diabolique !

 

                                                          La diplomatie selon Presque Bruce Lee :

                                          Yah ! Je vais te tuer, te ressuciter et te re-tuer ensuite !

    Bon, vous vous êtes bien battu, maintenant, entendez vous ! (Je n'exagère pas, cette scène se passe vraiment ainsi)

Très mauvais, inepte et ridicule, Big Boss à Bornéo est très loin de rendre hommage à Bruce Lee. Camouflet lancé au visage du petit dragon, il est tout de même un petit régal pour l'amateur de nanar qui saura apprécier cette chose à sa juste valeur. Un petit nanar sans prétention qui remplit parfaitement son office pour une soirée rigolade, car ouais, même en cette nouvelle année 2013, un mauvais nanar reste plus marrant qu'une excellente comédie.

                                                           Tu as voulu réaliser un projet diabolique !